Bertrand Roussel (1872-1970).
"Bertrand Roussel", 2010, acrylique sur toile, 35 x 27 cm.
« Croyez que la cause réelle, la cause efficace qui fait perdre aux hommes le pouvoir, c'est qu'ils sont indignes de le porter. Est-ce-que vous ne sentez pas un vent de révolution qui est dans l'air ? » Tocqueville à la chambre des députés le 27 janvier 1848.
L'amour et du savoir.
La peinture intitulée "Bertrand Roussel", a été peinte d’après une photo d’actualité de Bertrand Arthur William Russell (1872-1970), 3 e. comte Russell, mathématicien, logicien, épistémologue, homme politique et moraliste britannique.
Bertrand Russell est considéré comme l'un des plus importants philosophes du XX e. siècle. La logique et le fondement des mathématiques, Russell est, avec Gottlob Frege (1848-1925), l'un des fondateurs de la logique contemporaine. Son ouvrage majeur, écrit avec Alfred North Whitehead (1861-1947) est "Principia Mathematica" (1910) (1). À la suite des travaux d'axiomatisation de l'arithmétique de Giuseppe Peano (1858-1932). Russel a tenté d'appliquer ses propres travaux de logique à la question du fondement des mathématiques. Il soutint l'idée d'une philosophie scientifique "La Méthode scientifique en philosophie" (2) (Our Knowledge of the External World as a Field for Scientific Method in Philosophy), et a proposé d'appliquer l'analyse logique aux problèmes traditionnels, tels que l'analyse de l’esprit, de la matière (problème corps-esprit), de la connaissance, ou encore de l'existence du monde extérieur. Il est ainsi le père de la philosophie analytique. Jules Vuillemin (1920-2001) le fera connaître en France.
Passionné par son époque, Bertrand Roussel s’engage socialement et moralement. Il écrit des ouvrages philosophiques dans une langue simple et accessible, en vue de faire partager sa conception d'une philosophie rationaliste œuvrant pour la paix et l'amour. Il s'est engagé dans de nombreuses polémiques qui le firent qualifier de Voltaire anglais, défendit des idées proches du socialisme de tendance libertaire et milita également contre toutes les formes de religions, considérant qu'elles sont des systèmes de cruauté inspirés par la peur et l'ignorance. Il organisa "Le Tribunal Russell", aussi désigné par "Tribunal international des crimes de guerre" et "Tribunal Russell-Sartre" (1966) contre les crimes survenus pendant la guerre du Viêt Nam. Russell écrits deux essais sceptiques, "Pourquoi je ne suis pas chrétien" (3), "Pourquoi je ne suis pas communiste". Son œuvre, qui comprend également des romans et des nouvelles, fut couronnée par le prix Nobel de littérature en 1950 et il devint membre du Parlement britannique. En philosophie, son problème fondamental fut surtout de découvrir si l’homme est capable de connaître quelque chose : « Existe-t-il au monde une connaissance dont la certitude soit telle qu'aucun Homme raisonnable ne puisse la mettre en doute ? » (Problèmes de philosophie). Sa morale se résume à l'alliance de l'amour et du savoir : sans amour, le savoir est froid et injuste ; sans savoir, l'amour (ou la bonne volonté : le désir d'aider son prochain) est impuissant et peut être même néfaste.
"La théière de Russell", parfois appelée "Théière céleste", est une analogie évoquée par Bertrand Russell pour contester l'idée que c'est au sceptique de réfuter les bases infalsifiables de la religion : « Si je suggérais qu'entre la terre et mars se trouve une théière de porcelaine en orbite elliptique autour du Soleil, personne ne serait capable de prouver le contraire pour peu que j'aie pris la précaution de préciser que la théière est trop petite pour être détectée par nos plus puissants télescopes. Mais si j'affirmais que, comme ma proposition ne peut être réfutée, il n'est pas tolérable pour la raison humaine d'en douter, on me considérerait aussitôt comme un illuminé. Cependant, si l'existence de cette théière était décrite dans des livres anciens, enseignée comme une vérité sacrée tous les dimanches et inculquée aux enfants à l'école, alors toute hésitation à croire en son existence deviendrait un signe d'excentricité et vaudrait au sceptique les soins d'un psychiatre à une époque éclairée, ou de l'inquisiteur en des temps plus anciens. » Is There a God ? (extrait).
Le concept de la théière de Russell a été extrapolé au comique, plus particulièrement au travers de la "Licorne rose invisible" et du "Monstre en Spaghettis volant" : « La religion organisée mérite la plus vive hostilité car, contrairement à la croyance en la théière de Russell, la religion organisée est puissante, influente, exemptée de taxes et systématiquement transmise à des enfants trop jeunes (le catéchisme commence à 7 ans) pour pouvoir s'en défendre. On ne force pas les enfants à passer leurs années de formation en mémorisant des livres farfelus sur les théières. Les écoles publiques n'excluent pas les enfants dont les parents préfèrent la mauvaise forme de théière. Les fidèles de la théière ne lapident pas les non-croyants en la théière, les apostats la théière, les hérétiques de la théière ou les blasphémateurs de la théière. Les mères n'empêchent pas leurs fils d'épouser des shiksas de la théière sous prétexte que leurs parents croient en trois théières plutôt qu'une seule. Ceux qui versent le lait en premier ne mutilent pas ceux qui préfèrent commencer par verser le thé. » Richard Dawkins (5).
Jean-Bernard Pouchous - 2010.
Bibliographie :
-1- Alfred NorthWhitehead, Bertrand Russell, Principia Mathematica, éd. Tetsugaku Shobo, 1988.
-2- Bertrand Russell, Philippe Devaux, La Méthode scientifique en philosophie, éd. Payot, 2002.
-3- Bertrand Russell, Pourquoi je ne suis pas chrétien, et autres textes (Religion et Civilisation, Ce que je crois), éd. J.-J. Pauvert, coll. Libertés, 1964.
-4- Frederic P. Miller, Agnes F. Vandome, John McBrewster, Theiere de Russell, éd. Alphascript Publishing, 2010.
-5- Richard Dawkins, A Devil's Chaplain: Reflections on Hope, Lies, Science, and Love, éd. Houghton Mifflin Harcourt, 2003.