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FRANCOIS RUDE (1784-1855) - Laperouse


"D'après Rude - Laperouse", 2010, acrylique sur toile, 35 x 27 cm.

« Mon oncle me montra La Pérouse dans la foule, nouveau Cook dont la mort est le secret des tempêtes. J'écoutais tout, je regardais tout, sans dire une parole ; mais la nuit suivante, plus de sommeil : je la passais à livrer en imagination des combats, ou à découvrir des terres inconnues… » "Mémoires d'outre-tombe", François-René de Chateaubriand (1768-1848) (1).


Vanikoro.

La peinture intitulée "D'après Rude - Laperouse", a été peinte d’après le "Buste de La Pérouse" (1828), un marbre (L 84 x l. 66 x H 48 cm.), sculpté par François Rude (1784-1855), exposé au Musée national de la Marine, palais de Chaillot à Paris.

Jean François de Galaup, comte de La Pérouse (1741- ?) né en Albigeois au manoir du Gô à deux lieues d’Albi, est un officier de marine et un explorateur français ; L’expédition maritime autour du monde, qu’il commandait, a disparue corps et biens à Vanikoro, aux îles Salomon en 1788. Lapérouse est entré aux Gardes-Marine en décembre 1756, il participa à de nombreuses campagnes tant en Atlantique que dans l’Océan Indien, ainsi qu’à de nombreux combats. Après le traité de Paris (1783), sa grande expérience dans le domaine naval ainsi que ses qualités humaines le firent choisir par Charles Eugène Gabriel de La Croix (1727-1801), marquis de Castries, baron des États de Languedoc, ministre de la Marine et par Louis XVI (1754-1793) pour diriger une expédition autour du monde visant à compléter les découvertes de navigateur et explorateur britannique James Cook (1728-1779), dans l’océan pacifique.

Lapérouse quitta Brest le 1e août 1785 en direction du cap Horn, à la tête de "La Boussole" et Paul Antoine Marie Fleuriot (1744-1787), vicomte de Langle le suit avec "L’Astrolabe". Il fit relâche au Chili avant de toucher l’île de Pâques en avril 1786, et d’explorer les îles Hawaï. Puis il mit route au nord vers l’Alaska, où il perdit 21 de ses hommes, avant de redescendre le long des côtes américaines pour atteindre Monterey en septembre 1786. Mettant cap à l’ouest il arriva en Chine, à Macao en janvier 1787, puis se rendit à Manille aux Philippines avant de poursuivre vers le nord. Lapérouse fut donc le premier navigateur européen à pénétrer dans les eaux situées entre la Chine, la Corée et le Japon. En septembre 1787 il atteignit Avatscha (actuel Kamtchatka) à l’Extrême-Orient russe avant de refaire route au sud, atteignant Maouna (Samoa actuelle) le 9 décembre. Fleuriot de Langle ainsi que huit hommes d’équipage y trouvèrent la mort, massacré par les habitants. De là il rejoignit l’Australie d’où il repartit le 15 mars 1788 en direction du nord-est. Après avoir exploré la zone ouest de la côte Néo-Calédonienne, Lapérouse remontait vers les Santa-Cruz lorsqu’un cyclone tropical jeta ses navires sur les récifs de l’île de Vanikoro en juin de la même année.

« A-t-on des nouvelles de Lapérouse ? », demandait Louis XVI à la veille de son exécution.

« Sa Majesté regarderait comme un succès des plus heureux de l'expédition qu'elle pût être terminée sans qu'elle eût coûté la vie à un seul homme », précisaient les instructions du navigateur. Elle n'eut aucun survivant. L'importance du voyage de Lapérouse vient de ce qu'il clôt définitivement une époque : prenant la relève de l'amateurisme éclairé et brillant de Louis Antoine de Bougainville (1729-1811), tirant les leçons des explorations méthodiques de Cook, il se présente comme une véritable expédition scientifique, tant par le matériel très élaboré que par le haut niveau de l'équipe de savants embarqués. Désormais, c'est la notion de progrès et le critère d'utilité qui prévalent. Si l'on voit se dégager ainsi les fondements de la réflexion anthropologique du XIX e. siècle, c'est bien surtout aux débuts de la mise en pratique de l'idéologie coloniale moderne que l'on assiste. Plusieurs expéditions tentèrent de retrouver la trace des naufragés. Le mystère demeura entier jusqu’en 1826, quand le navigateur irlandais Peter Dillon (1788-1847) retrouva l’épave de "L’Astrolabe". En 1828 l’explorateur Jules Dumont d'Urville (1790-1842) localise avec précision la fin tragique de l'expédition de Lapérouse, mais il faut attendre 1964 pour retrouver l’épave de "La Boussole" (2). En 2005, une expédition sous-marine explore l’épave de la Boussole. Un sextant a été retrouvé portant l'inscription "Mercier" sur une plaque en laiton or, la liste d'inventaire de "La Boussole" indique la présence d'un sextant confié par l'Académie de marine et fabriqué par le "sieur Mercier". Des traces de campement ont été découvertes sur la côte sud-ouest de Banie, l'île principale de Vanikoro. Quant à la tradition orale autochtone, elle a conservé la mémoire de ce naufrage, ainsi que du séjour des marins français sur l'île (3). Réalisé par François Rude (1784-1855), ce buste est un portrait posthume du grand navigateur.

Jean-Bernard Pouchous - 2010.

Bibliographie :

-1- François-René de Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, éd. Gallimard, coll. Bibliothèque de la Pléiade 1950.

-2- Louis de Fourcaud, Ancienne Maison J. ROuam, François Rude, Sculpteur, Ses oeuvres et Son Temps (1784-1855), éd. Biblio Bazaar, 2010.

-3- Le Mystère Lapérouse, ou le Rêve inachevé d'un roi, par l'association Salomon, éd. de Conti, mars 2008.

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