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AFFICHE.


"West end C°", 1985, 80 x 60 cm.

« Star déchue. Ancien sourire carnivore. Ailleurs, les abricotiers sont en fleurs. Tout ce qui s’abîme est préface à la mort. Les nombres chiffrent les ombres. Jean-Bernard Pouchous fait claquer ses baisers comme des gifles en marge de ses portraits fantasmés. Le rideau rouge se soulève: c’était l’époque où Arthur Miller orchestrait les usines à idoles. Clark Gable astiquait son harem, Joan Crawford était sacrée la Borgia du black-bottom, Carole Lombard s’identifiait à une divinité grecque, Ava Gardner partageait avec Claudette Colbert le sous-titre de dynamo du désir. Adieu le pouvoir irradiant de la chaude chiennerie d’Hollywood! Sun set Boulevard s’effrite, les successeurs de Rudolph Valentino se sont arrêtés dans leur légende, ombres innombrables inscrites au gotha de l’amour fou. Un blues oublié de Muddy Waters s’échappe en tire-bouchon du soupirail. Les beautés tarifées ne font plus le poirier sur le solarium des piscines de Beverley Hill. Les vedettes du clitoris recousu se mettent des suppositoires de LSD tandis que dans un cocktail riverain, le vibromasseur et la flagellation sont de rigueur. » 1981, texte à propos de la série stars de Patrice Delbourg, poète, romancier et chroniqueur auteur de "Absence de pedigree" (1).


Art appliqué.

Beau texte de Delbourg, écrit sur ses images de rêve qui fascinent chaque génération de reproducteur (lapsus, j’ai failli dire producteur, en pensant géniteur).

Le temps des vamps ne dura pas (1915/1965) soit cinquante ans de "sex-appeal" de "Sex communication" (2). La "star" brilla dans de nouvelles nuits, tel l’étoile filante du journalisme, des finances, de l’armée, de la police, de la justice ou de la politique, etc. On parle aussi de "star system" ou de "people" (3) en parlant aujourd’hui de toute sorte de célébrité qui, tel Icare, se brûle les ailes une fois arrivé à proximité des rayons foudroyants de la gloire du tout puissant dieu doré. Pareillement, la plus part chute dans les profondeurs océaniques du royaume de Neptune, sans avoir pu atteindre une place de choix sur la voûte céleste toute argentée. On dit "stars" car pour nous autres, êtres bien trop "terre à terre", héros ordinaires (4) et prosaïque, au plus noir de nos nuits sans nuages, nous les observons scintiller depuis le début des temps et s’éteindrent. Certains astres brillent plus que les autres dans ce firmament des célébrités où les plus connues disparaissent aussi dans la nuée. A l’image des cieux antiques, le panthéon des hommes, immortalise éternellement les mêmes déesses et les mêmes dieux. Plusieurs expressions mondialement connues viennent du mot "star" : popstar, guest star, rock star...

Le cinéma nous parle à travers ses personnages "beau comme des dieux", ses phantasmatiques "Hollywood Stars", créant des mimétismes de comportement, voir de parades sexuelles aussi indispensables qu’éphémères. J’en ai peint beaucoup dans les années 1980, que je n’ai hélas, pas toutes photographiées. La reproduction d’affiche au titre évocateur comme "West end C°" et tirée d’une photographie noir et blanc d’une peinture de la série "Stars" comme la peinture intitulé "BB" (Et le cinéma créa sa star : Brigitte bardot) (5).

Lors de mes visites aux puces ou dans les passages couverts de Paris, je fouillais les bacs des marchands d’images d’occasions. Souvent il s’agissait de photo de grande qualité en noir et blanc ou cybachrome couleur, très courue des cinéphiles, idéal pour un amateur d’art comme moi. Ces revendeurs de fantasmagories se fournissaient auprès des compagnies de diffusion cinématographique ou carrément dans les salles lors du changement de l’affichage du visuel des programmes cinématographiques. Je collectionnais des photos de plateau, des photogrammes de plan film, mais surtout les portraits pour autographe, que j’appelais "persona" en hommage aux travaux de Carl Gustav Jung (1875-1961) à ce sujet, et non personne, car personne n’est rien. Le mot "persona" désignait dans l’antiquité le masque que portaient les acteurs de théâtre. Ce masque avait pour fonction à la fois de donner à l’acteur l’apparence du personnage qu’il interprétait, mais aussi de permettre à sa voix de porter suffisamment loin pour être audible des spectateurs de l’amphithéâtre. Dans sa psychologie analytique, Jung a ce mot pour désigner la part de la personnalité qui organise le rapport de l’individu à la société, la façon dont chacun doit plus ou moins se couler dans un personnage socialement prédéfini afin de tenir son rôle social.

Le moi peux facilement s’identifier à la "persona", conduisant l’individu à se prendre pour celui qu’il est aux yeux des autres et à ne plus savoir qui il est réellement. Dans ce cas la "persona" de Jung est proche du concept de "faux self" de Donald W. Winnicott (1896-1971) (6). Il faut donc comprendre la "persona" comme un masque social, une image, créée par le moi, qui peut finir par usurper l’identité réelle de l’individu (7).

Ah ! aie ! aie !

En 1984, Au Miniver, ministère de la vérité en novlangue de George Orwell (1903-1950) (8), Andy Warhol (1928-1987) (9) y aurait aimé les "homarylinmonroe" sorte de star crustacé que certains aiment chaud mais n’aurait pas trouver à son goût les opossums de l’auteur français de l’ "Encyclopaedia Inutilis", Hervé Le Tellier (1957-…) (10).

Jean-Bernard Pouchous - 2009.

Bibliographie :

-1- Patrice Delbourg, Absence de pedigree, éd. Le Castor Astral, 1991.

-2- Azzorpardi Michel, Temps des vamps 1915-1965 (cinquante ans de sex-appeal), éd. L’Harmattan, 2000.

-3- Bernard Violet, La face cachée des people, éd. L’Archipel, 2009.

-4- Eva Joly, Maria Malagardis, Des héros ordinaires, éd. Les Arènes, coll. Documents, 2009.

-5- Christian Dureau, Brigitte Bardot : Et le cinéma créa sa star, éd. Didier Carpentier, coll. Stars de l’écran, 2008.

-6- Denys Ribas, Donald Woods Winnicott, éd. PUF, coll. Psychanalystes d'aujourd'hui, 2003.

-7- Robert H. Hopke, Persona : Du masque social au moi réel, éd. Dangles, coll. Psycho-soma, 1996.

-8- George Orwell, traduction Amélie Audiberti, 1984, éd. Gallimard, coll. Du monde entier, 1950.

-9- Hector Obalk, Andy Warhol n’est pas un grand artiste, éd. Flammarion, coll. Champs, 2001.

-10- Hervé Le Tellier, Encyclopaedia inutilis, éd. Castor Astral, 2002.

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