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SASSOFERRATO (1609-1685) - Vierge en prière


"D’après Sassoferrato - Vierge en prière", 1992, acrylique sur toile, 35 x 27 cm.

« Mère et sœur, consolatrice et glorieuse, elle a été pendant vingt siècles l’inspiratrice des prières des hommes et des rêves des peintres. Nulle mieux qu’elle, la petite fille de nazareth », n’a su éveiller leur imagination, imposer à leur pinceau son image. Jacques Duquesne (1).


La vie apocryphe.

La peinture intitulée "D’après Sassoferrato - Vierge en prière", a été peinte d’après "La vierge en prière" (1640-1650), huile sur toile (73 x 58 cm.), de Il Sassoferrato (1609-1685), exposée à la National Gallery de Londres

Giovanni Battista Salvi dit Il Sassoferrato est un peintre italien baroque (2), né à Sassoferrato province d’Ancone dans la région des Marche, entre Rome et Florence dans l’Apennin cental. Il est apprenti chez son père Tarquinio Salvi, puis chez le Bolognais Domenichino (1581-1641), lui-même ancien élève d’Annibale Carracci (1560-1609). Son art est influencé par d’autres élèves de Carracci comme Francesco Albani (1578-1660) et surtout Guido Reni (1575-1642). L’influence d’Albrecht Dürer (1471-1528), de Guercino (1591-1666) et surtout de Raphaël (1483-1520) est forte. Il aurait connu à Rome en 1630, le peintre français Pierre Mignard (1612-1695). Sa production comme celle de Carlo Dolci (1616-1686) s'est surtout orientée vers la copie et la création de tableaux de dévotions privées, type de réalisation qui entrait dans le cadre de la politique de la Contre-réforme Catholique.

L’oeuvre de Sassoferrato "La vierge en prière" s’appelle aussi "La vie apocryphe de Marie", cette prière est curieuse et laisse songeur, sachant que l’Evangile ne dit rien de l’enfance de Marie. Des générations de chrétiens ont appris que son père se nommait Joachim et sa mère Anne, qu’ils vivaient saintement, qu’à leur grand désespoir Anne était stérile, mais qu’une grâce miraculeuse lui permit enfin d’enfanter. Tous ces récits proviennent des "Apocryphes" (3). Evangiles et épîtres dont l’Eglise n’a pas admis l’entrée dans l’Ecriture Sainte parce qu’elle nourrissait des doutes sur leur origine, ou parce qu’ils étaient issus de groupes hérétiques ou dissidents, nombreux dans les premiers siècles. C’est surtout le Protévangile de Jacques qui est riche en récits concernant Marie. Il a été écrit au III e. siècle. Ce texte intitulé "Naissance de Marie, révélations de Jacques" a puissamment contribué au développement des légendes mariales. Il indique notamment que Marie a été reçue à trois ans au Temple de Jérusalem (4). Cet épisode, a été immortalisé dans la magistrale composition du Titien (1477-1576) (5), intitulée "La Présentation de la Vierge", exposée Gallerie dell’Accademie à Venise. Pourtant sa version n’est guère compatible avec ce que nous savons des traditions juives et des lois qui régissent le temple de Jérusalem. Il est inimaginable qu’une petite fille pénètre dans le temple juif, lieu de culte réservé au prêtre seulement dans les circonstances solennelles. La liturgie catholique fête néanmoins chaque année depuis le XIV e. siècle la "Présentation de la Vierge Marie" pour célébrer la disponibilité de celle-ci à l’appel divin. Dans bien des séminaires les promesses ecclésiastiques et les vœux de religion ont été, pendant des siècles, renouvelés ce jour-là, le 21 novembre. Le "Protévangile" de Jacques le Mineur (6), multiplie les assertions merveilleuses ou étonnantes. Il raconte par exemple que, désireuse de vérifier la virginité de Marie après la naissance de Jésus, tout comme Thomas qui voulait toucher les plaies du Christ ressuscité, la sage-femme Salomé aurait vu sa main se dessécher aussitôt. Il laisse pressentir ce qui deviendra en 1854 le dogme de l’immaculée Conception. Marie est le seul être humain non marqué par le péché originel. Ce dogme qui ratifie une croyance populaire ancienne illustrée par de nombreux artiste qui à l’instar de Diégo Vélasquez (1599-1660) (7), présentent alors la Vierge tel Isis, dans les nuées, la lune ou la terre à ses pieds, les étoiles lui faisant couronne dans "La vierge de l’immaculée conception", exposée à la National Gallery de Londres.

Tous les descendants de Sem, fils aîné de Noé, de langues sémitiques notamment arabes musulmans cite Marie (Myriam) :« Nous soufflâmes notre esprit à celle qui a conservé sa virginité; nous la constituâmes, avec son fils, un signe pour l'univers. » Coran. La sourate XXI, "Les prophètes".

Pour expliquer la naissance miraculeuse de la Vierge, comme pour justifier son "Immaculée Conception", les apocryphes racontent de bien jolies histoires. "Hannah" qui signifie « grâce » en hébreu, Anne la mère de Marie, sainte Anne grand-mère de Jésus de Nazareth, l’aurait conçue en respirant une rose. Mais le récit le plus souvent répété veut que, Joachim ayant rencontré Anne à la Porte Dorée de Jérusalem, une inspiration divine l’aurait poussé à l’embrasser et de ce chaste baiser serait née Marie.

Jean-Bernard Pouchous - 2009.

Bibliographie :

-1- Jacques Duquesne, Marie, éd. Fixot, 1988.

-2- Arnaldo Fortini, Frate Pietro da Assisi : Primo maestro di Bartolo da Sassoferrato, éd. Giuffré, 1962.

-3- Edouard Cothenet, Les apocryphes chrétiens et leurs légendes, éd. Desclée de Brouwer, 2009.

-4- Frédéric Manns, Que sait-on de Marie et de la Nativité?, éd. Bayard Centurion, coll. Etudes et Essais, 2006.

-5- Phillips Claude Sir, Titien, éd. Parkstone Inte, coll. Temporis, 2008.

-6- René Nouailhat, Les premiers christianismes, éd. Errance, coll. Le Jardin des Hespérides, 1991.

-7- Yves Bittineau, Vélasquez -1599-1660, éd. Citadelle & Mazenod, 1998.

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