STAR.
"Portrait Star Muet", 1981, acrylique sur toile, 130 x 97 cm.
« Pourquoi tarder, pourquoi me dérober à la venue de Celui qui est né pour la perte du monde entier » Apulée, "L’Âne d’or ou les Métamorphoses".
Si belle.
La beauté des "belles" est un mystère peut partagé, comme nous le voyons dans ce portrait d’une star du cinéma muet appelé "Portrait Star Muet". En ces temps anciens c’était un culte pratiqué dans les bureaux de casting d’Hollywood. Le culte à mystère qui a le plus inspiré les artistes reste celui dédié à Orphée en référence auquel par exemple Guillaume Apollinaire (1880-1918) écrivit un poème en 1908 (1), sorte de “langage lumineux”, dont il se servit pour baptiser en 1912 un nouveau mouvement artistique sous le nom d’ "Orphisme" (2), lors de l’exposition appelée "de la Section d’Or" (3). Ce mouvement artistique se rassemblait chez Jacques Villon, né Gaston Émile Duchamp (1875-1963) (4) à Puteaux. Tous ces "cubisteurs", partageaient un même intérêt pour le nombre d’or et la géométrie. Ces futurs "futuristes" (5), aimaient l’art africain, les recherches chrono-photographiques de Etienne-Jules Marey (1830-1904) (6) et de Eadweard Muybridge (1830-1904) (7), le développement des recherches optique et chimique (synthèse additive et soustractive) de la théorie des couleurs de Michel-Eugène Chevreul (1786-1889) (8). Ces recherches évoluèrent vers le dynamisme puis le simultanéisme qui y prit naissance avec Sonia Delaunay (1885-1979) et Robert Delaunay (1885-1941) (9).
Orphée est un héros légendaire de la mythologie grecque. Aède mythique de la Thrace, fils du roi Œagre et de la muse Calliope, il savait par les accents de sa lyre charmaient les animaux sauvages et parvenait à émouvoir les êtres inanimés. Il fut comblé de dons multiples par le dieu de la clarté solaire, de la raison, du chant, de la musique et de la poésie, Apollon "le brillant" (10). Egalement honoré par les romains, il était consulté à Delphes où il rendait ses oracles par la Pythie. Orphée est aussi connu pour avoir participé à l’expédition des Argonautes au cours de laquelle il triompha des sirènes, mythe fondateur gréco-latin, comme bien d’autres si souvent représenté dans les chef-d’œuvres de la peinture renaissante (11).
Sa femme, Eurydice était nymphe des arbres et notamment du chêne l’"Arbre des Hespérides" d’où elle sortait comme toutes les autres Dryades pour protéger les pommes d’or du "jardin des Hespérides" (12).
Eurydice lors de son mariage avec Orphée fut mordue au mollet par un serpent. Elle mourut et descendit au royaume des Enfers. Orphée put, après avoir endormi de sa musique enchanteresse Cerbère, le monstrueux chien à trois têtes qui en gardait l’entrée, et les terribles Euménides, approcher le souverain des ombres, roi des morts, le dieu Hadès. Il parvint, grâce à sa musique, à le faire fléchir, et celui-ci le laissa repartir avec son "aimée" sous condition. Il fallait qu’elle le suive et qu’il ne se retourne ni qu’il lui parle tant qu’ils ne seraient pas revenus tous deux dans le monde des vivants.
Mais au moment de sortir des Enfers...
Jean-Bernard Pouchous - 2008.
Bibliographie :
-1- Guillaume Apollinaire, Michel Vincenot, Le Bestaire ou Cortège d'Orphée, éd. Passage Piétons, coll. Conte à rebours, 2004.
-2-Reynal Sorel, Orphée et l’Orphisme, éd. PUF, coll. Que sais-je?, 1995.
-3- Cécile Debray, Françoise Lucbert, La Section d’or - 1925 - 1920 - 1912 - Musée de Châteauroux - Musée Fabre, éd. Cercle d’art, 2000.
-4- Pierre Cabanne, Les 3 Duchamp : Jacques Villon - Raymond Duchamp-Villon - Marcel Duchamp, éd. Ides et calendes, 1975.
-5- Giovanni Lista, Le Futurisme: Une avant-garde radicale, éd. Gallimard, coll. Découverte, 2008.
-6- Michel Frizot, Etienne-Jules Marey : Chronophotographe, éd. Nathan, coll. Delpire, 2001.
-7- Paul Hill, Eadweard Muybridge, éd. Phaidon, coll. 55, 2001.
-8- Collectif, Michel-Eugène Chevreul - Un savant des couleurs!, éd. Museum National d’Histoire Naturelle, 1997.
-9- Mireille Callu, Sonia et Robert Delaunay, éd. BNF, 2000.
-10- Michel Legrain, Dictionnaire indiscret de l’Olympe, éd. Librairie Académique Perrin, 2006.
-11- Marc Fumaroli, La Mythologie gréco-latine à travers 100 chefs d'oeuvres de la peinture, éd. Presses de la Renaissance, 2004.
-12- Patrick Le Roux, Bernard Legras, François Cadiou, Claudine Audiard, Lydis Bodiou, Au jardin des Hespérides : Histoire - société et épigraphie - Mélanges offerts à Alain Tranoy, éd. PU Rennes, 2004.