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Bébés Notre Dame


"Bébés Notre Dame", 1976, huile sur toile, 18 panneaux (296 x 324 cm.)

« Le courage croît en osant et la peur en hésitant. » Pubilius Syrus, Poète latin (-85 à -43) (1).


Elle s’amuse.

En 1976, Jean-Bernard Pouchous a 27 ans et remonte à sa conscience le désir d’enfant, désir de procréer, curieux désir refoulé jusqu’alors. Seul à Paris, il profite de ses loisirs de célibataire pour visiter hors de la saison touristique, les monuments parisiens. Il visite sans bien s'en rendre compte ceux dédier à la mère, à la femme, à la fille, à la grande dame gothique celle de "La Sainte Chapelle" (1242-1248) (2), par Pierre de Montereau ou Pierre de Montreuil (1200-1266), dédier à la vierge par Louis IX de France plus connu sous le nom de Saint Louis (1214-1270) (3) et "Notre Dame de Paris" (1163-1363) (4), où, en attendant l’achèvement de la construction de la Sainte Chapelle Saint Louis, pieds nus, y dépose en 1329 la couronne d’épines du Christ.

« En Égypte ancienne, les jeunes filles vierges portaient des couronnes d’épines qui témoignaient de leur virginité. Cette pratique antique peut éclairer différemment le texte évangélique. Lorsque les soldats romains se moquèrent de Jésus-Christ en lui mettant une couronne d'épines sur la tête, c'était peut-être en raison de la virginité qu'il prétendait toujours détenir et qui pouvait nuire à son image de virilité » (5).

La relique fut acquise par le roi contre la modique somme de 135.000 livres (soit environ 24.171.750 € au cours de l'or en avril 2009) auprès des banquiers vénitiens qui l’avait gagé pour garantir un emprunt du dernier empereur latin de Constantinople Baudoin II de Courtenay (1217-1273) (6), qui en avait fait don à Saint Louis. Deux ans plus tard, en 1241, le roi de France poursuivit son ambition en se portant acquéreur du premier morceau de la Sainte Croix et de sept autres reliques dominicales, notamment le Saint Sang et la Pierre du Sépulcre. L'année suivante, ce sont des morceaux de la Sainte Lance et de la Sainte Eponge qui furent ajoutées à la Sainte Collection.

Le jeune artiste songe, réfléchi, fantasme, rêve…

Ce polyptique intitulé "Bébés Notre Dame" représente le toit de la nef centrale, le clocher et les deux tours de la façade de la cathédrale de l’île Saint-Louis illuminés, la nuit, sous un ciel laqué de bleu de Prusse. Dans les dessous de Notre dame sont alignés en série des portraits de nourrissons. Ils expriment tous différents comportements stéréotypés de bébés, sur l’un des portraits est écrit mon numéro de téléphone de l’époque (on sait jamais !). Sous cet alignement de nouveau-nés, sur deux châssis formant un demi-cercle, sont représentés à la manière d’un parcourt à deux stations, un matelas et son sommier habillés de leur traditionnelle toile à rayures. Nous distinguons se détachant d’un fond blanc immaculé, un téléphone posé au pied du lit. Le téléphone est violemment raturé de traits de mine de plomb, comme pour le soustraire à un éventuel fonctionnement, son cadran de chiffres et de lettres a été effacé.

Drôle de mariologie, est-ce qu’aucun appel ne viendra jamais perturber ces apparitions de nativités, d’immaculée conception ?

Jean-Bernard Pouchous - 2007.

Bibliographie.

-1- E. Souesme, Pensées de Pubilius Syrus, et distiques de Caton, éd. Imprimerie de E. Grimont, 1870.

-2- Jean-Michel Leniaud, Françoise Perrot, La Sainte Chapelle, C. M. N., Monographies, 2007.

-3- Jacques Le Golf, Saint Louis, Collection Bibliothèque des histoires, éd. Gallimard, 1996.

-4- Alain Erlande-Brandenburg, Notre-Dame de Paris, éd. Jean-Paul Gisserot, coll. Patrimoine culturel, 2001.

-5- Miguel Mennig, Dictionnaire des symboles, éd. Eyrolles, 2005.

-6- Jacques Heers, Chute et mort de Constantinople (1204-1453), éd. Lib. Académique Perrin, coll. Tempus, 2007.

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