Onahti.
"L’or des Sioux", 2004, lavis sur papier arche, 106 x 74 cm.
« Étrangers devenus fils de France, non par le sang reçu, mais par le sang versé. » Devise de la Légion Etrangère Française.
Elsa.
"L’Or des Sioux" est un lavis d’encre de chine réalisé d’après une photo de plateau noir et blanc qui servait jadis de promo dans toutes les entrées de salle de cinéma, représentant Elsa Martinelli (1935-…). L’actrice italienne joue le rôle de Onahti dans un Western américain (155 mn.) intitulé "L'Or des Sioux - Rivière de nos amours" (The Indian Fighter) (1956), réalisé par André de Toth (1912-2002) (1), avec Kirk Douglas, Walter Matthau, Diana Douglas, Walter Abel, …
A travers les médias modernes, l’image de l’érotisme humain est aujourd’hui omniprésente dans les arts, les productions commerciales, la communication. Cette imagerie est riche et multiple mais souvent bien décalée et confuses par rapport à la réalité des relations interpersonnelle. Aussi, nous pouvons dire que l’image que chaque "star" nous offre de son "paraître", ne lui a quasiment jamais appartenu. La frontière entre émotion, sentiment et sexe n’est pas toujours très nette, dépendant de plusieurs interprétations des sens de ces mots. L’image qui est donnée de la femme dans le cinéma sentimentale, voir "X", la présente comme un objet au même titre que certains types d’hommes d’ailleurs. Pour beaucoup, entre passivité féminine et agressivité virile, il y a toujours du "grain à moudre". La question de l’identité sexuelle est donc dépendante du rapport que chacun entretient avec l’attribution du phallus: la seule condition qui permettra à l’enfant de symboliser la castration, c’est que le père sache apporter la preuve qu’il "l’a" bien. Or certains cas de figure mettent en évidence de façon caractéristique l’existence d’une ambiguïté à l’endroit de cette identité. L’attribution phallique et ses avatars depuis toujours conditionnent. Ainsi la femme hystérique se situe bien sur le terrain phallique, mais sur le mode du défi, celui jeté à l’homme de prouver qu’il en est un, de prouver sa virilité. Pour l’hystérique, il ne suffit pas d’avoir un pénis pour être viril; sa démonstration consiste à accuser la différence entre le pénis (le sexe anatomique) et le phallus (objet imaginaire) au point de les opposer : telle femme de ce type reproche à son partenaire non pas de ne pas la faire jouir, mais, par exemple, de ne pas être capable de la défendre en cas de danger… La femme homosexuelle va plus loin dans la récusation de l’attribution phallique. L’homosexuelle ne peut renoncer à "avoir" le phallus qu’elle n’a pas. Comme l’hystérique, elle refuse la relation hétérosexuelle, et ne peut donc recevoir le phallus. Son attitude est aussi celle d’un défi lancé au père, défi renforcé par le fait que, n’ayant jamais le phallus, elle le donnera d’autant mieux pour prouver aux hommes qu’elle peut, elle, le donner à une femme, donc faire ce que lui ne peut pas faire. La femme homosexuelle se met ainsi en position de représenter le phallus, et, ne se référant qu’à l’identité masculine, elle se situe davantage que l’hystérique, en deçà de la castration, la distinction pénis-phallus étant, pour elle, moins claire.
En ce qui concerne le fétichiste ou le travesti, on franchit là un pas de plus dans le déni et dans la récusation de l’attribution phallique: le fétichiste dénie l’attribution phallique du père, et conserve l’idée de la mère, de la femme pourvue d’un phallus, par le moyen de l’objet fétiche. Le travesti, quant à lui, va plus loin encore: il "est" lui-même le phallus que la mère et la femme doivent avoir, il se désigne lui-même comme le phallus. Chacun de ces exemples se situe dans la confrontation à la castration. Dans tous les cas sont présentes les questions de l’attribution phallique et de la circulation du phallus. C’est dire que persiste toujours la distinction entre l’organe (le pénis) et le phallus. Dès que cette distinction s’atténue, le sujet se trouve confronté à une identité sexuelle impossible, chimérique. Tel est le cas du transsexualisme, qui constitue la position extrême de déni au regard de l’attribution phallique. Le transsexualisme est le fait de la croyance fixe d’appartenir à l’autre sexe, entraînant la demande que le corps soit corrigé en conséquence. À la différence des homosexuels et des travestis, les transsexuels masculins ne se “sentent pas” hommes, et là où ceux-ci jouissent de leur organe, les transsexuels le haïssent. Ils se sentent féminins, vivent comme des femmes avec un véritable sentiment d’identité féminine. C’est Robert Jesse Stoller (1924-1991) dans "Recherches sur l’identité sexuelle", 1978 (2), qui met l’accent sur la spécificité du lien du transsexuel avec sa mère: dès le plus jeune âge, il a adopté un comportement féminin, sa mère l’aime sans séduction ni ambivalence. Elle ne se présente pas pourvue d’un phallus, il “est” son phallus. Telle est l’origine du rêve du transsexuel: être la femme idéale, avec l’exigence d’être sans sexe. À la différence des homosexuels, les transsexuels masculins répugnent au coït. Ils ne cherchent à susciter ni désir, ni amour "Je suis malade d’être un homme", telle est la nature de leur souffrance. Quant au transsexualisme féminin, il est d’une nature spécifique. Pour la transsexuelle, il s’agit de "réduire" le plus possible le phallus à l’organe lui-même. En toute hypothèse, transsexuels hommes et femmes tentent de s’identifier au sexe opposé et, pour eux, il s’agit de relever le défi d’une identification impossible. Impossibilité qu’il faudra neutraliser par un changement de sexe dans la réalité. En dépit de quoi, ils resteront captifs d’une identité sexuelle impossible et chimérique, d’une position "hors sexe", comme le dit Lacan. Les Grecs et les Romains anciens reconnaissaient dieux et déesses à quatre signes : ils n’ont ni sueur ni poussière, ils ne clignent pas des yeux, ils n’ont pas d’ombre, leurs couronnes ne se flétrissent pas. Les dieux des mythologies seraient donc pour certains "néo-païens yougiens" des "archétypes", symbolisant l’existence relativement autonome des pulsions psychologiques universelles auxquelles l’homme est soumis, ou avec lesquelles il doit composer pour éventuellement les maîtriser. Le philosophe, désigne par passions les excès humains causés par les sens du corps et pose l’antique question : « comment agir sur les passions ? » les modernes réponde au singulier : La passion est une inclination exclusive vers un objet, un état affectif durable et violent dans lequel se produit un déséquilibre psychologique (le sujet devient l'objet de la passion qui occupe excessivement l'esprit). Dans l'Antiquité et jusqu’à l’époque médiévale, la connaissance des passions est avant tout une connaissance de l'action sur les passions (3).
Jean-Bernard Pouchous - 2006.
Bibliographie :
-1-Philippe Garnier, Bon pied, bon oeil. Deux rencontres avec André de Toth, éd. Actes Sud, 1993.
-2- Robert Jesse Stoller, Recherches sur l’identité sexuelle à partir du transexualisme, éd. Gallimard, 1979.
-3- Bernard Besnier, Pierre-François Moreau, Laurence Renault, Les passions antiques et médiévales, éd. Puf, coll. Léviathan, 2003.