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25-SOUVENIRS D'ITALIE


"Souvenirs de Grèce", 2005, acrylique sur toile, 80 x 40 cm.

« L’étonnement est à l’origine de la connaissance : celui qui cesse de s’étonner pourrait bien cesser de savoir » Ernst Gombrich (1909-2001) (1).


Vacances.

La statuette blanche en plastique que l’on voit représentée sur cette peinture intitulée "Souvenirs de Grèce", est un objet touristique. Elle représente sans doute un antique grec ou sa copie romaine en réduction. Sous son socle, un tampon circulaire indique : Statue ALABASTER – MADE IN GREECE – "FILIPPOS". Cette petite réplique est posée contre une cale pour livre de métal laqué blanc sur lequel sont pincées 3 représentations en plastique colorées de "pin-up" nues à botte de cuir. Habituellement ces gadgets érotico-humoristiques servent à tenir une carte sur lequel on écrit le nom d’une personne pour la placer parmi les convives d’un banquet un peu “pince fesse”. Là, les jolies "pin-up" sont de petites sculptures en plastique mais d’habitude “les pin-up” sont des femmes très attirantes dont on accroche habituellement l’image sur un coin de mur avec des pushpin (punaises), d’où le mot "Pin Up Girl" qui se traduit littéralement en français par "jeune fille punaisée au mur" (Military Pin-Up Kit) (2). La première utilisation du mot est attestée en 1941 (3). Mais le concept apparaît plus tôt, au début du siècle, sous le nom de "Gibson Girls" du nom de l’auteur Charles Dana Gibson (1867-1944) (4) et ses variantes "Pretty Girls", "Varga Girl", "Christy Girl"... (5) Les premiers "pin-up boys" étaient leurs dessinateurs : Earl Moran (1893-1984) (6), Zoë Mozert (1907-1993) (7), Gil Elvgren (1914-1980) (8), Drew Posada (1969-2007) (9) … Femme fatale, poupée, sexe-symbole, la “pin-up” est représentée par ses créateurs comme la femme idéale. Les "pin-up", provocantes sans être vulgaires, apparaissent sur des magazines, journaux, posters, calendriers ou des "cartes d’arts", petites vignettes à collectionner qui ont aidé à leur popularisation. Dès la Seconde Guerre mondiale, les GI affichaient ces illustrations sur les carlingues de leurs avions. Devenus représentation populaire par excellence de toutes bombes sensuelle (voir sexuelles), ces chromos ont voyagé du vestiaire des sportifs vers celui des ouvriers, allant des cabines de camionneur à l’arrière boutique, passant du calendrier d’atelier à celui du bureau, décorant la chambrée des bidasses elles ont été emportées par les marins dans le monde entier. Dans le temps, j’avais un collectionneur, qui dans les étages de son château (Nointel) montrait au public en plus de sa collection de peinture contemporaine exposée en rez-de-chaussée, sa collection de nombreuses gouaches originales d’Alain Aslan (1930-…) (10). Il y avait là les plus célèbres "pin-up" à la française ainsi que la peinture en buste de Brigitte Bardot (1934-…) en "Marianne", mais aussi de grand classique tel des planches originales de la BD "Tanguy et Laverdure - les Chevaliers du ciel" de la main du très célèbre Albert Uderzo (1927-…) (11). Ah, c’était trop beau pour durer, un jour ce descendant des Princes d’empire se sépara de son château-musée et de sa collection (12), dommage !

En arrière plan de ces "pin-up" en plastique, nous remarquons les couleurs d’une carte en relief imprimée sur une feuille de plastique thermoformée, représentant l’embouchure du Rhône et la Méditerranée, elle situe cette composition dans l’espace pour mieux illustrer à ma façon, ce qui obsède tant l’esprit des hommes de l’art en France et en en Europe de l’ouest : l’arrivée de l’histoire en France.

