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21-HIGHT TECH SALAD


"Hight tech salad", 2006, acrylique sur toile, 80 x 40 cm.

« Memento homo, qui a pulvis es et in pulverem reverteris. »


Dialectique.

La forme peinte dans les tons verts, représentée en haut de ce tableau intitulé "Hight tech salad" est celle d’un camélia séché. Deux baguettes chinoises retiennent cette fleur au-dessus d’un mini pot en terre cuite orange. Cette composition est posée sur une cordelette en nylon vert roulée sur elle-même et nouée. Le fond de cette peinture représente la couverture en aluminium d’un vieux livre poussiéreux traitant de vieille modernité

« Memento homo, qui a pulvis es et in pulverem reverteris. »

Pour m’adapter à un lectorat critique, je reprends ma description de haut en bas en utilisant anacoluthe (1), digression et glissement sémantique (2), type "coup de Jarnac" (3). Le camélia une des plus belles plantes du monde. Originaire de Chine il a été mis à la mode par Marie-Joseph-Rose de Tascher de la Pagerie (1763-1814) (4), plus connue sous le nom de Joséphine de Beauharnais, une des plus belles femmes de son temps, Impératrice des Français de 1804 à 1809.

C’est l’époque des plantes séchées, des herbiers de la taxinomie, de la systématique et de la typification indispensable à la botanique, science par excellence en ces temps napoléoniens. La taxinomie est la science qui a pour objet de décrire les organismes vivants et de les regrouper en entités appelées taxons (familles, genres, espèces, etc.) afin de pouvoir les nommer et les classer. C’est aussi la science des lois et règles qui déterminent l’établissement des méthodes et systèmes de classement (La systématique). Un type est un élément de référence attaché à un nom scientifique (et non pas à un taxon), à partir duquel une espèce vivante (ou ayant vécu), a été décrite (5). En ces temps d’écologie, de nombreux marcheurs réalisent des herbiers de fleurs sauvages (6).

Donc nous sommes là avec notre camélia séché dans l’univers des débuts de la science et de la beauté. Nous allons maintenant taxinimier, systématiser et typifier cette beautée. Les camellias sont tout aussi bien la beauté de "la Dame aux camellias", "la Belle Doche" que "Marie Duplessis". En effet "la Dame aux camélias" d’Alexandre Dumas fils (1824-1895) (7), a été crée au théâtre du Vaudeville, place de la Bourse (?) à Paris en 1852 et jouée plus de 500 fois par Madame Veuve Doche, née Charlotte Eugénie de Plunkett (1821/1900). Elle jouait le rôle de Marguerite Gautier dont le personnage est inspiré de Marie Duplessis, née Rose Alphonsine Plessis (1824/1847), célèbre courtisane française morte de Phtisie.

« Pauvre fille ! on m’a dit qu’à votre heure dernière,

Un seul homme était là pour vous fermer les yeux,

Et que, sur le chemin qui mène au cimetière,

Vos amis d’autrefois étaient réduits à deux ! »

Alexandre Dumas fils (8).

« Lorsque je pense à la pauvre Marie Duplessis, la corde mystérieuse d’une élégie antique résonne dans mon cœur. » Franz Liszt (1811/1886).

"Le journal des Goncourt", fourmille d’informations et de citations plutôt venimeuses à son encontre : Fin février 1854 : Suzanne Lagier (1833-1893), une autre "horizontale" (sic) dit à l’artiste Louis-Alexandre Eustache Lorsay (1822-1871) : « Moi je ne suis pas une commerçante comme Mme Doche, C’est une femme à prix fixe. Son mollet, sa cuisse, "sa motte", les tétons qu’elle n’a pas, tout ça c’est étiqueté. Je ne saurais pas vendre des pruneaux, comment veux-tu que je débite mon cul ? ».

Dans cette histoire une autre dame a du jouer un rôle fort déterminant, c’est Adrienne Couvreur, dite Lecouvreur (1692-1730). Fille d'une blanchisseuse, elle devint une grande tragédienne notamment dans "Mithidate" de Jean Racine (1639-1669) (9), en 1717. Sa mort mystérieuse, sans doute par empoisonnement, fait de l'actrice elle-même une héroïne tragique. L'église lui interdit un enterrement chrétien, elle est donc enterrée à la sauvette par des amis du Maréchal Maurice de Saxe (1696-1750) et de François Marie Arouet, dit Voltaire (1694-1778), dans le marais de la Grenouillère (actuel Champs-de-Mars) (10). Voltaire conclut son ode sur La mort de Mlle Lecouvreur Sénecé (11), par ces vers :

Dieux ! Pourquoi mon pays n'est-il plus la patrie

Et de la gloire et des talents ?

