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XVII e. siècle - Guido Gagnacci (1601-1681).

Le XVII e. siècle est marqué par l'assassinat du roi Henri IV en 1610 et devient le siècle des grands personnages de l’histoire de l’Europe. Le règne de Louis XIII (1610-1643) est marqué par la régence de Marie de Médicis jusqu'en 1617 et la figure du Cardinal de Richelieu jusqu'en 1642 ; puis Le règne de Louis XIV (1643-1715) est marqué au début par la régence d'Anne d'Autriche et du Cardinal Mazarin et la Fronde (1648-1653), puis par l’apogée de la monarchie absolue, la construction du Château de Versailles et la "Révocation de l'édit de Nantes" en 1685. Parmi les grands hommes de France l’histoire retiendra Turenne (1611-1675), Maréchal de France ; Colbert (1619-1683), contrôleur général des finances, ministre de la Marine, de la Maison du Roi, des Manufactures et des Arts et Louvois (1641-1691), ministre de la Guerre de Louis XIV. En Angleterre, Oliver Cromwell (1599-1658), Lord protecteur du Commonwealth d'Angleterre, d'Écosse et d'Irlande de 1653 à 1658, accède au pouvoir à la suite de la "Révolution anglaise", puis Charles II d'Angleterre (1630-1685), fils de Charles Ier d'Angleterre, accède au trône anglais lors de la "Restauration de la monarchie" en 1660. Johan de Witt (1625-1672), mathématicien et grand pensionnaire de Hollande aux États généraux, tête dirigeante de la "République des Provinces-Unies" de 1653 à 1672, mène de front les guerres anglo-néerlandaises. Guillaume III (1650-1702), "stathouder" de cinq des sept provinces néerlandaises puis instigateur de la "Glorieuse Révolution anglaise", mène l'invasion néerlandaise (1688- 1689) qui le couronne roi-consort d'Angleterre et d'Écosse aux côtés de Marie Stuart, son épouse. Philippe IV d'Espagne devient roi des Espagnes et des Indes de 1621 à 1665 et Pierre le Grand est tsar et empereur de toute les Russies de 1682 à 1725. Le XVII e. siècle est surtout marqué par la naissance de la science moderne avec Galilée, par la guerre de Trente Ans (1618-1648), et par la colonisation européenne de toutes les Amériques, mais peut être bien plus encore par les "Lumières" mouvement culturel, philosophique, littéraire et intellectuel qui émerge dans la seconde moitié du XVII e. siècle avec des philosophes comme Spinoza, Locke, Bayle et Newton, avant de se répandre dans toute l'Europe, notamment en France, au XVIII e. siècle, où le e XVII e. siècle est appelé le "siècle des Lumières".

"D’après Gagnacci - Lucrèce", 1992, acrylique sur toile, 35 x 27 cm.

« L’amour n’est pas un feu que l’on tient dans la main. » Marguerite de Navarre (1492-1549) (1).


Vengeance.

La peinture intitulée "D’après Gagnacci - Lucrèce", a été peinte d’après "La Mort de Lucrèce" (1657), huile sur toile (87 x 66 cm.), de Guido Cagnacci (1601-1663), exposée au Musée des Beaux Arts de Lyon.

"La Mort de Lucrèce" de Guido Cagnacci (2) est généralement rattachée à la période tardive du Baroque italien, appartenant à l’école de Bologne. Cagnacci est surtout connu pour son tableau "La mort de Cléopâtre" (1658) exposé au Kunsthistorisches Museum de Vienne. Né à Santarcangelo di Romagna, près de Rimini, où il vit de 1627 à 1642, il part ensuite vivre à Forli en Emilie-Romagne chez le peintre Melozzo da Forlì (1438-1494). On le retrouve à Rome avec Il Guercino (1591-1666), Guido Reni (1575-1642), Simon Vouet (1590-1649), il aurait été l’élève de Ludovico Carracci (1555-1619). Sous l’identité de Guico Baldo Canlassi da Bologna il se lie d’amitié avec Nicolas Régnier (1591–1667) à Venise. En 1658, il part à Vienne, comme peintre à la cour de Leopold I de Habsbourg (1640-1705), Empereur des romains, roi de Hongrie et de Bohème. Une vie orageuse ponctuée par l’enlèvement d’une veuve aristocrate. Excentrique, peu fiable et de moralité douteuse, il a la réputation d’avoir apprécié la compagnie de modèles travestis, il mourra incompris de ses contemporains dans la capitale impériale autrichienne.

