DOMINIQUE INGRES (1780-1867) - Caroline Rivière
"D'après Ingres - Caroline Rivière", 2010, acrylique sur toile, 35 x 27 cm.
« Les lois de la raison et du bon goût sont éternelles et les gens de génie n'ont pas besoin qu'on les leur apprenne. Mais rien ne leur est plus mortel que les prétendues règles, manières, conventions, qu'ils trouvent établies dans les écoles, la séduction même que peinent à exercer sur eux des méthodes d'exécution qui ne sont pas conformes à leur manière de sentir et de rendre la nature. » Eugène Delacroix.
Etudes esthétiques.
La peinture intitulée "D'après Ingres - Caroline Rivière", a été peinte d’après "Mademoiselle Caroline Rivière" (1806), huile sur toile (100 x 70 cm.), de Jean-Auguste-Dominique Ingres (1780-1867), exposée au Musée du Louvre.
Jean-Auguste-Dominique Ingres (1) a acquis les bases de son métier auprès de son père, le décorateur Jean Marie Joseph Ingres (1755-1814), il entre à l’Académie des Beaux Arts de Toulouse à l’âge de 11 ans, où il eut pour maîtres Joseph Roques (1756-1847), Jean Briant (1760-1799) et le sculpteur Jean-Pierre Vigan (…-1829). En 1797, Ingres monte à Paris et s’inscrit à l’Ecole des Beaux-Arts et dans l’atelier de Jacques-Louis David (1748-1825). Ingres est reçu au concours du Prix de Rome en 1801 avec "Les Ambassadeurs d’Agamemnon" Huile sur toile (110 x 155 cm.), conservé à l’Ecole nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris. Dans cette œuvre apparaît déjà tout le talent d’Ingres : érudition visuelle, maîtrise des modèles antiques, virtuosité technique… En attendant de partir à Rome pour peindre à la Villa Médicis, Ingres est amené à rechercher des commandes sur Paris. Ce sont alors ses premiers essais dans le genre du portrait peint avec notamment : "Monsieur Rivière" (format carré), "Madame Rivière" (format rond) et "Mademoiselle Rivière" (format cintré), ce dernier tableau étant avec "La Grande Odalisque", ou "Le Bain turc" des icônes majeures de la peinture occidentale, et comptant parmi les tableaux favoris des visiteurs du Louvre. Caroline Rivière avait 13 ans lorsque Ingres peignit ce portrait d'une petite fille à tête de femme qui concentre toute la sensualité et toutes les audaces formelles du maître de Montauban. Ce mirage a marqué des générations d'artistes. Caroline Rivière devait mourir un an plus tard, laissant ce tableau si clair, presque blanc, en testament.
« C'est en se rendant familières les inventions des autres qu'on apprend à inventer soi-même » Ingres.
L'autorité picturale d'Ingres, tempérament peu imaginatif et toujours dépendant du modèle, vivant ou peint, est cependant telle que les emprunts s'amalgament totalement à son propre style. En 1855, Charles Baudelaire (1821-1867) remarquait dans son compte rendu de l’Exposition universelle : « Aux gens du monde, M. Ingres s’imposait par un emphatique amour de l’Antiquité et de la tradition. Aux excentriques, aux blasés, à mille esprits délicats toujours en quête de nouveautés, même de nouveautés amères, il plaisait par la bizarrerie. » Au Salon de 1806, le public et la critique reprochent aux portraits des Rivière d'imiter Jan Van Eyck (1390-1441) avec extravagance. De Rome, Ingres s'indigne : « Du gothique dans Madame Rivière, sa fille, je me perds, je ne les entends plus… »
Jean-Bernard Pouchous.
Bibliographie :
-1- Gary Tinterow, Phillip Consibee, Philip Conisbee, Portraits by Ingres: Image of an Epoch, Ed. Yale University Press, 2000.