LE CARAVAGE - Judith
"D'après Le Caravage - Judith", 2011, acrylique sur toile, 35 x 27 cm.
« [...] elle se fit aussi belle que possible pour séduire les regards de tous les hommes qui la verraient. » Judith 10.4
Maîtrise.
La peinture intitulée "D'après Le Caravage - Judith", a été peinte d’après "Judith décapitant Holopherne" (1698), huile sur toile (145 x 95 cm.), du Caravage (1571-1610), exposée à Galerie Nationale d’art ancien de Rome.
Le livre de Judith est un livre deutérocanonique de la Bible. Il relate comment la belle et encore jeune veuve Judith écarte la menace d’une invasion assyrienne en allant décapiter le général ennemi Holopherne dans son camps, et restaure du même coup la foi du peuple juif en la puissance salvatrice de son Dieu.
« Elle s'avança alors vers la traverse du lit proche de la tête d'Holopherne, en détacha son cimeterre, puis s'approchant de la couche elle saisit la chevelure de l'homme et dit : Rends-moi forte en ce jour, Seigneur, Dieu d'Israël!. Par deux fois elle le frappa au cou, de toute sa force, et détacha sa tête. Elle fit ensuite rouler le corps loin du lit et enleva la draperie des colonnes. Peu après elle sortit et donna la tête d'Holopherne à sa servante, qui la mit dans la besace à vivres, et toutes deux sortirent du camp comme elles avaient coutume de le faire pour aller prier. Une fois le camp traversé elles contournèrent le ravin, gravirent la pente de Béthulie et parvinrent aux portes. » Judith 13.6-10
Evidemment que dans cette histoire beaucoup y voit une vaste métaphore. Le roi Nabuchodonosor pourrait être la transposition littéraire d’Antiochos IV né vers -215 et qui gouvernait le royaume séleucide de -175 à -164, date de sa mort. Ce souverain, figure de l'Antéchrist pour les chrétiens, persécuta les Juifs et provoqua la révolte des Maccabées. Holopherne pourrait correspondre à l'officier séleucide Nikanor dont Judas Maccabée trancha la tête, qu’il accrocha à l'enceinte de la citadelle de Jérusalem.
On comprend pourquoi Le Caravage, violent et aux mœurs sexuels dissolus s’intéresse à ce récit qui oppose la force et la virilité agressive masculine à la passivité du sexe faible. Tel Holopherne, la force du désir lui fait perdre la tête, alors que Judith utilise ses charmes pour tuer. Toute jeune et belle femme sait que les hommes dominent difficilement l’ivresse des sens et leur pulsion sexuelle et qu’ils succombent très facilement à leur plaisir.
Jean-Bernard Pouchous.