L’histoire de Lucrèce qui a inspirée ne nombreux artistes, est liée à l’histoire romaine.

Rome serait passée de la monarchie à la République, en 509 av. J.C. à la suite du viol de Lucrèce et de son suicide après avoir réclamé vengeance à son mari, son père et d’illustres membres de la gens patricienne des "Valerii Publicolae" (3).

« VIII. - Lucius Tarquin le tyrannique, le septième et le dernier des rois, vainquit les Volsques, nation située à peu de distance de la Ville, sur la route de la Campanie. Il soumit la cité de Gabies et Suessa Pometia, fit la paix avec les Toscans, et construisit sur le Capitole un temple à Jupiter. Plus tard, au siège d’Ardée, cité située à dix-huit milles de la Ville, il perdit la couronne. En effet, son fils, un Tarquin lui aussi, Tarquin le Jeune, avait violé une femme de la plus haute noblesse, Lucrèce, très vertueuse épouse de Collatin, et celle-ci, après s’être plainte de cette injure à son mari, à son père et à ses amis, s’était tuée sous leurs yeux. Pour la venger, Brutus, bien que parent lui-même de Tarquin, ameuta le peuple et ôta la royauté à Tarquin. Bientôt l’armée, qui sous les ordres du roi lui-même assiégeait la cité d’Ardée, abandonna elle aussi ce roi, et quand il vint pour entrer dans la Ville, il en trouva les portes fermées et s’en vit exclu. Après avoir exercé le pouvoir pendant vingt-cinq ans, il s’enfuit avec sa femme et ses enfants. Ainsi vit-on à Rome pendant deux cent quarante-trois ans sept rois se succéder, alors que Rome ne possédait encore qu’un empire s’étendant à peine, tout au plus, au quinzième milliaire. » Flavius Eutropius dit Eutrope (IV e. s. av. J.-C.) (4).

Lucrèce inspire d’autre réflexion à propos de ce qu’on appelle le "conflit sexuel" aux effets aussi inattendus qu’invraisemblables. C’est un concept forgé en écologie évolutive qui souligne que les organismes vivants sexués présentent une divergence d’intérêts dans l’évolution. Il existe une rivalité entre les mâles, une concurrence entre femelles et un conflit entre mâles et femelles (5). C’est la "guerre des sexes" (6). Tandis que les mâles peuvent augmenter leur nombre de descendants en multipliant les partenaires sexuels, les femelles ne peuvent accroître leur descendance par la polyandrie. Chez les drosophiles par exemple, la compétition spermatique entre les mâles peut conduire, à la production d’un sperme toxique qui altère la qualité du sperme d’un prédécesseur, mais la toxicité de ce sperme peut à son tour perturber la femelle au point de réduire sa survie. Le corps de la femelle est ici le lieu de cette guerre des sexes.

Ce conflit sexuel entraîne que la reproduction d’un sexe est augmentée au détriment de l’autre. Il en résulte un processus dit de "co-évolution antagoniste" où l’évolution d’un sexe perturbe le succès reproducteur de l’autre selon un modèle évolutif de "course aux armements" ou de "tir à la corde".

Lucrèce martyre de la condition féminine ?

« Si l’on dit que les hommes oppriment les femmes, le mari s’indigne, mais le fait est que c’est le code masculin, c’est la société élaborée par les mâles et dans leur intérêt qui a défini la condition féminine sous une forme qui est à présent pour les deux sexes une source de tourments. » Simone de Beauvoir (1908-1986 ) (7).

Jean-Bernard Pouchous - 2009.

Bibliographie :

-1- Marguerite de Navarre, Heptaméron, éd. LGF, coll. Classiques de poche, 1999.

-2- Giorgio. Pasini, Guido Cagnacci pittore (1601-1663). Guido Cagnacci painter (1601-1663), éd. Luisè, 1986.

-3- Lucien Jerphagnon, Histoire de la Rome antique, éd. Taillandier, coll. Antiquité, 2009.

-4- Eutrope, Abrégé de l’histoire romaine suivi de la description des provinces et de la ville de Rome par Sextus Rufus, éd. Paleo, coll. Sources histoire européenne, 2002.

-5- Hélène Michel-Wolfromm, Cette chose là. Les conflits sexuels de la femme française, éd. Bernard Grasset, 1971.

-6- Thierry Lode, La guerre des sexes chez les animaux: Une histoire naturelle de la sexualité, éd. Odile Jacob, coll. Science humaine, 2007.

-7- Simone de Beauvoir, La Force de l'âge, éd. Gallimard, coll. Folio, 1986.

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