Egon Schiele (1890-1918).
" D'après Egon Schiele, Autoportrait ", 2018, acrylique sur toile, 35 x 24 cm.
«Je peins la lumière qui vient de tous les corps» Egon Schiele.
L’Autriche.
La peinture intitulée " Schiele, Autoportrait ", a été peinte d’après " Autoportrait avec lampes chinoises", (1912), d’Egon Schiele, huile et gouache sur bois, (32,7 x 39,8 cm.), conservée au Musée Léopold à Vienne, Autriche.
Schiele a fait près d'une centaine d'autoportraits, avec un visage desséché et tourmenté, ou affligé d'un strabisme impressionnant, allusion humoristique à son nom de famille : en effet, le verbe « schielen » signifie loucher en allemand, et nombre de critiques hostiles à son art n'hésitaient pas à en faire des jeux de mots (1). Egon Schiele a peint la même année que son "Autoportrait avec lampes chinoises", son pendant "Le Portait de Walburga Neuzil", (32,7 x 39,8 cm.) également conservée au Musée Léopold de Vienne. Walburga Neuzil (1894-1917) était de 1911 à 1915 la compagne, le modèle et la muse de Schiele.
Egon Schiele aimait les femmes. Il s’amusa une fois à noter combien d’entre elles étaient passées par son studio en l’espace de 8 mois et en comptabilisa 180 ! (2).
Accusé à plusieurs reprises d’abuser des adolescentes qu’il employait comme modèles, en avril 1912, il est arrêté pour avoir séduit une jeune fille mineure. Suite à cette accusation, lorsque les gendarmes se rendent à son atelier, ils saisissent une centaine de dessins « à caractère pornographique ». Schiele est ensuite jugé coupable pour avoir exposé de tels dessins dans un atelier fréquenté par des enfants. Il fait 25 jours de prison pour atteinte à la morale publique.
Avant cette incarcération, Schiele a peint, outre des portraits, plusieurs compositions figuratives, dont " Le Cardinal et la Nonne ", l'une de ses œuvres les plus célèbres, paraphrase expressionniste, provocatrice, du "Baiser" (1908/09) de son ainé et ami Gustav Klimt (1862-1918), une huile sur toile recouverte de feuilles d'or, conservée au palais du Belvédère à Vienne.
Après toutes ces années "aux mœurs dissolus", le 17 juin 1915, il semble se ranger en épousant une jeune femme de bonne famille bourgeoise, Edith Harms (1887-1918). Pendant les premiers mois de leur mariage, il reste fidèle et ne fait poser quelle. Toutefois, voyant que le corps de sa femme est finalement fort éloigné de son idéal physique fragile et maigre, l’artiste fait poser sa sœur, Gertrude, avec laquelle il finit par avoir une liaison.
Après son mariage, il est mobilisé pour la grande guerre. Après la capitulation allemande, de retour à Vienne, il propose une cinquantaine d'œuvres à l'exposition de la " Sécession viennoise ".
« Notre art n’est pas un combat des artistes modernes contre les anciens, mais la promotion des arts contre les colporteurs qui se font passer pour des artistes et qui ont un intérêt commercial à ne pas laisser l’art s’épanouir. Le commerce ou l’art, tel est l’enjeu de notre Sécession. Il ne s’agit pas d’un débat esthétique, mais d’une confrontation entre deux états d’esprit. » Hermann Bahr (1863-1934), revue Ver Sacrum (3).
Il faut toujours bien souligner la part allégorique de l'œuvre de Schiele. Son célèbre tableau, "La Famille" (152,5 × 162,5 cm), de 1918, conservée au palais du Belvédère de Vienne, affirme cette part allégorique : Schiele se représente avec sa femme et son enfant, alors même qu'il n'est pas encore père et ne le sera jamais, car lui, comme sa femme enceinte, peu de temps avant, meurent de la grippe espagnole. Ce tableau non achevé sera son dernier.
« L'amour est à réinventer, on le sait. » Arthur Rimbaud, Une saison en enfer, Délires I.
Jean-Bernard Pouchous - 2018.
Bibliographie :
-1-Egon Schiele, trad. Nathalie Miolon-Weber, Moi, éternel enfant (Ich ewiges Kind), Chambéry, France, Éditions L'Act Mem, 2009.
-2-Wolfgang Georg Fischer, Egon Schiele 1890 - 1918 : Pantomimes de la volupté, visions de la mortalité, Paris, Taschen, 2011
-3-Hermann Bahr , trad. Jean Launay, Ce monsieur de Linz qui inventa Vienne, collection : Anatolia, édition du Rocher, 2006.