Géant Totor.
"Géant Totor", 2010, acrylique sur toile, 35 x 27 cm.
« (…) à mesure que les citoyens deviennent plus égaux, le penchant de chacun à croire un certain homme ou une certaine classe diminue, la disposition à croire la masse augmente et c’est de plus en plus l’opinion qui mène le monde. » Tocqueville.
Des grands aux petits.
La peinture intitulée "Géant Totor", a été peinte d’après une photo du géant Totor de Steenwerk dans le Nord de la France.
D'une hauteur de 5,70 m et d'un poids approchant les 100 kg, Totor fait partie de la famille des géants portés du nord de la France (1). Il participe à de nombreux cortèges, carnavals, fêtes de géants et autres fêtes locales dans toute la région, ainsi qu'à de nombreux rassemblements de géants en France et chez nos voisins européens. Il réclame cinq porteurs pour le déplacer et le faire danser. Le géant Totor a vu le jour pour la première fois en 1933. Il portait se nom car la musique locale comptait, à son répertoire, une rengaine de Georges Milton (1886-1970) : « Totor, t'as tort, tu t'entêtes, tu te tue... » qui est devenu son hymne. Il était haut de 4.65 mètres et pesait 60 kilogrammes. Ce géant portait une redingote noire avec un plastron blanc, une robe grise et un chapeau haut de forme. Il disparu pendant la seconde guerre mondiale. Un deuxième géant fut construit en 1955 avec des morceaux du premier géant et est placé sur un char, mais il ne sort pas beaucoup et se détériore dans son hangar. Un troisième et dernier géant (pour l'instant) est construit en 1978 par Jean Debaene, vannier de la localité. Il redevient un géant porté et, il est haut de 6 mètres et pèse 96 kilogrammes. Cinq porteurs sont nécessaires pour le faire danser. Il a toujours le même costume (chemise et cravate blanches, veste et gants noirs et jupe grise). A l’origine de la création d’un géant, il y toujours le rêve et la volonté d’un groupe de personnes, des élus qui agissent au nom de la ville ou une association loi 1901 en relation avec la cité ou le quartier …
Dès la conception du géant, on pense déjà à la vie du géant, à l’organisation de la première fête : son baptême. Cette fête animera le quartier ou la ville et contribuera à renforcer son identité. Créer un géant ravive aussi la mémoire collective et en devient le symbole, un élément patrimonial. Il existe un phénomène d’imitation : les géants naissent plus volontiers au voisinage d’autres géants connus et dont les fêtes ont du succès. Ces fêtes sont appréciées pour leur caractère convivial, d’accès libre et concernant petits et grands. La création d’un géant favorise le lien social et les sorties des géants ont parfois un caractère philanthropique (quête pour une œuvre) ou ils participent parfois à des manifestations revendicatives. Les partenaires du projet décident ensemble de l’identité du géant et ses caractéristiques. Le géant pourra être un homme, une femme, un enfant, un boulanger, un pêcheur, un animal, un roi, un chanteur, un personnage merveilleux…. Le choix est grand et infini ! De nombreux savoir-faire interviennent dans la création d’un géant : il faut travailler le bois, le cuir, l’osier et le rotin, le plâtre, le métal, le papier, les matériaux synthétiques, les tissus, le crin de cheval, les cheveux…Beaucoup d’heures de travail sont nécessaires à toute une équipe pour créer un beau géant.
Jean-Bernard Pouchous - 2011.
Bibliographie :
-1- Gérard Torpier, Dictionnaire des Géants du nord de la France, Ravet-Anceau, 2008.