VERONESE - "Lucretia" (1580)
"D’après Véronèse- Lucrétia", 2012, acrylique sur toile, 35 x 27 cm.
« Nous, les peintres, prenons des libertés tout comme les poètes et les fous » Véronèse.
Le triomphe de Venise.
La peinture intitulée "D’après Véronèse- Lucrétia", été peinte d’après "Lucrèce" (1580), huile sur toile (109 x 90,5 cm.), de Véronèse (1528-1588), exposée au Kunsthistorisches de Vienne en Autriche.
L’homme de lettres Francesco Sansovino (1521-1586) écrit dans son Guide de 1556 que Paolo Caliari, dit Véronèse, constituait avec Titien (1488-1576) et Le Tintoret (1518-1594) le triumvirat des plus grands peintres vénitiens.
Véronèse est connu comme un grand coloriste ainsi que pour ses décorations illusionnistes (trompe-l’œil) en fresque et huile. Ses travaux les plus connus sont des cycles narratifs raffinés, exécutés selon le style dramatique et coloré des maniéristes. Son père, Piero di Gabriele, est tailleur de pierre, avec son épouse, Catarina, ils eurent dix enfants dont Véronèse, qui fut le septième. Très jeune, il commence par travailler dans l'atelier paternel à Rome, puis devient apprenti chez l'un de ses oncles Antonio Badille qui deviendra plus tard son beau-père. Il étudie alors les œuvres des artistes de Vérone comme les fresques et tableaux de Giovanni Maria Falconetto (1468-1535), Domenico (1442-1518) et Francesco Morone (1471-1529, Girolamo Dai Libri (1474-1555), Giovanni Francesco Caroto (1480-1555), Francesco Torbido (1486-1562), etc.
En 1548, il quitte sa ville natale, il se rend quelque temps à Trévise où, en 1551, l'architecte Michele Sanmicheli (1484-1559) le charge, avec le peintre Giovanni Battista Zelotti (1526-1578) de décorer la villa Soranza, près de Castelfranco Veneto, qu'il venait de construire. Son travail y est remarqué par le cardinal Ercole Gonzague (1506-1563) qui, l'année suivante, lui commande un tableau pour la cathédrale de Mantoue, la "Tentation de saint Antoine" actuellement au Musée des beaux-arts de Caen. Par la suite, il décore la villa Emo à Fanzuolo, un hameau de la commune de Vedelago dans la province de Trévise, construite par l'architecte Andrea Palladio (1508-1580). En 1560, il fait un voyage d’étude de deux ans à Rome où il découvre Raphaël et Michel-Ange. Il s'installe à Venise en 1553. Les commandes officielles sont nombreuses car il est devenu le "peintre de la République". Il réalise les fresques des salles du conseil des Dix au palais des Doges. Il est devenu le peintre à la mode, le décorateur favori des nobles et des ecclésiastiques. Sa popularité dépasse le seul cadre de la ville et s'étend aux provinces avoisinantes. Il reçoit des commandes de toute nature, des fresques ou des tableaux, des sujets profanes ou sacrés, des allégories ou des portraits...
C'est entre 1562 et 1563, que Véronèse peint la plus célèbre de ses œuvres "Les Noces de Cana" huile sur toile (660 x 990 cm.) du Musée du Louvre, qui lui avait été commandée pour le réfectoire du monastère bénédictin de Penquesten situé sur l'Île de San Giorgio Maggiore, à Venise. La scène reflète les festivités qui étaient courantes à l'époque dans la vie vénitienne. La peinture est immense et contient plus d'une centaine de personnages, dont les portraits reconnaissables de Titien, de Tintoretto, et de Véronèse lui-même (1).
De retour dans sa ville natale de Vérone, en 1566, il épouse Elena Badile avec qui il a quatre enfants dont Carlo et Gabriele qui travaillèrent avec lui plus tard.
Véronèse réalise, au palais des Doges, le "Triomphe de Venise". Ce plafond situé dans la salle du Grand Conseil illustre l'idée émise dans le guide de Sansovino comme quoi la ville de Venise est comparable à la « Vierge, dont l'incorruptible pureté la protège des entreprises d'autrui et lui mérite le soutien du monde, car elle est seule restée entre toutes immaculée et préservée de la barbarie et de la tyrannie des empires ».
Il meurt d’une pneumonie à l'âge de 60 ans et est enterré dans l'église de San Sebastiano dont il avait peint un grand nombre de fresques. Il ne laisse pas d’école, mais son œuvre va influencer toute la peinture postérieure comme celle de Vélasquez (1599-1660) ou Rubens (1577-1640) puis, au XIX e. siècle, celle du romantique Delacroix (1798-1863).
Jean-Bernard Pouchous - 2013.
Bibliographie :
-1- Alessandra Zamperini, Denis-Armand Canal, Véronèse, éd. Imprimerie nationale, 2013.