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CULTURE


"Nue intérieur", 1979, pastel sur papier arche, 70 x 100 cm.

«Tout acte manqué est un discours réussi, voire assez joliment tourné » phrase de Jacques Lacan qui serait un imposteur intellectuel selon Alan Sokal et Jean Bricmont (1).


Délimitation.

Pour Aristote, l’aporie ou une quelconque difficulté à résoudre un problème, est une question qui place le lecteur ou l’auditeur dans l’embarras pour trancher entre deux affirmations.

Le philosophe Jacques Derrida (1930-2004), dans "Apories", p. 50-51, distingue trois types de frontières, ou de “limites frontalières” : « ... d'une part celles qui séparent les territoires, les pays, les nations, les Etats, les langues et les cultures (et les disciplines politico-anthropologiques qui leur correspondent), d'autre part les partages entre les domaines du discours, par exemple la philosophie, les sciences anthropologiques voire la théologie, domaines qu'on a pu figurer comme des régions ou des territoires ontologiques ou onto-théologiques, parfois comme des savoirs ou des recherches disciplinaires, dans une encyclopédie ou dans une université idéale, (...) enfin, et troisièmement, (...) les lignes de séparation, de délimitation ou d'opposition entre les déterminations conceptuelles, les formes du bord entre ce qu'on appelle des concepts ou des termes qui recoupent et surdéterminent nécessairement les deux premiers types de terminalité. » (2).

La pensée "aporétique" peut chercher à dépasser ces contradictions, et alors pour le philosophe, elle devient dialectique. La dialectique met à plat des points de vue différents pour en permettre une synthèse. Par contre le scepticisme se borne à ne pas trancher tant que les conditions ne sont pas réunies pour le faire. L’agnosticisme veut ignorer ce que nous ne pouvons connaître, du moins tant que nous ne pouvons pas le connaître. Le sophisme ne constitue pas une école de pensée, mais un modèle de raisonnement basé essentiellement sur l’éloquence afin de séduire la masse et ce dans le but d’œuvrer pour le bien d’une minorité ou de faire passer un message qui ne correspond pas à la réalité (intentionnellement ou non).

L’aporie se borne à constater que ce qui est. C’est l’existentialisme.

« Il n’est d’autre connaissance qu’intuitive. La déduction et le discours, improprement appelés connaissance, ne sont que des instruments qui conduisent à l’intuition ». Jean Paul Sartre.

Pour Derrida, l’éducation fonctionne dans l’aporétique de la maîtrise et de l’autonomie: l’éducateur veut maîtriser son enseignement mais son but est aussi que l’élève devienne autonome. Ces deux intentions coexistent et se concurrencent mais si l’une "l’emportait sur l’autre", il n’y aurait plus d’éducation possible, ou plus le même type d’éducation. La "sensation" prend donc corps au sein d’un "horizon de sens" et c’est à partir de la signification du perçu qu’il peut y avoir des associations avec des expériences analogues (et non le contraire). Une impression ne peut pas "en réveiller d’autres". La perception n’est pas faite de données sensibles complétées par une “projection des souvenirs”.

Faire appel aux souvenirs présuppose précisément que les données sensibles se soient mises en forme et aient acquis un sens, alors que c’est ce sens que la "projection des souvenirs" était censée restituer.

Souvenirs d’Annecy, son lac, ses plages, ses touristes, ses cartes postales et ses souvenirs photographiques. Le lac d’Annecy était le terrain d’aventure de mon enfance jusqu’à la fin de l’adolescence. J’ai grandi là, entouré des montagnes dans cet environnement romantique et sauvage. Les pastels intitulés "Nue intérieur", "Nue et photographe" montrent des scènes passées au bord du lac avec des touristes et des anneciens. Sur les deux peintures extérieures de l’oeuvre intitulées intitulé "Retable Annecy", nous voyons au premier plan, la roselière d’Annecy le vieux. C’est une zone d’eau peu profonde où l’eau se réchauffe très vite il y poussent des roseaux et d’autres plantes aquatiques qui vont permettre aux cygnes, poules d’eau et aux colverts de se nourrir, mais également de se cacher et se reproduire. Depuis les années 70, le lac est ceinturé d’égouts de collecteur et d’installations de traitement des eaux intercommunales, Son eau est donc très propre et permet de s’adonner en de nombreux endroits à la natation et au plaisir de la baignade. L’été, la température de l’eau peut atteindre 24° C. C’est l’automne, un voilier 420 s’éloigne d’un ponton. Au loin entre le Roc de Chère et la rive de droite du Semnoz, les plus hauts sommets des Alpes dominent la perspective. La surface horizontale du lac s’étend tout en longueur vers une vallée qui sépare la chaîne des Aravis et le Massif des Bauges. Si vous prenez le bateau et allez à l’autre bout du lac, la même perspective mène à Ugine au pied du grand contrefort du Beaufortin. Si vous allez à gauche c’est Chamonix et le massif du Mont Blanc, si vous allez à droite c’est Albertville. De là vous montrez en Maurienne et par le tunnel de Fréjus vous rejoindrez le Piémont italien. Le lac d’Annecy a de tout temps inspiré de nombreux peintres, tous attirés par la lumière particulière et changeante qui se reflète dans ses eaux, ainsi Jean-Pierre Serralongue (1915-2007), Paul Cézanne (1839-1906), ou William Turner (1775-1851) (3), l’ont peint.

Jean-Bernard Pouchous - 2006.

Bibliographie :

-1- Alain Sokal, Jean Bricmont, Impostures intellectuelles, éd. LGF, coll. Livre de Poche, 1999.

-2- Jacques Derrida, Apories, éd. Galilée, coll. Incises, 1996.

-3- Eric Shanes, Cécile Capilla, Turner : Sa vie et ses chefs-d'oeuvre, éd. Parkstone, 2004.

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