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Christian Schad (1894-1982).


"D’après Schad-Halbakt", 1992, acrylique sur toile, 35 x 27 cm.

« Le châtiment qui se fait attendre n’en devient que plus terrible. » Eschyle (1).


Malheur au vaincu.

La peinture intitulée "D’après Schad", a été peinte d’après "Halbakt" (1929), huile sur toile (55,5 x 53,5 cm.), de Christian Schad Miesbach (1894-1982), exposée au Von der Heydt-Museum, Wuppertal, Rhénanie-Westphalie

Expression.

La peinture intitulée "D’après Schad", représente une femme coiffée à la Louise Brooks (1906-1985) (2) et portant un collier de perle, Cette oeuvre est inspirée d’une peinture de Christian Schad (3) peintre et photographe allemand de la "Nouvelle Objectivité" (Neue Sachlichkeit) (4), qui est un mouvement artistique apparu en Allemagne dans les années 1920. Les principaux artistes en sont : Max Beckmann (1884-1950) (5), Heinrich Maria Davringhausen (1894-1970) (6), Otto Dix (1891-1969) (7), Conrad Felixmuller (1897-1977) (8), Otto Griebel (1895-1972) (9), George Grosz (1893-1969)(10), Karl Hubbuch (1891-1979) (11), Franz Radziwill (1895-1983) (12), Christian Shad, etc. La nouvelle objectivité se caractérise par une volonté de représenter le réel sans fard. « Entre jugement et constat », elle tend à la société malsaine et corrompue de l’après-guerre un miroir froid. L’art lui sert d’arme. En photographie, ce mouvement s’est caractérisé par sa forte dimension sociale et son refus du pictorialisme. En peinture, les mêmes préoccupations sociales aboutissent à des œuvres parfois aux limites de la caricature.

Issu d'une famille libérale et aisée, Christian Schad étudie la musique et les beaux-arts et décide de devenir peintre à 18 ans. Il s'inscrit à l'académie de Munich ses parents qui soutiennent sa vocation, le logeant dans un atelier du quartier bohème Schwabing de Munich. Mobilisé dans l'infanterie en août 1914, il obtient une réforme avec l'aide d'un ami médecin. En 1915, il quitte l'Allemagne pour Zurich où rencontre les "dadas", puis en 1916, Christian Schad s'installe à Genève, grâce à des feuilles de papier photosensible il obtient des photos conçues comme des collages immatériels qu'il appelle "photogrammes". En mars 1920, Schad retourne en Allemagne, après avoir envoyé à Paris, ses photogrammes à Tristan Tzara. Effrayé par la situation économique et sociale de l'Allemagne d’après guerre, Schad s'installe en Italie. Il se met à peindre dans un style réaliste qui fait école sous l'appellation de "Nouvelle Objectivité". En 1927 il s’installe à Berlin… Les artistes de la Nouvelle Objectivité seront nombreux à être pointés du doigt comme "artistes dégénérés", ceux du Dadaïsme, Cubisme, Expressionnisme, Fauvisme, Impressionnisme, Surréalisme (entartete Kunst), par le régime nazi. C’est pourquoi d’ailleurs le mouvement s’éteint en 1933, avec l’arrivée d’Adolphe Hitler (1889-1945) (13) au pouvoir et le départ de nombreux artistes pour l’exil.

En toute subjectivité, ce portrait me rappelle "La belle Noiseuse" (1991) avec Michel Piccoli, Jane Birkin, Emmanuelle Béart, etc, réalisé par Jacques Rivette (1928-…) (14). Ce film est une adaptation très libre du texte d’Honoré de Balzac (1799-1850) "Le Chef-d’oeuvre inconnu"(15), qui traite de la création artistique et de ses rapports avec l’imitation de la nature. Rivette a replacé l’action dans un cadre contemporain, et il s’est attaché davantage aux rapports entre le peintre, le modèle et la peinture. Ici, c’est le modèle du peintre, la belle Marianne, qui sera détruite par sa rencontre avec la peinture d’elle-même. C’est la nature qui est détruite par sa représentation ?

Un autre inclassable et qu’on ne s’attendrait pas à trouver ici, car sa réputation fut plutôt d’avoir de l’esprit, sut à l’occasion faire superbement preuve d’humour (noir), c’est Sacha Guitry, de son nom complet Alexandre Georges-Pierre Guitry (1885-1957). Au début de son seul roman, les "Mémoires d’un tricheur" (16), il raconte en effet comment « du jour au lendemain, un plat de champignons le laissa seul au monde ». En effet, puni pour avoir volé huit sous dans le tiroir-caisse pour s’acheter des billes, il est privé de ce mets de fête : « Ce soir-là, il y eut onze cadavres à la maison. Qui n’a pas vu onze cadavres à la fois ne peut se faire une idée du nombre de cadavres que cela fait. Il yen avait partout. (...) On peut pleurer sa mère, ou son père, ou son frère, mais comment voulez­ vous pleurer onze personnes ! ».

Voilà des artistes et des auteurs qui nous parlent et pourtant ils sont morts. Nous communiquons pourtant bien avec ce qu’ils ont dit, écrit et fabriqué de leur vivant et nous avons l’impression qu’ils communiquent avec nous, qu’ils sont parmi nous.

Jean-Bernard Pouchous - 2009.

Bibliographie :

-1-Eschyle, Tragédies, éd. Gallimard, coll. Folio, 1982.

-2- Jacques Roland, Louise Brooks: Portrait d’une anti star, Phébus, coll. Basic Art Album, 1997.

-3- Jill Lloyd, Michael Peppiatt, Dina Vierny, Nikolaus Schad, Christian Schad: Peintures, dessins, shadographies, éd. RMN, 2002.

-4- Sergiusz Michalski, La nouvelle objectivité (Neue Sachlichkeit) La peinture allemande des années 20, éd. Taschen, 1994.

-5- Reinhard Spieler, Catherine Unseld, Max Beckmann 1884-1950: L'apparition d'un mythe, éd. Taschen, 2002.

-6- Dorothea Eimert, Heinrich Maria Davringhausen 1894-1970: Monographie und Werkverzeichnis, éd. Wienand, 1995.

-7-Andreas Strobl, Otto Dix, éd. Reimer, 1996.

-8-Jutta Hülsewiq-Johnen, Vita von Wedel, Jahannes Schmidt, Conrad Felixmuller - Peter Auguste Bockstiegel Arbeitswelten, éd. Wienand verlag, 2006.

-9-Otto Griebel, Ich war ein Mann des StraBe. Lebenserinnerungen eines Dresdner Malers, éd. Roderberg, 1986.

-10-Ralph Jentsch, George Grosz : L'Œil de l'artiste, éd. Adam Biro, 2002.

-11-Michael Schwarz, Helmut Goetti, W. Hartmann, Karl Hubbuch 1891 - 1979, éd. Badische Kunstverein Karlsruhe/Prestel-Verlag Munchen, 1981.

-12-Wilfried Seeba, Franz Radziwill - Magie der Städte, éd. BöttcherstraBe, 1995.

-13- Claude David, Hitler et le nazisme, éd. PUF, coll. Que sais-je ?, 1996.

-15- Honoré de Balzac, Pascal Bonitzer, Le Chef-d’oeuvre inconnu - suivi de “La Belle Noiseuse" - un film de Jacques Rivette, éd. Climats, 1991.

-16- Sacha Guitry, Mémoires d’un tricheur, éd. Gallimard, coll. Folio, 1973.

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