Pour dédramatiser nos connaissances en botanique citons une autre belle plante comme celle que dans son opéra "La Traviata" (créé au Teatro La Fenice, Venise, en 1853), Giuseppe Fortunino Francesco Verdi (18013-1901) (12), nomma "Violetta Valery", créature inspirée traits pour traits par "la Dame aux camélias" de Dumas et don la voix fut immortalisée en 1955 à la Scalla de Milan par Maria Callas (1923-1977) (13).

Recentrons notre exploration picturale de "Hight tech salad" sur la petite potiche et la tête de nœud. Contrairement à ce que pourraient croire les "fans de l’AC", ce n’est pas un petit Jean-Pierre Raynaud (1939-…) (14), pas de pot ! C’est simplement une imitation. Pour ce qui est du noeud sur lequel repose le "pot-au-rose", il s’agit, métaphoriquement parlant, tout simplement d’un lien entre le haut et le bas de l’image, une connexion verte écolo. arrogante pour sauver la planète comme le dirait un animateur au "JT". En bas et en arrière plan, il s’agit de la couverture d’un livre moderne façon "heavy métal" des années 80, intitulé "High Tech". Il symbolise la spéculation scientifique, ce mot a été un des nombreux "buzzword" de ma génération.

Les "buzzwords" sont nés dans ces mêmes années 80. Le plus connu, presque mort aujourd’hui, est le mot "multimédia". En français d’autres ont encore cours aujourd’hui comme : « Adéquation, Faisabilité, Matriciel, Problématique, Shéma directeur, Impacter, Solution, Synergie, transversal, Web 2.0 et Web 3.0, etc... » ; ce sont des mots fourre-tout employés en langue de bois Ils servent à jouer au "Business loto" ou "buzzword bingo" ou "bullshit bingo", lors de réunion en entreprise ou dans la fonction publique chez les employés de bureau qui brassent des papiers à la pelle... et s'ennuie. Il s’agit de remplir des grilles avec des "buzzwords" entendus et de crier "bingo !" quand les cases sont remplies (15).

Jean-Bernard Pouchous - 2009.

Bibliographie :

-1- Philippe A. Boiry, Oxymores et anacoluthes, éd. Nouvelle Pléiade, 2001.

-2- Bernard Cocula, Sémantique de l’image : Pour une approche méthodique des messages visuels, éd. Delagrave, coll. Belloc, 1999.

-3- Gérard Hubert-Richou, Le fameux coup de Jarnac, éd. Flammarion, 2004.

-4- Andrea Stuart, traduction Myriam Borel, La rose de Martinique : La vie de Joséphine de Beauharnais, éd. Librairie Académique Perrin, 2006.

-5- Bernard Boullard, Dictionnaire de botanique, éd. Ellipses Marketing, 1998.

-6- Jean-Marie Pelt, Herbier de fleurs sauvage, éd. du Chêne, 2009.

-7- Alexandre Dumas fils, La Dame aux camélias, éd. Pocket, coll. Classiques, 1998.

-8- Zsolt Harsanyi, La vie de Liszt est un roman, éd. Actes Sud, coll. babel, 2001.

-9- Jean Racine, Georges Forestier, Mithridate, éd. Gallimard, coll. Folio Théâtre, 2001.

-10- Christiane Marciano-Jacob, Adrienne Lecouvreur : L'excommunication et la gloire, éd. Coprur, 2003.

-11- Michel Delon, Pierre Malandain, Littérature française du XVIIIe siècle, éd. PUF, coll. Premier cycle, 1996.

-12- Michel Orcel, Verdi : la vie - le mélodrame, éd. Grasset, 2001.

-13- Henry-Jean Servat, Maria Callas, éd. Albin Michel, coll. Beaux Livres, 2007.

-14- Jean Pierre Raynaud, Un jardinier dans la ville, éd. Fondation Cartier, 1998.

-15- Max, Le blog de Max, éd. Robert Laffont, 2005.

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