GIRODET - Notz Botzaris
"D'après Girodet - Notz Botzaris", 2010, acrylique sur toile, 35 x 27 cm.
« Nous sommes tous enrégimentés quoique nous portions point l’uniforme ; pinceau à droite, crayon à gauche. En avant marche - et nous marchons. » Lettre de Girodet à Julie Candeille, 1807 (1).
Mameluck.
La peinture intitulée "D'après Girodet - Notz Botzaris", a été peinte d’après "Portrait dit de Notz Botzaris" (1826), huile sur toile (54,9 x 46,4 cm.), de Anne-Louis Girodet (1767-1824), conservée en collection particulière.
En 1798, Napoléon Bonaparte (1769-1821) écrase les Mamelouks (2) de Mourad Bey (1750-1801) à la bataille des pyramides (An VI, 1798). Il choisit l'un d'eux, Roustam Raza (1782-1845) (3) pour l'attacher à son service personnel jusqu'à la fin du premier empire. « Tout étranger qui vient à Paris veut le voir ». La confiance de Napoléon envers Roustam était sans limite : il couchait sur le seuil de l'Empereur, parfois même en travers de sa porte...
J’imagine que Notz Botzaris représenté par Girodet est un des Mamelouks de la garde impériale stationnée à Paris. Pendant la Campagne d'Égypte, une partie des Mamelouks se rallie à Napoléon et le suit en France. Ils forment un escadron de la garde et servent notamment à la bataille d'Austerlitz (1805). Présents parmi les troupes d'occupation françaises à Madrid au moment de la révolte de 1808 au cours laquelle ils combattent les madrilènes révoltés, ils ont été une cause supplémentaire de la haine des Espagnols contre Napoléon, ceux-ci refusant d'être occupés par des combattants musulmans. Le tableau "Dos de Mayo" (1814), huile sur toile (266 x 345 cm.) du Musée du Prado à Madrid, également appelé "La Charge des mamelouks", de Francisco de Goya (1746-1828), représente une scène ayant eu lieu le 2 mai 1808 à Madrid, lors d'une révolte contre Joseph Bonaparte (1768-1844). Sur ce tableau, les patriotes espagnols s'attaquent à des Mamelouks, combattant aux côtés de l'armée française. L’Empereur, pour envahir le Portugal avait occupé l'Espagne en contraint le roi d'Espagne à abdiquer, puis donné son trône à son frère, qui devient alors roi d'Espagne (sous le nom de Joseph I). Après la chute du Premier Empire (1804/1814) ils sont dispersés. Les derniers d'entre eux sont assassinés à Marseille pendant la Terreur blanche de 1815.
Une partie importante de l’œuvre de Girodet est consacrée à la glorification de Napoléon. Il célèbre l’Empereur avec "Napoléon 1er en tenu de sacre" (1812), huile sur toile (2,25 x 1,47 cm.) conservé au Musée national du château de Fontainebleau et exécuta également des commandes de peintures d'histoire qui iront au musée de l'histoire de France à Versailles sous Louis XVIII : "Napoléon recevant les clés de la ville de Vienne le 14 novembre 1805" (1805), huile sur toile (380 x 532 cm.), conservé au Musée national du Château de Versailles ; et 26 portraits de Napoléon entre 1812 et 1814. A la mort de son père adoptif Trioson, Anne-Louis Girodet de Roucy en 1812 hérita d’une fortune qui lui permit de vivre à sa guise et il ne produisit presque plus de peinture, consacrant son temps à la littérature et l’architecture. Girodet-Trioson illustre plusieurs ouvrages littéraires et artistiques, notamment de Jean Racine (1639-1699) mais aussi des ouvrages d'auteurs classiques, Virgile (-70 à -19), Anacréon (-550 à -464), Sapho (VII e. s. av. J.-C.). Il s'intéressera toujours à l'estampe, et il compte ainsi parmi les promoteurs de la lithographie en France sous la Restauration. De 1813 à 1814, Girodet réalise avec François, baron Gérard (1770-1837) les décors du château de Malmaison, il travaille à la décoration du château de Compiègne sur quatre scènes de "L’Histoire du Guerrier". En 1815, il devient membre de l’Académie des beaux-arts (Institut). En 1819, Girodet expose sa dernière grande œuvre "Pygmalion et Galathée" (1819), huile sur toile (2,53 x 2,02 cm.), conservée au Musée du Louvre. Charles Baudelaire (1821-1867) a salué en Girodet un des premiers peintres romantiques. Sa sépulture au Cimetière du Père-Lachaise est ornée d’un buste en marbre blanc, oeuvre du sculpteur Louis-Jean Desprèz (1743-1804).
Jean-Bernard Pouchous - 2011.
Bibliographie :
-1-Madeleine Lassère, Julie Candeille, Le portrait double : Julie Candeille et Girodet, éd. L'Harmattan, coll. Roman historique, 2005.
-2-Blondel-Avron/Zumero, Moise Zumero, Dernier Mamelouk de la Garde Imperiale, éd. Cabedita, 2009.
-3-Souvenirs de Roustam, Mamelouck de Napoléon 1er, éd. Jourdan Le Clercq, 2010.