Bleu.
"Oiseau 9", 2013, acrylique sur toile, 16 x 22 cm.
« Le réductionnisme biologique ne sachant voir dans l’art que le produit d’une alchimie cérébrale provoquée par la transe conduit à dénier aux artistes la possibilité d’une expression libre, originale, portant sur des thématiques variées et non inféodées à des lois neuropsychologiques universelles, contrairement à ce qui est généralement admis pour les autres cultures. » Jean-Loïc Le Quellec (1).
Oiseau rare.
La peinture intitulée "Oiseau 9" représente un "Passerin indigo" du Québec sa taille est de 14 cm. à 21 cm. De long. Le corps est complètement bleu indigo, ce qui est très distinctif et lui a valu son nom. Les ailes sont d'un bleu plus foncé. En période internuptiale (sept. à avril) le bleu est beaucoup moins vif. La femelle est brunâtre avec le ventre plus pâle, la queue légèrement bleutée et ronde. Vit dans les forêts, les parcs, les campagnes et peut être aperçu dans les banlieues. Rarement observé au nord de la vallée du Saint-Laurent.
C’est un oiseau plus curieux par sa couleur que rare. Par métaphore on parle d’un oiseau rare pour désigner une personne pleine de qualités. Cette expression semble être apparue en ce sens au XIX e. siècle et pourrait être une allusion au phénix, oiseau mythique et donc nécessairement rare. Cette expression fait référence aux oiseaux auxquels ont été attribués des pouvoirs surnaturels comme les merles blancs des contes populaire. Il a pour protagoniste un oiseau magique, capable de rajeunir autrui à volonté. Un roi vieillissant confie à ses fils la mission de lui amener cet oiseau. Par son pouvoir sur l'écoulement du temps et sa capacité à restaurer le pouvoir de la royauté, le merle blanc rappelle Merlin. Sa blancheur est une marque de sa nature féerique, un motif fréquent dans l'univers celtique (2).
Longtemps couleur préférée des Européens et des Occidentaux, le bleu, à défaut de son caractère androgyne et passe-partout qu'il a de nos jours, n'était pas apprécié. Durant l’Antiquité il n'était même pas considéré en tant que couleur, ce qui était réservé au blanc, au rouge et au noir. À l'exception des Égyptiens, qui y voyaient une couleur porte bonheur liée à l'immortalité et à la vérité.
Difficile à fabriquer elle a longtemps été écartée. En latin classique, le bleu est instable, imprécis ; ce qui a forcé à chercher dans les langues germaniques et arabes pour en former le vocabulaire. Ce n'est qu'à partir du XII e. siècle que la Vierge se vêtira de bleu. À partir du début de la Renaissance, Giotto di Bondone utilisera le bleu sur des peintures murales pour représenter le ciel à la place de la dorure. Le bleu accèdera peu après au rang de couleur divine, en symbolisant la fidélité, la chasteté, la loyauté, la justice et la foi.
Son utilisation massive stimulera l'économie puisque la demande de guède explosa, rendant prospères des régions comme la Picardie, la Thuringe, la Toscane, ou les alentours de Toulouse... À partir du XVIII e. siècle elle conquiert le cœur des Européens qui en font leur couleur préférée. Suite au port du bleu de chauffe qui était une combinaison de chauffeur et de travailleur manuel, en toile bleue, une véritable révolution vestimentaire sera faite par Levi-Strauss avec la création du jean en 1850. Il deviendra un vêtement de loisir, de travail, porté par tous. Les organismes internationaux comme, l’ONU, l’Unesco, le conseil de l'Europe, l’Union européenne ont tous choisi la couleur emblématique du bleu. Le bleu symbolise ainsi le calme, la sagesse et la liberté.
Jean-Bernard Pouchous, 2013.
Bibliographie :
-1-Cf. Jean-Loïc Le Quellec, L’extension du domaine du chamanisme à l’art rupestre sud-africain, dans Afrique & histoire [Dossier : Chamanisme et art rupestre], 6, 2006/2 (en ligne).
-2-Philippe Walter, Merlin ou le Savoir du monde, éd. Imago, 2000.