ALBRECHT DURER (1471-1528) - Autoportrait
"D'après Dürer - Autoportrait", 2010, acrylique sur toile, 35 x 27 cm.
« Albert Dürer, dit-on parfois, a une couleur dure et sèche. Non point. Mais c'est un Allemand, c'est un généralisateur, ses compositions sont précises comme des constructions logiques; ses personnages sont solides comme des types essentiels. Voilà pourquoi son dessin est si appuyé et sa couleur si volontaire (...). En général, on peut dire que, chez les artistes très réfléchis comme ceux-là (Holbein et Dürer), le dessin est particulièrement serré et la couleur est d'une rigueur qui s'impose comme la vérité des mathématiques. » Auguste Rodin (1840-1917) (1).
La Nef des fous.
La peinture intitulée "D'après Dürer - Autoportrait", a été peinte d’après "Autoportrait au manteau à col de fourrure" (1500), huile sur bois de tilleul (67 x 49 cm.), de Albrecht Dürer (1471-1528) , exposée à l’Alte Pinakothek de Munich en Bavière, Allemagne.
Albrecht Dürer, né et mort à Nuremberg est un peintre, graveur et mathématicien Bavarois, il signera Albertus Dürer Noricus (de Nuremberg) ou Dürer Alemanus ou encore de son monogramme. La peinture "Autoportrait au manteau à col de fourrure" porte cette inscription : « Albertus Durerus Noricus ipsum me propriis sic effingebam coloribus œtatis anno XXVIII ». Il est le troisième enfant d'Albrecht Dürer l’ancien, orfèvre originaire de Hongrie et arrivé à Nuremberg en 1455. Selon la tradition familiale, Albrecht est lui aussi destiné au métier d'orfèvre. À 13 ans, il en devient donc l'apprenti pendant trois ans et apprend à se servir du burin et de la pointe. Voyant les dons de son fils pour le dessin, Albrecht l'ancien consent à ce qu’il entre comme apprenti, dans l'atelier du peintre Michael Wolgemut (1434-1519).
En 1491, Dürer entreprend un voyage à Colmar pour rendre visite à l'artiste Martin Schongauer (1450-1491), mais celui-ci meurt, alors que le jeune artiste est encore en route et n'arrivera à Colmar qu'en 1492. En 1494, Dürer rentre à Nuremberg pour se marier avec Agnès Frey (1475-1539). Après avoir effectué son tour de compagnon à travers l'Allemagne, il séjourne à deux reprises à Venise, en 1494 puis en 1505. Ce séjour le marque profondément. En 1507, Dürer rentre à Nuremberg et entreprend d'étudier les langues et les mathématiques. En 1512, il reçoit une pension de l'empereur Maximilien de Habsbourg (1459-1519) avec titres de noblesse en devenant le peintre de la cour. Dürer en fait le portrait. Au décès de l'empereur Maximilien Ier, il entreprend un voyage en Hollande en juillet 1520, pour récupérer une pension auprès du nouvel empereur Charles Quint (1500-1558). A cette occasion, il rencontre Erasme (1469-1536).
En 1526, Dürer peint un de ses chef-d’œuvres "Les Quatre Apôtres" exposé à l’Alte Pinakothek de Munich (2). Il est l'auteur de traités théoriques dont "Les Quatre Livres des proportions du corps humain" (1528) (3) et "Les Règles de la Peinture" publié en 1525 et traduit en 1557, par Louis Meigret (1510-1558) (4).
« Penser à Dürer veut dire aimer, sourire et se souvenir de soi. Cela veut dire comprendre ce qu'il y a de plus profond et en même temps de moins personnel en nous: ce qui se trouve en dehors et au dessous des limites charnelles de notre moi, mais qui détermine ce moi et qui le nourrit. C'est de l'histoire comme mythe, de l'histoire qui est toujours chair et toujours temps présent, car nous sommes beaucoup moins des individus que nous l'espérons ou le craignons. » Thomas Mann (1875-1955) (5).
Albrecht Dürer, illustre plusieurs ouvrages, tels que "L'Arc triomphal" et "Le Char triomphal de Maximilien" , "La Passion de Jésus-Christ" , "L'Apocalypse", "L'Histoire de la vierge Marie", et "La Nef des fous" (1498) de Sébastien Brant (1458-1521).
« L'admiration se change bientôt en une profonde émotion quand on songe au lieu de quelles navrantes vicissitudes une si étonnante quantité de sublime conceptions virent le jour. Je comparerais volontiers ce grand artiste à un arbre, qui, poussant sur un sol aride, plus battu qu'il n'est fécondé par le soleil et par la pluie, ne laisse pas de triompher des éléments, grâce à sa robuste nature: sa rude écorce est hérissée de nœuds et de rugosités, mais une sève vigoureuse l'emporte et sa cime se couronne d'un riche et épais feuillage. » Gustav Friedrich Waagen (1794-1868) (6).
Jean-Bernard Pouchous.
Bibliographie :
-1-Brigitte Beinzl, Dürer, éd. Flammarion, coll. Les petits classiques de l’art, 1969.
-2- Erwin Panofsky, La Vie et l'Art d'Albrecht Dürer, éd. Hazan, coll. Essai/Ecrits sur l’art, 2004.
-3- Jean Selz, Albrecht Dürer : Le Peintre, le graveur et le théoricien, éd. ACR, coll. Poche Couleur, 1996.
-4- Karel van Mander Le livre des peintres, éd. Belles Lettres, 2001.
-5- Thomas Mann, Etre écrivain allemand à notre époque, éd. Gallimard, 1996.
-6- Gustav Friedrich Waagen, Manuel de l'histoire de la peinture. Ecole allemande, flamande et hollandaise, 3 volumes, éd. Morel et Cie, 1863.