GEORGES DE LA TOUR - Femme de la Diseuse
"D'après de La Tour - Femme de La Diseuse…", 2010, acrylique sur toile, 35 x 27 cm.
« L'ordre qui pourvoit aux puces et aux taupes pourvoit aussi aux hommes qui ont la patience pareille à se laisser gouverner que les puces et les taupes » Montaigne.
Diane Le Nerf.
La peinture intitulée "D'après de La Tour - Homme de La Diseuse…", a été peinte d’après "La Diseuse de bonne aventure" (1635), huile sur toile (102 x 123 cm.), de Georges de La Tour (1593/1652), exposée au Metropolitan Museum of Art de New York.
Artiste au confluent des cultures nordique, italienne et française, observateur pénétrant de la réalité quotidienne. Son goût prononcé pour les jeux de l'ombre et de la lumière font de lui un des continuateurs les plus originaux du Caravage (1).
Fils d'un boulanger de Vic-sur-Seille, dans l'évêché de Metz, milieu relativement aisé d'artisans et de petits propriétaires de l'ancienne France. Son mariage, en 1617, avec Diane Le Nerf, fille d'un argentier du duc de Lorraine Henri II (1563-1624), alliée à toute la noblesse locale, marque le début de son ascension sociale. En 1620, l'artiste décide de s'installer à Lunéville, berceau de la famille de sa femme, parce qu'il sait que le marché de la riche ville de Nancy lui est en grande partie fermé car dominé par Jacques de Bellange (1575-1616) et bientôt investi par Claude Deruet (1588-1660) et Jean Leclerc (1612-1672), de retour de Rome.
Conséquence de la "Guerre de Trente Ans" (1618/1648) Lunéville, où réside La Tour, est incendiée en 1638 et le peintre est obligé de quitter la ville pour se réfugier avec sa famille à Nancy. Il quitte alors la Lorraine et voyage à Paris. En 1639 il y reçoit le titre de "peintre ordinaire du roi" ainsi qu'un logement au Louvre. Le roi Louis XIII (1601-1643) acquière alors son "Saint Sébastien soigné par Irène" actuellement au Louvre. Mais dès que sa maison est reconstruite il est de retour à Lunéville. Le succès est toujours là puisque plusieurs fois le duc de la Ferté (1599-1681), gouverneur français de Lorraine, lui commande des œuvres, notamment des tableaux nocturnes. Les œuvres de la fin de sa vie représentent exclusivement des scènes religieuses. Très réputé à son époque, Georges de la Tour sombre ensuite dans l'oubli. Ses œuvres sont dispersées et même attribuées à d'autres peintres comme Louis Le Nain (1593-1648) voir Quentin de La Tour (1704-1788).
Plus de 260 ans après sa mort, en 1915, Georges de La Tour est redécouvert grâce à l’historien d’art allemand Hermann Voss (1884-1969) qui lui redonne sa place de grand caravagiste parmi les plus grands peintres français du XVIIe siècle. En 1934, treize des quinze tableaux alors attribués à l'artiste lorrain sont réunis pour la première fois dans l’exposition « Les Peintres de la Réalité en France au XVIIe siècle », organisée au musée de l’Orangerie à Paris.
En 1960, "La Diseuse de bonne aventure" est acquise par le Metropolitan Museum of Art de New York, ce qui nous interroge d'ailleurs sur l'autorisation de sortie du territoire français d'une œuvre de telle importance. Dans les années 70 l’oeuvre fut l'objet d'une polémique à propos de son authenticité, l'historienne du costume Diane de Marly (2) la considérant comme un faux sur la base des costumes des personnages qu'elle pensait invraisemblable, et au fait que l'inscription "merde" apparaissait sur le châle de la bohémienne. La restauration du tableau en 1981 a révélé qu'il s'agissait bien d'un authentique tableau XVII e. siècle, et que l'inscription avait pour origine une facétie de restaurateur.
Jean-Bernard Pouchous - 2011.
Bibliographie :
-1- Jean-Claude Le Floch, La Tour, Le Clair et L'Obscur, éd. Herscher, 1995
-2- Diane de Marly, Costume on the Stage 1600-1940, éd. Barnes & Noble Imports, 1982.