Jean Clouet (1480/1541) - "François 1 er."
"D’après Clouet - François 1 er. ", 2010, acrylique sur toile, 35 x 27 cm.
« Ignores-tu donc que toute vie parfaite serait la fin de l'art ? Je me suis laissé dire que tu étais toi-même sur le point de sacrifier l'art à la perfection de ta vie ! » Robert Musil, L’Homme sans qualités (1).
Le Prince.
La peinture intitulée "D’après Clouet - François 1 er. ", a été peinte d’après "Portrait de François 1er. Roi de France" (1525), huile sur bois (96 x 74 cm.), de Jean Clouet (1480/1541), exposée au Musée du Louvre.
François Ier (1494-1547) (2), « Père des lettres et des arts », est l'un des premiers monarques à avoir compris que la protection des arts et le faste signalent le prince. Gouverner par les arts, c'est ce que l'Histoire retient de ce souverain, roi-bâtisseur et roi-mécène qui commanda de nombreuses œuvres d'art et entretint à la cour artistes et poètes.
Roi à vingt ans en 1515, il s'illustre d'emblée à Marignan (1515) lorsqu'il s'empare du Milanais. Cette victoire célébrée comme un triomphe ne réussit cependant pas à occulter durablement les difficultés d'un règne marqué par le long conflit avec l'empereur Charles Quint (1500-1558) et la grave défaite de Pavie en 1525 où il est fait prisonnier. Roi de guerre, roi-chevalier, François Ier est aussi un prince de la Renaissance qui s'entoure d'une cour importante conçue comme « le théâtre de sa majesté ». Admirateur de l'art italien, il fait venir de la péninsule des œuvres ainsi que des artistes qui travaillent pour lui, notamment à la réalisation de grands cycles décoratifs comme celui de la galerie de Fontainebleau. François Ier commande de nombreux portraits qui laissent transparaître sa conception d'un pouvoir qu'il entend accroître et incarner.
Jean Clouet le jeune (3), peintre français, succède à son père peintre connu sous le même nom, comme peintre du roi en 1541 et participe aux charges d'un peintre de cour (funérailles royales, armures, monnaies). Il peint des portraits des princes et des membres de la cour, alliant finesse raffinée et froide.
Le "Portrait de François 1er. roi de France" de Jean Clouet, est un portrait d'apparat, le monarque incarne l’idéal des souverains du XVIe siècle, il est représenté en buste, à mi-corps, vu de face, la tête légèrement de trois quarts vers la droite, portant sur le spectateur un regard de "Roi-Prince".
Ce que je retiens de ce roi, depuis mes cours d’histoire à l’école primaire de la République Française, à par "Marignan, 1515", c’est l’image d’un grand admirateur de l'art de vivre et de gouverner à l'italienne, qui s’inspira des modèles transalpins pour asseoir l'autorité de l'Etat, réorganiser les finances, imposer une langue commune.
François 1er. fit du français la langue officielle exclusive de l’administration et du droit, en lieu et place du latin. Avec la même ordonnance royale, François 1er. signe à Villers-Cotterêts dans l’Aisne, en 1539, l’obligation faite aux prêtres d’enregistrer les naissances et de tenir à jour un registre des baptêmes. C’est le début officiel de l’état civil en France et les premiers enregistrements avec filiation au monde.
François 1er. décida "la découverte officielle" du Canada en son nom, par Jacques Cartier (1491-1557) (4). En 1534, le malouin, atteint les côtes de terre-Neuve puis explore le golfe du Saint-Laurent. Il entre en contacte avec les premiers amérindiens, ceux de la Nation Micmac et un peu plus tard les Iroquois. Cartier fit deux autres expéditions, un deuxième voyage entre 1535/1536, qui l’emmena jusqu’à Hochelaga, un village iroquois aux environ du Mont royal, dans l’actuelle ville de Montréal au Québec. Le dernier voyage entre 1541 et 1542, était un projet de colonisation mené par Jean-François de La Rocque de Roberval (1500-1560) qui se solda par un échec. Il faudra attendre Samuel de Champlain (1567-1635) (5) pour que soit fonder la Ville de Québec en 1608 sous le règne du roi Henri IV de France (1553-1610). Mais ce n’est que dans les 18 derniers mois de sa vie, que le « Père de la Nouvelle-France », voit son rêve de colonisation se concrétiser, avec l'arrivée et l'établissement de quelques dizaines de familles de colons.
Jean-Bernard Pouchous - 2012.
Bibliographie ;
-1- Robert Musil, L’Homme sans qualités, éd. Seuil, coll. Points, 1995.
-2- Jack Lang, François 1er ou le Rêve italien, éd. Pocket, 1999.
-3- Etienne Jollet, Jean & François Clouet, éd. Lagune, 1997.
-4- Emile Chevalier, Jacques Cartier, éd. Dolo Press, 2008.
-5- David Hackett Fischer, éd. Boréal, 2011.