CHRANACH L'ANCIEN - Luther
"D'après Chranach - Luther", 2010, acrylique sur toile, 35 x 27 cm.
« Da … mein Gewissen in den Worten Gottes gefangen ist, ich kann und will nichts widerrufen, weil es gefährlich und unmöglich ist, etwas gegen das Gewissen zu tun. Gott helfe mir. Amen. » Luther.
Conscience individuelle.
La peinture intitulée "D'après Chranach - Luther", a été peinte d’après "Portrait de Martin Luther" (1529), panneau d’une Diptyque, technique mixte sur bois de hêtre rouge (37 x 23 cm.), de Chranach L'Ancien (1472-1553), exposée au Musée régional de la Hesse.
En 1504, Lucas Cranach (1) devient, à Wittemberg, peintre de la cour des princes électeurs de Saxe et devient rapidement un personnage important de la ville. Il réalise des décors de châteaux, des retables, des portraits et surtout des tableaux à caractère profane, où Cranach décline le thème de Vénus et l’Amour, de Lucrèce, de Diane et les nymphes, ou du jugement de Pâris. Dans les œuvres de l’artiste, les sujets, païens ou non, sont prétextes à des nus d’un érotisme recherché, qui deviendront un stéréotype répété par un atelier devenu presque industriel. À Wittenberg, durant la même période, il fait la connaissance de Martin Luther (1483-1546), avec qui il se lie d’amitié (et dont il réalisera de nombreux portraits).
On fait généralement remonter les débuts du protestantisme, lorsque les étudiants du moine et docteur en théologie Luther réagissent à la campagne d’indulgences lancée par l'un des plus hauts dignitaires de l'Empire, Albert de Hohenzollern (1514-1545), prince-électeur de Mayence, en affichant sur la porte de l'église de Wittenberg une lettre rédigée par Luther constituée de 95 thèses, à la fois constat des dérives de l'Eglise, critique virulente des abus et solutions. En janvier, Martin Luther est excommunié ; en avril, sommé par l'envoyé du Pape de se rétracter devant la Diète de Worms, il répond qu'il ne le peut ni ne le veut, étant lié par la Parole de Dieu et par sa conscience. Invoqués ici pour la première fois, l'appel direct à Dieu et à la conscience individuelle sont des marqueurs du protestantisme.
Acquis aux idées luthériennes, Cranach participera dès lors à la création de l’iconographie protestante, représentant des thèmes chers à la Réforme, tirés de l’Ancien Testament et du Nouveau testament, introduisant quelquefois des citations de la Bible. Il peint également de nombreux portraits et scènes religieuses qui lui assurent la célébrité dans toute l’Europe. Propriétaire d’une pharmacie et d’une imprimerie, il est élu à trois reprises Bourgmestre de Wittemberg et conserva sa charge de peintre de la cour sous les électeurs Jean Ier de Saxe (1468-1532) et Jean-Frédéric Ier de Saxe (1503-1554), cour pour laquelle il peignit d’innombrables nus bibliques et mythologiques à l’érotisme allusif. Typique du style des Chranach "La Vénus" (1532), exposée au Städel Museum de Francfort, reprend un sujet très classique de la Renaissance pour en faire une œuvre d'un érotisme ambiguë.
En 1547, son protecteur Jean Frédéric de Saxe, dit le Magnanime (dont on peut voir le portrait (1531), exposée au Musée du Louvre), ayant été capturé après la Bataille de Muehlberg (Paix d'Augsbourg), Cranach accompagne sa captivité de 1550 à 1552, avant de revenir à Weimar, nouvelle résidence électorale, pour y mourir l’année suivante. Très prolifique, il aura produit plus de 400 œuvres, après sa mort, son fils Lucas Cranach continue l’activité de son père et de son atelier (2).
Jean-Bernard Pouchous.
Bibliographie :
-1- Marc Deroo, Cranach, éd. Herscher, 1996.
-2-Laurent Gagnebin et Raphaël Picon, Le protestantisme : La foi insoumise, éd. Flammarion, coll. Champs Essais, 2009.