ANTON RAPHAEL MEUNGS (1728-1779) - Autoportrait
"D'après Meung - Autoportrait", 2010, acrylique sur toile, 35 x 27 cm.
« Comme la beauté humaine doit être conçue, pour être comprise, en une seule idée générale, j’ai remarqué que ceux qui ne sont attentifs qu’aux beautés du sexe féminin et qui ne sont pas ou guère émus par celles du nôtre ont rarement la faculté innée, globale et vive de ressentir la beauté en art. Cette beauté leur semblera imparfaite dans l’art des Grecs, vu que les plus grandes beautés de celui-ci relèvent davantage de notre sexe que de l’autre. » Johann Joachim Winckelmann (1).
Il se balade sur la toile en espérant vous prendre dans la sienne.
La peinture intitulée "D'après Meung - Autoportrait", a été peint d’après "Portrait de l'artiste" (1778), huile sur bois (56,5 x 43 cm.), de Raphaël Mengs (1728–1779) exposée Anton à la Staatliche Museen de Berlin.
Anton Raphaël Mengs peintre néoclassique, écrivain d’art allemand est né en Bohème à Aussig actuellement en République tchèque et mort à Rome. Son père Israël Mengs (1688-1764), est un peintre danois qui l’initie au dessin et à la peinture à l'huile, il a ainsi assimilé la leçon des portraitistes de l'Europe centrale comme Salomon Adler (1630-1709) et Johannes Kupecký (1667-1740). Son père l’emmène par la suite avec lui à Rome, où le jeune artiste fréquente l'Académie de peinture. Il étudie les œuvres de Michel-Ange (1475-1564) et Raphaël (1483-1520) et fréquente l'atelier de Marco Benefial (1684-1764) qui lui fait comprendre l'importance des Carrachi, Annibale (1560-1609), Agostino (1557-1602) et Ludovico (1555-1619). Il peint une "Sainte Famille" (1748) pour laquelle une jolie fille de paysans lui sert de modèle (1748). C'est Margarita Guazzi (1730-1778), avec laquelle il se marie et qui lui fait abjurer la foi protestante pour se convertir au catholicisme. À son retour à Dresde, en 1749, il est nommé premier peintre de la cour par Auguste III de Saxe (1696-1763), roi de Pologne. En 1752 il retourne à Rome et peint sa première œuvre monumentale, le plafond de Saint-Eusèbe (1757/58), baroque par sa composition et ses effets. L’artiste aurait fait le portrait de Giacomo Casanova (1725-1798) en 1760. Mengs peint pour le cardinal Albani la fresque du "Parnasse" (1760/63), inspirée par les peintures antiques découvertes récemment à Herculanum au pied du Vésuve (2). Avec cette oeuvre, le peintre rompt avec l’art du Baroque pour établir les bases du Classicisme académique qui fera sa gloire européenne. En 1761, Raphaël Mengs se rend à Madrid, sur l’invitation du roi Charles III d'Espagne (1716-1788) dont il fait le portrait, actuellement exposée au Musée du Prado. En 1770, il retourne à Rome et il est nommé prince de l'Académie de Saint-Luc et décore à fresque la Sala dei Papiri (Vatican) pour le pape Clément XIV (1705-1774). L’artiste est rappelé à Madrid pour peindre à fresque "L’Apothéose de Trajan" (1774, Palais royal). Sa dernière fresque en Espagne sera "Le Temps enlevant le Plaisir", pour le théâtre du château d'Aranjuez. C'est au cours de ce second séjour en Espagne, à la suggestion du peintre Francisco Bayeu y Subias (1734-1795), qu'il charge le jeune Goya d’exécuter des cartons de tapisseries. En 1777, l’artiste revient à Rome, son épouse Maragarita et meurt l’année suivante. À son époque, Anton Mengs est le plus grand peintre d'Europe. L’impératrice, autocrate de toutes les Russies, la Grande Catherine, Catherine II (1729-1796) lui fait élever un magnifique tombeau dans l'église Saint-Pierre. En 1755 il avait fait le portrait de Johann Joachim Winckelmann (1717-1768) (Metropolitan Museum of Art, New York City) dont il resta l'ami et le collaborateur toute sa vie. L’archéologue, antiquaire qui était historien de l’art allemand, l'initia à l'analyse stylistique des œuvres d'art de l'Antiquité.
En 1760 Meung peint le "Portrait de Giacomo Casanova" (1725-1798) le sulfureux auteur de "Histoire de ma vie", mémoires d’un séduisant aventurier vénitien, écrit en français (3). Illustre représentant du Classicisme académique, prônant le retour à la « manière simple et noble du bel antique », au beau idéal, à la pureté de la statuaire grecque et au dessin de Raphaël, il eut de nombreux élèves venus de tous les pays. Les plus importants sont Anton Maron (1733-1808), Christoph Unterberger (1732-1798) et surtout Martin Knoller (1725-1804). L'influence de Mengs en Angleterre fut considérable sur Gavin Hamilton (1723-1798), Benjamin West (1738-1820), James Barry (1741-1806). Leur nouvelle conception de la peinture d'histoire devait avoir une grande incidence sur la peinture française, en particulier sur Jacques-Louis David (1748-1825) (4).
Jean-Bernard Pouchous - 2010.
Bibliographie :
-1- Joachim Winckelmann, Laure Cahen-Maurel, Pensées sur l'imitation des oeuvres grecques en peinture et en sculpture, éd. Allia, 2005.
-2- Alix Barbet, Les cités enfouies du Vésuve : Pompéi, Herculanum, Stabies et autres lieux, éd. Fayard, 2001,
-3- Giacomo Casanova, Histoire de ma vie, éd. Robert Laffont, coll. Bouquins, 1993
-4- Anton Raphaël Mengs, Pensées sur la beauté et le goût dans la peinture, éd. Ensba - Ecole Nationale, Coll. Beaux-arts histoire 2000.