Des Oeuvres Grecques. « Tous les arts ont une double fin: ils doivent plaire et instruire à la fois. Maints grands paysagistes crurent ainsi devoir ne satisfaire à leur art qu’à moitié s’ils dépouillaient leurs paysages de toute figure. Le pinceau de l’artiste doit être trempé dans l’esprit, selon un mot entendu à propos du stylet d’Aristote. Il doit laisser à penser davantage qu’il n’a donné à voir. L’artiste y parviendra s’il a appris, non pas à voiler, mais à parer ses pensées d’allégories. S’il a un sujet traité, ou à traiter, avec poésie, choisi par lui ou qu’on lui a suggéré, son art l’inspirera et avivera en lui le feu dérobé aux dieux par Prométhée. Le connaisseur aura de quoi penser; le simple amateur, de quoi apprendre à penser. » Johann Joachim Winckelmann (1717-1768) (13).

Conventionnellement l’Antiquité est considérée comme la première des époques de l’histoire. Dans notre civilisation, l’antiquité commence avec le développement ou l’adoption de l’écriture.

Le passage à l’antiquité s’est donc produit à différentes périodes pour les différents peuples. L’Antiquité suit la période de la Préhistoire (14) et de la Protohistoire (15). La Préhistoire a un problème de date de naissance et est conventionnellement définie comme la période comprise entre l’apparition de l’Humanité et l’apparition des premiers écrits (16). Cette histoire concerne les populations dont la subsistance est assurée par la prédation comme les groupes de chasseurs-cueilleurs, pêcheurs, collecteurs, qui exploitent des ressources naturelles disponibles sans les maîtriser, l’homme préhistorique existe encore. Par contre les civilisations protohistoriques sont mieux connues, notamment celles des "barbares" européens (17) : Alains (18), Bulgares, Celtes (19) (Gaulois, Brittons, Celtibères, Galates, Helvètes, Belges), Daces, Germains (20), Goths (21), Rus, Bastames, Burgondes (22), Gépides, Hérules, Ruges, Scot, Skires, Vandales), Huns (23), Magyars, Sarmates, Scytes, Saces (24), Slaves (25), Thraces (26), etc.

Il s’agit de populations ne possédant pas elles-mêmes l’écriture, mais qui sont mentionnées par des textes émanant d’autres peuples qui leurs étaient contemporains et dont les élites savaient lire et écrire comme Jules César (-100 à -44), avec "La guerre des gaules" (v. -52/-51) (27). Comme dans ce domaine, le référent absolu est la transmission à travers le temps des connaissances par l’écrit, il va de soit qu’il est évident que les populations de type préhistorique, protohistorique et historique se sont côtoyer sur des périodes plus ou moins longues avant de s’assimiler à la civilisation historique. Ainsi va, du passé au présent, le sens de l’histoire. Pour en situer "la progression civilisationnelle" sur le curseur de l’évolution des sociétés humaines jusqu’à nous, l’historien civilisateur reconnaît que les choses se sont faites petit à petit mais qu’il a forcément un progrès particulier qui induit le passage de l’état de préhistorique à celui de protohistorique puis d’historique (28). Le fait de savoir lire et écrire devenant le critère primordial pour franchir la dernière étape.

Dans l’histoire européenne, l’Antiquité désigne la période des civilisations de l’écriture apparue autour de la Méditerranée et au Moyen-Orient, après la préhistoire et qui concerne les populations de producteurs ayant adopté l’écriture mais aussi le plus souvent un pouvoir centralisé, le droit de cité. La majorité des historiens estime que l’Antiquité commence au IV e. millénaire (-3.500/-3.000) avec l’invention de l’écriture en Mésopotamie et en Egypte, et voit sa fin durant les grandes migrations eurasiennes autour du V e. siècle (29). La date symbolique, repère conventionnel reconnu de cette fin pour l’Europe occidentale est la déposition du dernier empereur romain d’Occident Romulus Augustule en 476 par le chef des Hérules, Odoacre (435-493) (30).

Jean-Bernard Pouchous - 2009.

Bibliographie :

-1-Ernst Hans Gombrich, L’Art et l’Illusion : Psychologie de la représentation picturale, éd. Phaidon, 2002.

-2- Earl Moran, Military Pin-Up Kit, éd. Ten Speed Press, 2006.

-3- Lagarde Eve, Edouard Brasey, les pin-up - un rêve d’Amérique - Livre + calendrier, éd. Hors coll., 2008.

