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27-Cuba si - Cuba no


"Cuba si - Cuba no", 2005, acrylique sur toile, 80 x 40 cm.

« (...) qu’est-ce que la croyance en la réalité, qu’est-ce que l’idée de réalité, quelle est la fonction métaphysique primordiale du réel ? C’est essentiellement la conviction qu’une entité dépasse son donné immédiat, ou, pour parler plus clairement, c’est la conviction que l’on trouvera plus dans le réel caché que dans le donné évident. » Gaston Bachelard dans "Le nouvel esprit scientifique" (1).


Leader carismo.

La peinture "Cuba si - Cuba no", figure une poupée de chiffons, ramenée de La République de Cuba par Catherine, mon épouse. La "mère fouettarde" nous menace de son martinet, elle est éclairée en contre-plongée devant un fond fait d’une natte de raphia grise. Si apparemment à Cuba il existe des mères fouettardes, en Europe on parle surtout du "Père fouettard" (Hans Trapp) qui est un personnage (imaginaire mais, chut ! ne pas le dire aux enfants) et sinistre, tout vêtu de noir. En principe, il accompagne saint Nicolas dans ses sorties festives, à Noël par exemple (2). Alors que le saint distribue des cadeaux aux enfants sages, le Père fouettard (3), dispense des coups de martinet aux vilains garnements. Un martinet est un petit fouet constitué d’un manche en bois d’environ 25 cm. et de lanières de la même longueur, au nombre d’une dizaine, qui sont généralement en cuir. C’est un instrument traditionnel de punition corporelle, son usage pour fesser les enfants est cependant tombé en désuétude mais pas son image. C’est une façon de séparer le bon blé de l’ivraie, le futur honnête homme de la graine de délinquant, etc. Couper les lanières du martinet était alors un acte d’émancipation. C’est en 1958 que disparaît en France, le droit de "corriger" ses enfants au sein de la famille.

Cuba à une histoire incroyable. Elle est devenue bien malgré elle, la "Mère fouettarde" de toute les Amériques dés la découverte de ce nouveau continent en 1492 par Christophe Colomb (1451-1506) (4), l’île de Cuba devient alors une terre espagnole, et par-là même, l’une des plus anciennes colonies du nouveau continent. Elle est située entre l’Amérique du nord et celle du sud, au nord des Antilles, à la confluence de la mer des Caraïbes, du golfe du Mexique et de l’océan Atlantique (5).

Sa capitale est La Havane. Les luttes pour l’indépendance remontent au milieu du XIX e. siècle. Les États-Unis d’Amérique intervinrent dans la guerre d’indépendance des Cubains qui avaient fait 200.000 morts depuis 1895 (soit 1/8 de la population) pour aider les indépendantistes et occupèrent l’île de 1898 à 1902, puis de 1905 à 1909. Les États-Unis poursuivirent une ingérence marquée jusqu’en 1934 (révocation de l’amendement Platt). Fidel Castro (1926/…) (6), prit la tête d’une armée rebelle en 1956, renversant le dictateur Fulgencio Batista (1901/1973) (7), en 1959. Les États-Unis sont l’une des premières nations à reconnaître diplomatiquement ce nouveau gouvernement, mais les rapports entre les deux pays se détériorent rapidement lors de la confiscation des avoirs étrangers par le nouveau pouvoir cubain (dont ceux de United Fruit C°). Par la suite, du 17 au 19 avril 1961 eut lieu une tentative de débarquement à la Baie des Cochons (8), de 1.400 réfugiés, recrutés, payés et entraînés par la CIA (Central Intelligence Agency), qui se solda par un échec. Les USA mirent en place un embargo économique en 1962, mais renoncèrent à toute invasion aux termes d’un accord signé pour conclure "l’affaire des missiles" (9). Des fusées à tête nucléaires auraient été installées sur l’île par les soviétiques. Cette grande affaire était en fait la première manifestation internationale d’une grande incompréhension idéologique qui agite toujours l’entendement et oppose toujours aujourd’hui, de façon manichéenne les acteurs de tout débat politique bipolaire.

Nos ancêtres philosophes sont toujours parmi nous!

Comme notre "mère fouettarde", la République Socialiste de Cuba semble incroyablement menaçante et séduisante tout à la fois, fière et indépendante, prête à fouetter du martinet tout envahisseur étranger, seule dans la tourmente des cyclones, face aux géants prédateurs continentaux tous proches. Elle aurait l’arrogance de vouloir corriger son grand voisin trop ultra libérale à son goût. Seule "sainte Nicolase" pourrait faire de Cuba un jouet démocratique et répondre à la grande question électorale : "Cuba si - Cuba no". Un coup d’œil à droite, un coup d’œil à gauche. Ni vue ni connu.

Jean-Bernard Pouchous - 2008.

Bibliographie :

-1- Gaston Bachelard, Le nouvel esprit scientifique, éd. PUF, coll. Quadrige Grands textes, 1934.

-2- Martyne Perrot, Noël, éd. Le cavalier bleu, coll. Idées reçues, 2002.

-3- Sylvain Thomassin, Dominique Debeire, L’Histoire de saint Nicolas et du père Fouettard, éd. Bastberg, coll. Contes régionaux, 1995.

-4- Christophe Colomb, Michel Balard, Christophe Colomb : journal de bord - 1492-1493, éd. Imprimerie nationale, coll. Voyages et découvertes, 2003.

-5- Jean Lamore, Cuba, éd. PUF, coll. Que sais-je?, 1998.

-6- Alain Ammar, Le jour où Castro a pris le pouvoir : 1959-2009 - Cuba sous le soleil de Fidel, éd. Seuil, coll. H.C. Essais, 2008.

-7- Fulgencio Batista y Zaldivar, Cuba betrayed, éd. New York Vantage Press, 1962.

-8- Haynes Johnson, Baie des cochons la l’invasion manquée de cuba - 17 avril 1961, éd. Robert Laffont, coll. Ce jour là, 1965.

-9- Vincent Touze, Cuba 1962: la crise des missiles, éd. Mémorial de Caen, coll. Grandes dates, 2006.

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