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LYON - 1977


3 photos du démontage de l’exposition organisée par la galerie Traboule 91 à Lyon en 1977

« Le christianisme a fait boire du poison à Éros: il n’en est pas mort, mais il est devenu vicieux. » Friedrich Wilhelm Nietzsche (1844-1900), "Par-delà le bien et le mal" (1).


Traboule 91. http://achoury.com/traboule_91.html

Série de peinture dite "pornographique" de Jean-Bernard Pouchous - Accompagnée des textes de Pierre Desmonceaux - Œuvres exposées par Robert Achoury à la galerie Traboule 91 de Lyon du 02/06/1976 au 02/07/1976.

14. Libération. 22 juin 1977 - POINTS DE VUES - Lyon : expo à Traboule 91

Je vous aime cadavre exquis (ou Hiroshima chez moi)

Ils reçoivent des cadavres dans leur petite galerie de la montée de la Grande côte, Achoury et Vidon, Et même dans leur appartement (hôtes charmants). Ils déjeunent, vivent en tête à tête avec les épaves d’une histoire suicidaire... Dachau, Hiroshima, non. types, Malville, peut-être. Ou simplement; ici et maintenant. Les cadavres, ils sont là, jusque dans leur lit, ou mollement accoudés. A l’évier. Indifférents aux trois gants de toilettes humides du matin, aux reliquats d’hier. Ils ont déjà perdu leurs tripes, 1eur visage, leur corps. Leur peau, c’est du vernis, décomposition. On pourrait dire castration, eh bien non. Car sur un cadavre nu qu’est-ce qui reste quand le corps s’est déchiré ? Quand la petite souffrance a. fait son chemin? Si, c’était un homme; une bite ? Si c’était une femme, un godemiché (ah non, ne ramène pas tout à la femme) ?

Je t’aime. Au rez de chaussée, autres cadavres; autre mort la mort – l’amour, ceux de Pouchous et Desmonceaux, planches anatomiques et textes sur (?) la pornographie. Dans un enchevêtrement de cadavres nus, qu’est ce qu’on voit ? Allons. Saintes Ni touches : des bites. Des grosses, des qui agressent. douloureusement tendues. vainement...(Hoh Ziz, ton zob encapuchonné de rose me fait bien marrer). Tous les Casanovas d’aujourd’hui : leur terreur de l’impuissance. Mâles du siècle.

Surfaces planes et froides, absence de plaisir - de désir. Où zones érogènes résonnent comme zones industrielles, zones d’aménagement concerté, zones à urbaniser en priorité ou pourquoi pas zones d’amé­nagement différé. Lourd et répétitif, Où l’on se rend compte de l’obscénité du capital et que la pornogra­phie est un stade bien archaïque de domination.

Si seulement, la pornographie c’était les autres... Si seulement c’était archaïque... on s’énerverait moins devant les planches anatomiques du sieur Pouchous.

Morale de l‘histoire : quand l’art veut dénoncer, Souvent il se fait avoir... Christine Colin.

« Notre civilisation iconophile et chrétienne regorge d’illustrations du nihilisme de la chair à travers un art qui figure presque essentiellement des fragments de la légende monothéiste: la saga de la Vierge Mère, celle de l’ange messager d’un sexe sans sexe, la fumisterie de l’incarnation d’une chair sans qualités, la Passion, la crucifixion, la mise au tombeau, la Pietà, la résurrection du corps glorieux, sans parler des scènes de martyres avec abondance de sang, d’instruments de torture, de cadavres mutilés. Cette iconographie éduque au corps chrétien.

L’époque n’est plus ni au livre ni à la peinture, mais à l’écran. Au Moyen Âge, la sculpture dans une église touche un maximum de personnes, puisque la plupart s ‘y rendent pour les offices. De même pour les peintures ou les scènes figurées sur les vitraux. Aujourd’hui, la lecture de livres ou la connaissance des arts relève de l’élite pendant que l’image pixellisée touche tous les publics: écran de télévision en premier lieu, écran de cinéma, écran de vidéo, écran d’ordinateur, écran de téléphone. Si l’on veut donc la diffusion de masse d’une pédagogie du sexe, l’écran s’impose comme le support le plus approprié.

Qu’y a -t-il de répréhensible dans la pornographie ? “Tout“, disent ceux qui s’y opposent; “rien“, ajoutent ceux qui la défendent; “son usage commercial“, ajouterai-je pour ma part, ce qui explique l’indigence du genre. Car la nullité de la pornographie ne procède pas de son essence, mais de son existence dans un marché où la misère sexuelle conduit nombre de personnes à consommer du sexe virtuel à défaut d’accéder au sexe réel, ce qui induit la production sans fin d’oeuvres calamiteuses.

La critique faite habituellement au cinéma pornographique de créer de la violence, de générer de l’agressivité, de produire des modèles de relations sexuelles à des adolescents sans points de repère, de corrompre la jeunesse donc (le vieux procès fait à Socrate !), d’induire les tournantes dans les banlieues, les viols et autres crimes sexuels, d’entraîner la misogynie, se trompe de cible: le cinéma pornographique, parce qu’il est abandonné aux seuls marchands du Temple capitalistes, formate un monde qui lui ressemble avec consumérisme, objectivation d’autrui, instauration de relations de domination et de servitude, exploitation des femmes, amoralisme cynique, destruction de la beauté, esthétique de la laideur, et tout ce qui montre l’époque libérale dans sa superbe…» Michel Onfray, "Le souci des plaisirs, construction d’une érotique solaire" (2).

Jean-Bernard Pouchous - 2008.

Bibliographie :

-1 Friedrich Wilhelm Nietzsche, Patrick Wotling, Par-delà le bien et le mal, éd. Gallimard, coll. Folio, 2000.

-2- Michel Onfray, Le souci des plaisirs – construction d’une érotique solaire, éd. Flammarion, 2008.

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