-4- Charles Dana Gibson, Gibson Girl and Her America : The Best Drawings of Charles Dana Gibson, éd. Dover Publications, 2010.

-5- Charles G Martignette, Louis K Meisel, L'âge d'or de la pin-up américaine, éd. Taschen, 1997.

-6- Earl Moran, Zoe Mozert, Gil Elvgren, Pin Me Up ! 2007 Calendar, éd. Welcome Calendars, 2006.

-7- Max Allan Collins, For the Boys : The Racy Pin-Ups of World War II, éd. Motorbooks International, 2000.

-8- Charles C. Martignette, Louis K. Meisel, Gil Elvgren : All his glamorous American pin-ups, éd. Taschen, coll. jumbo series, 1999.

-9- Leonhard Thoma, Drew Posada, éd. Modern Graphics, 2004.

-10- Alan Aslan, Pin-up, éd. Claude Carrère - Michel Lafon,

-11- lbert Uderzo, Jean-Michel Charlier, Jijé, BD : les Chevaliers du ciel - Tanguy et Laverdure - L’intégrale - Tome 3 : Cap zéro, éd. Dargaud, 2003.

-12- Binoche et Godeau, Collection de S, A, Le Prince Murat, éd. Hôtel Drouot, coll. Catalogue vente des lundi 12 et mardi 13 octobre, 1987.

-13- Johann Joachim Winckelmann, Pensée sur l’imitation des œuvres grecques en peinture et en sculpture, éd. Allia, 2005.

-14- Yves Coppens, Pascal Picq, Aux origines de l’humanité, tome 1: De l’apparition de la vie à l’homme moderne, éd. Fayard, 2001.

-15- Marcel Otte, Mireille David-Elbiali, Christiane Eluère, Jean-Pierre Mohen, La protohistoire, éd. De Boeck, coll. Préhistoire, 2008.

-16- Lucien Lefevre, Henri-Jean Martin, L’Apparition du livre, éd. Taschen, 1997.

-17- Karol Modzelewski, traduction Agata Kozak, Isabelle Macor-Flarska, L’Europe des barbares: Germains et slaves face aux héritiers de Rome, éd. Aubier, 2006.

-18- Vladimir Kouznetsov, Iaroslav Lebedynsky, Les Alains: Cavaliers des steppes - seigneurs du Caucase - 1er. - XV e. siècles apr. J.-C., éd. Errance, coll. Civilisations et cultures, 2005.

-19- Venceslas Kruta, Les Celtes, éd. PUF, coll. Que sais-je?, 2006.

-20- Lucien Musset, traduction Stéphane Lebecq, Les Invasions: Les vagues germaniques, éd. PUF, 1994.

-21- Jordanès, Olivier Devillers, Histoire des Goths, éd. Belles Lettres, coll. La roue à livres, 1995.

-22- Katalin Escher, Les Burgondes : le VI e. siècle apr. J.-C., éd. Errance, coll. Civilisations et cultures, 2006.

-23- Istvan Bona, Les Huns : Le grand empire barbare d’Europe IV e.-V e. siècle, éd. Errance, 2002.

-24- Jaroslav Lebedynsky, Les Saces, éd. Errance, coll. Civilisations et cultures, 2006.

-25- Francis Conte, Les Slaves, éd. Albin Michel, collection Bibliothèque de l’évolution de l’humanité, 1996.

-26- Hoddinot, Les Thraces, éd. Armand Colin, coll. Civilisations, 1997.

-27- Jules César, La guerre des Gaules I et II, éd. Belles Lettres, coll. Classique de poche, 2002.

-28- Hervé Inglebert, Atlas de Rome et des Barbares – III e. - VI e. Siècles - La fin de l’Empire romain en Occident, éd. Autrement, coll. Atlas mémoires, 2009.

-29- Jérôme Peignot, Marcel Cohen, Histoire et art de l'écriture, éd. Robert Laffont, coll. Bouquins, 2005.

-30- Jean-Claude Perrier, Le dernier des Césars, éd. Jean-Claude Lattès, 1999.

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