GRENOUILLES D'ENFER
08-F- "Grenouille de Malaisie" ; "Grenouille Dandrorate", 2008 ; "Dandrobate", 2010, acrylique sur toile, 16 x 22 cm.
Réalisme: « Art de dépeindre la nature telle qu”elle est vue par les crapauds. Charme qui ressort d’un paysage peint par une taupe, ou d’une histoire écrite par un asticot. » Ambrose Bierce (1842-1914), écrivain et journaliste américain (1).
08-F- Grenouilles d’enfer.
Nos grenouilles occidentales nous paraissent moins horribles que leurs homologues exotiques comme la "Grenouille de Malaisie" et les "Grenouilles Dandrorate" très colorées. Mais quand était-il pour nos ancêtres ?
L’an 406 avant J.-C., Les Grenouilles (2), une comédie d’Aristophane (-445/-385), est représentée à Athènes aux Lénéennes.
Introduction: Excédé par la médiocrité des poètes athéniens du moment, la mort du tragique Eschyle (-526 à -456) (L'Orestie) (3) et de Sophocle (- 496 à -406) (Œdipe) (4) ayant laissé un grand vide sur la scène, le dieu Dionysos décide de se rendre aux Enfers, accompagné de son esclave Xanthias, chercher Euripide le ramener parmi les vivants. Par sécurité, il se déguise en Héraclès, puisque celui-ci avait réussi à revenir vivant de l’au-delà. Après avoir envisagé les différents moyens d’accéder dans le monde des morts Dionysos vêtu d’une peau de lion, armé d’une massue et chaussé de cothurnes accompagné de son esclave monté sur un âne chargé de bagages, descend au bord du Styx. Dionysos est alors obligé par Charon, le passeur, de se mettre à la rame, car son esclave ne peut monter à bord et doit faire le tour à pied. Le chant du Choeur composé de grenouilles (d’où le titre de la pièce) accompagne faits et gestes.
« Un animal tranquille. Le chat grelotte, les pattes serrées contre sa pelote. La grenouille n’est pas pressée. Dans sa tête, elle prévoit de discuter avec les hommes, de palabrer, d’ergoter. Le bernard-L’hermite siffle le boléro de Ravel. La peur a succédé à la stupeur. On commence à craindre quelque chose de ces bêtes bizarres. Sérénité kodachrome. Sont-elles à la solde du Bon Dieu ou du Diable pour une raison obscure ? Vont-elles continuer longtemps Leur inquiétant manège ? Jean-Bernard POUCHOUS joue Les Milou, Les Mowgli, sur son épaule des oiseaux tiennent conférence. Figurant de contes embués de vapeurs et de brumes. Il rêve d’une plage Lointaine, que tous les animaux auraient squattérisé, comme une arche de Noé. L’œil du peintre reste fixé sur un amour de petit ouistiti armé d’un arc et d’une flèche empoisonnée. Des cornes lui ont poussé. Puis une queue. Il repose à terre par quatre pattes. Il y a dans cette poitrine une force à tirer une charrue. Le ciel sèche sur la corde à Linge. Des détritus pourpres jonchent le sol gris. Le front d’un grand jeune homme se balade entre deux clochers d’église. Ses jambes s’allongent jusqu’au bestiaire magique, ses doigts s’enroulent autour des arbres comme du chèvrefeuille ». Patrice Delbourg, texte à propos des bêtes de Pouchous, 1984.
« Les désirs ne peuvent s’étendre à ce que l’on ne connaît pas. » Ovide.
Jean-Bernard Pouchous - 2008.
08-Bibliographie
08-F-1- Ambrose Bierce, Pascale Haas, Le dictionnaire du Diable, éd. Librio, 2006.
08-F-3- Aristophane, trad. M. E. Lefranc, Les Grenouilles - comédie d’Aristophane - Texte grec avec notes en français, éd. Imprimerie de A. Delalain, 1832.
08-F-4- Jacqueline de Romilly, Jacqueline de Romilly raconte L'Orestie d'Eschyle, éd. Bayard Centurion, coll. La mémoire des œuvres, 2006.
08-F-5- Jean-Joseph Goux, Oedipe philosophe, éd. Aubier Montaigne, coll. La psychanalyse prise au mot, 1992.