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XV e. siècle (1478 à 1483)


« Jusqu'à l'âge du progrès scientifique, les hommes ont admis une conti­nuation après la mort. On la constate dès les premières sépultures à offrandes du moustérien, et, encore aujourd'hui, en pleine période de scepti­cisme scientifique, apparaissent des modes affaiblis de continuité, ou des refus entêtés de l'anéantissement immédiat. Les idées de continuation constituent un fond commun à toutes les religions anciennes et au chris­tianisme.

Le christianisme a repris à son compte les considérations tradition­nelles du bon sens et des philosophes stoïciens sur la mortification de l'homme depuis sa naissance : « En naissant nous commençons à mourir et la fin commence à l'origine » (Manlius), lieu commun qu'on retrouve aussi bien chez saint Bernard et Bérulle que chez Montaigne. Il a de même repris l'idée très ancienne de survie dans un monde d'en bas, triste et gris, et l'idée plus récente, moins populaire, et plus rigoureuse, de jugement moral '.

Il a enfin récupéré les espoirs des religions de salut, en soumettant alors le salut de l'homme à l'incarnation et à la résurrection du Christ. Ainsi, dans le christianisme paulinien, la vie est-elle mort dans le péché, et la mort physique, accès à la vie éternelle.

On ne se trompe pas trop en ramenant à ces quelques lignes simples l'eschatologie chrétienne, héritière de plus vieilles croyances. Toutefois, à l'intérieur de cette très large définition, il y a de la place pour de nom­breux changements : les idées que les chrétiens se sont faites de la mort et de l'immortalité ont varié au cours des âges. Quel sens reconnaître à ces variations? Elles paraîtront mineures à un théologien philosophe, ou à un simple et pieux croyant, qui, l'un comme l'autre, tendent à dépouiller leur foi et à la ramener à ses fondements. A l'historien, au contraire, elles paraîtront pleines de sens, car il y reconnaîtra les signes visibles des chan­gements, d'autant plus profonds qu'inaperçus, de l'idée que l'homme, et pas nécessairement le chrétien, s'est faite de son destin. » Philippe Arles, L'homme devant la mort (1).


"D’après Mabuse - Deianira", 1992, acrylique sur toile, 35 x 27 cm.

« Celui qui refusera d'obéir à la volonté générale y sera contraint par tout le corps, ce qui ne signifie rien d'autre sinon qu'on le forcera d'être libre ». Rousseau.


Romaniste.

La peinture intitulée "D’après Mabuse - Deianira", a été peinte d’après "Hercules et Deianira" (1517), huile sur bois (36,8 x 26,6 cm.), de Jan Gossaert dit Mabuse (1478/1532), exposée à la Mildred Anna Williams Collection, The Barber Fine Art Museum de San Francisco.

Mabuse, parfois aussi nommé Maubeuge ou Jean de Maubeuge (1), est un peintre maniériste flamand de l'école dite des romanistes. Il apprend probablement son art à Bruges avant d'exercer à Anvers. Il travaille pour Philippe de Bourgogne (1464-1524), futur évêque d’Utrecht, qu’il accompagne en Italie et visite ainsi plusieurs villes d'Italie. Il retourne en Flandres avec son mécène, où il décore également le château de Soubourg avec un certain nombre de nus comportant une dimension érotique. Il travaille également pour Charles Quint (1500-1558) et Marguerite d’Autriche (1480-1530).

Héraclès, de son premier nom Alcide, fils de Zeus et d’Alcmène est l’un des héros les plus vénérés de la Grèce antique. La mythologie grecque lui prête un très grand nombre d’aventures qui le voient voyager à travers le monde connu des Doriens puis de toute la Méditerranée à partir de l’expansion de la grande Grèce, jusqu’aux Enfers, et dont les plus célèbres sont les douze travaux. Il est mentionné dans la littérature grecque dès Homère.

Héraclès correspond à l’Hercule de la mythologie romaine. L’Hercule des Romains est parfois dépeint comme moins violent que son alter ego grec dans les récits où il intervient et connaît quelques aventures se déroulant spécifiquement en Italie.

Héraclès s'est marié quatre fois au cours de sa vie. Sa première épouse fut Mégara. Plus tard, devenu esclave, il fut affranchi par Omphale, reine de Lydie et l'épousa. Il se battit ensuite contre le dieu-fleuve Achéloos pour l’amour de Déjanire. Après sa mort, il se maria sur l'Olympe avec la déesse de la jeunesse Hébé. Déjanire fille d’Oenée, roi de Calydon et d’Althée fut donc la dernière épouse mortelle d’Héraclès. "Les Trachiniennes" (-450/-440) (2) est une tragédie grecque écrite par Sophocle (-496 à -406) elle raconte la tragédie qui entoure et provoque la mort du héros Héraclès.

Déjanire, est sans nouvelle de son époux depuis quinze mois. Or elle sait par un oracle que la date de sa mort approche. Elle convoque Hyllos, son fils, afin qu'il parte à la rencontre de son père. Alors qu'Hyllos retrouve son géniteur, Lichas arrive au domaine de Déjanire. Lichas, messager et compagnon d'Héraclès, devance le héros. Il révèle à Déjanire qu'Héraclès a été retenu captif en Lydie puis qu'il est parti en guerre contre la cité d'Eurytos, roi d’Oechalie, d'où il ramène des captives. Parmi les filles qui accompagnent Lichas, un messager révèle à Déjanire que se trouve Iole, fille d'Eurytos, pour qui Héraclès a fait la guerre. Héraclès veut faire d'Iole, malgré elle, son amante.

Froissée et soucieuse de reconquérir son époux, Déjanire enduit une tunique du sang du centaure Nessos souillé du sang de l’hydre de Lerne, deux monstres tués par son mari. Elle remet la tunique à Lychas afin qu'il la remette à Héraclès. Quelque temps plus tard, Hyllos revient auprès de sa mère et l'accuse : la tunique qu'elle a offert à Héraclès l'a tué. Les sangs des monstres n'étaient pas un philtre d'amour mais un poison. Déjanire, au désespoir, se poignarde.

Hyllos revient auprès du corps d'Héraclès qui n'est en fait que mourant. Héraclès se laisse gagner une nouvelle fois par la colère et la démesure et demande qu'on lui amène Déjanire pour la tuer. Le héros qui a triomphé de douze travaux, d'innombrables monstres, est conscient que c'est le bras d'une simple mortelle qui met fin à sa vie. Hyllos apprend à son père la mort de sa mère. Héraclès livre alors ses dernières volontés. Hyllos jure de les respecter. Héraclès souhaite être conduit sur le mont sacré de l'Œta et incinéré afin de mettre fin à ses souffrances. Seul le feu, qui apportera la mort, pourra soulager les effets du poison. Cependant Hyllos s'oppose d'abord au dernier souhait de son père : Héraclès veut que son fils épouse Iole, la femme, cause de la tragédie. Hyllos est obligé, sous peine d'être parjure devant les dieux, d'épouser la fille d'Eurytos.

Bibliographie :

0- Philippe Arles, L'homme devant la mort - I. Le temps des gisants, éd. du Seuil, 1977.

-1- Maryan W. Ainsworth, Stijn Alsteens, Nadine Orenstein, La Renaissance de Jan Gossart : L'homme, le mythe et la sensualité - L'oeuvre complet, éd. Fonds Mercator, 2010.

-2- Les Trachiniennes, Sophocle, éd. Belles Lettres, coll. Théâtre grec et latin, 1989.

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