17-ENCENS DU LADAKH
"Encens du Ladakh", 2006, acrylique sur toile, 80 x 40 cm.
« Jouis du jour présent. » Horace (-65/-8) (1).
Le toit du monde.
En hivers 1987, nous avons hébergé Catherine et moi, deux enfants Ladakhis de six/huit ans, officiellement invités par la ville de Paris, dans le cadre d’échanges internationaux.
Cette peinture intitulée "Enfants du Ladakh" leur est dédiée.
Leur pays le Ladakh est le plus grand district de l’État indien du Jammu-Kashmir ou Jammu-et-Cachemire, situé dans sa partie orientale et dont il occupe plus de la moitié de la superficie. Cependant, il est l’un des districts les moins peuplés du pays. Parfois appelé le Petit Tibet il est célèbre pour ses paysages montagneux de l’Himalaya et du Arakoram où grande partie de son territoire dépasse les 3.000 m. Les Ladakhis sont de culture bouddhiste tibétaine. La capitale est la ville de Leh.
Nos deux petits himalayens rayonnaient de santé, trapus, déterminés, ils arboraient de larges sourires contagieux suspendus à des pommettes rouge vif. Leur joie de vivre donnait envie à n’importe quel triste occidental de croquer la vie à pleine dent. Le soir de leur première nuit à la maison nos petits bouddhistes ont passé une heure à jouer avec les interrupteurs électriques puis à purifier leur chambre en brûlant des paquets de baguettes d’encens tout en psalmodiant un chant bouddhique. Enfin après de multiples remerciements, ils ont grignoté quelques nourritures séchées en leur possession et se sont couchés. Curieux de presque tout, les deux garçons parlaient dans leur langue maternelle avec suffisamment de messages non verbaux pertinents pour que la relation avec nos enfants fut joyeuse et pleine de rires complices. Parfois ils portaient une attention si claire et si radieuse sur nous que tout semblait tranquille, sympathique et silencieux. Le dernier soir nos petits montagnards comme ont les appelait, nous ont offert les deux cuillères en argent avec les pierres rouges et bleues représentées dans cette peinture intitulée "Encens du Ladakh". Ils voulaient ainsi nous remercier de les avoir loger pendant toute une semaine. En souvenir de ces charmants visiteurs, j’ai peint des baguettes d’encens posées sous la représentation de ces deux précieux présents, elles-mêmes posées avec soins, sur le velours vert d’un coussin. Au fond la broderie provient d’un vieux rideau de dentelle blanche hérité des arrière-grands-parents, il a fini son existence recyclée en chiffon pour artiste.
Nos heureux ruraux venaient d’une autre économie (2).
Jean-Bernard Pouchous - 2007.
Bibliographie :
-1- Horace, François Richard, Horace - Œuvres, éd. Flammarion, coll. Garnier Poésie étrangère, 1993.
-2- Dollfus Pascale, Lieu de neige et de genévriers : Organisation sociale et religieuse des communautés bouddhistes du Ladakh, éd. CNRS, coll. Etudes Himalayennes, 2005.
