FRANCISCO GOYA (1746-1825) - Autoportrait
"D'après Goya - Autoportrait", 2010, acrylique sur toile, 35 x 27 cm.
« Il n’est pire aveugle que celui qui ne veut pas voir. » Jean Soler (1).
Les Géants.
La peinture intitulée "D'après Goya - Autoportrait", a été peinte d’après " Autoportrait à 69 ans" (1815), huile sur toile (45 x 54 cm.), de Francisco Goya (1746-1828), exposée à la Royal Academy of San Fernando de Madrid.
Francisco José de Goya y Lucientes est un peintre et graveur espagnol, né à Fuendetodos, près de Saragosse en Aragon et mort en 1828 à Bordeaux en France. Goya est admis à l'Académie de Dessin (1759/1763) de José Luzán Martínez (1710-1785) à Saragosse, mais échoue plusieurs fois, entre 1763 et 1766 au concours d’entrée à l’Académie royale des beaux-arts de San Fernando de Madrid. Il reste pourtant dans la capitale pour parfaire sa formation auprès de Francisco Bayeu y Subias (1734-1795) "peintre de Chambre". Il a dû voir les chefs-d'œuvre contenus dans les collections royales, et notamment les fresques de Tiepolo. Après un séjour en Italie, il revient à Saragosse où il reçoit ses premières commandes grâce au prestige de son voyage à Rome et à parme où il a pu étudier les grands maîtres (2).
Goya épouse, en juillet 1773, la sœur du peintre Francisco Bayeu, Josefa Bayeu âgée de 26 ans. En 1775, le couple s'établit à Madrid où il vécut, entre 1779 et 1819, dans la rue de Desengaño. Ses premières commandes furent des tapisseries pour la manufacture royale de santa Barbara et destinées au palais de l’Escurial et du Prado pour le prince des Asturies, futur Charles IV d'Espagne (1788-1808). Ayant obtenu l'autorisation de graver les œuvres de Diego Vélasquez (1599-1660), Goya réalisa des aquatintes bientôt remarquées par Charles III d'Espagne (1716-1788). Entré ainsi au service de la famille royale, Goya s'intégra aux cercles des "Ilustrados", intellectuels progressistes influencés par les idées des "Lumières". C'est en 1783 qu'il entra au service de Louis Antoine de Bourbon (1727-1785) un frère du roi, réalisant pour lui plusieurs portraits de famille. Puis trouva un mécène en la personne du Marquis de Peñafiel futur Duc d'Osuna (1755–1807). En 1785, il devient directeur adjoint de la peinture à l'Académie royale des beaux-arts de San Fernando. L’année suivante, il est nommé peintre du roi d'Espagne. En 1778, Charles IV d'Espagne et son épouse Marie-Louise de Bourbon-Parme (1751-1819) arrivent au pouvoir, le faisant accéder au titre de peintre de la Chambre.
En 1789, la Révolution Française, dont Goya et ses amis partageaient certaines idées provoque la disgrâce des "Ilustrados", et dès 1790, l’artiste fut temporairement tenu éloigné de la Cour. En novembre 1792 il tombe gravement malade lors d'un voyage à Cadix et reste physiquement faible et définitivement sourd. Il apprend à lire sur les lèvres et le langage des signes. Cet événement qui le coupe du monde extérieur fut probablement à l'origine du changement de ses peintures qui devinrent plus sombres. C'est au tournant du siècle que Goya réalise ses plus grands chefs-d'œuvre notamment le célèbre portrait de groupe de "La famille de Charles IV" (1800), huile sur toile (200 x 336 cm.) et la sulfureuse "Maja nue" et "Maja vêtue" (1799-1800), huile sur toile (95 x 190 cm.) toutes deux conservées au Musée du Pradro de Madrid ; qui immortalise Pepita Tudó (1779-1869) maîtresse de Manuel Godoy (1767-1851) secrétaire d’état et homme politique espagnol, un « homme de génie » selon Napoléon Ier. (1769-1821).
L’invasion française de 1808 provoque une guerre d'indépendance nationaliste en Espagne. En 1810, Goya commence à graver "Les Désastres de la guerre" (3). Le soulèvement espagnol fut écrasé dans le sang par Louis Napoléon Murat (1801-1847). Le célèbre tableau de Goya "Tres de Mayo" (1814), huile sur toile (268 x 347 cm.) du Musée du Prado, rappelle les fusillades nées de cette répression. Joseph Bonaparte (1768-1844) devient le nouveau roi d’Espagne. Les Français, qui avaient affaire à une hydre à mille têtes, ne manquaient pourtant pas de partisans, qu'on appelait "Afrancesado" Pour beaucoup imprégnés des idées des Lumières, ces derniers espéraient que l’occupation française mette à bas la féodalité et l’absolutisme espagnols. Cette guerre d’Espagne se doublait donc d’une guerre civile impitoyable. En 1812, Josefa, son épouse meurt et les Cortes adoptent, à Cadix, la première constitution espagnole. Wellington (1769-1852) le futur vainqueur de "Waterloo" (1815) fait son entrée dans Madrid avec les troupes britanniques. En 1813 l’armée française recule jusqu’aux Pyrénées. Napoléon accepte par "le traité de valençay" le retour de l’ancien roi Ferdinand VII (1784-1833) qui avait détrôné ses parents en 1808, lors du "Soulèvement d'Aranjuez". Ecœuré par la politique réactionnaire de son souverain, Goya fixa ses désillusions dans les fameuses "Peintures noires" (1819/1823) (4), dont il décora les parois de sa "maison du sourd". En 1924, il part vivre à Bordeaux, lieu d'exil d'autres Afrancesados et s’adonne à la lithographie sur le thème de la tauromachie.
Jean-Bernard Pouchous - 2011.
Bibliographie :
-1- Jean Soler, La violence monothéiste, éd. de Fallois, coll. Littérature, 2009.
-2- Tzvetan Todorov, Goya à l'ombre des lumières, éd. Flammarion, 2011
-3- Jean-Pierre Dhainault, Goya politique, éd. Sulliver, coll. Arts et lettres, 2011.
-4- Yves Bonnefoy (Goya, les peintures noires, éd. William Blake And Co, 2006.