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GREGOR ERHART (1470-1540) - Marie-Madeleine


"D'après Gregor Erhart - Marie-Madeleine", 2010, acrylique sur toile, 35 x 27 cm.

« Ah ! ne discutez pas le besoin ! Le plus gueux des mendiants a toujours une bricole de superflu ! Réduisez la nature aux besoins de nature, et l'homme est une bête, sa vie ne vaut pas plus. Comprends-tu qu'il nous faut un rien de trop pour être? (…) Ce n'est pas, ô Jean-Jacques, la société qui crée des besoins, c'est la culture qui crée des besoins et une société. » Maurice Clavel (1).


La dame de Sainte-Baume.

La peinture intitulée "D'après Gregor Erhart - Marie-Madeleine", a été peinte d’après "La Belle Allemande" ou "Sainte Marie-Madeleine" (1515-1520), bois avec polychromie, (H. 177 x L. 44 x Pr. 43 cm.) de Gregor Erhart (1469-1540), exposé au Musée du Louvre.

Gregor Erhart est un sculpteur allemand né à Ulm, dans le Bade-Wurtemberg et dont on trouve la trace dans les archives de la ville entre 1470 et 1522, et mort à Augsbourg en Bavière. Il fait son apprentissage dans l'atelier de son père le sculpteur Michael Erhart. Il commence son activité artistique vers 1485 (la Vierge accompagnée des saints Benno et Korbinian de München-Thalkirchen). Il s'installe à Augsbourg en 1494. Il participe à l'élaboration du retable de l'abbaye bénédictine de Blaubeuren en Souabe, avec une Vierge à l'Enfant qui révèle sa maîtrise et son talent.

"La Belle Allemande" ou "Sainte Marie-Madeleine" (2), est attribuée à Gregor Erhart. Le sculpteur, fut chargé de réaliser, entre 1515 et 1520, une image sculptée indépendante, vraisemblablement intégrée à un dispositif de suspension, au centre duquel se trouvait une Marie Madeleine transpor­tée au ciel par des anges. Il ne subsiste de cet ensemble que la sculpture en ronde bosse de Marie Madeleine. Il ne fait aucun doute que Gregor Erhart a voulu représenter un nu féminin selon les nouvelles règles de représenta­tion de l'anatomie, qui est en quelque sorte parvenu à coloniser cette image religieuse. La plénitude harmo­nieuse du corps de Marie Madeleine, dont l'inclinaison de la tête et le fléchissement des jambes peuvent évo­quer un "contrapposto", attitude du corps humain où l'une des deux jambes porte le poids du corps, l'autre étant laissée libre et légèrement fléchie. À son retour d'Italie, Albrecht Dürer (1471-1528), avait cherché à retrouver dans ses représentations gravées ou peintes d'Adam et Eve les lois de la beauté idéale, fondées sur des proportions parfaites. Les débats ita­liens sur la beauté et ses pauses sont parvenus ainsi jusqu'en Allemagne. Erhart transpose ces innovations venues d'Italie et de Nuremberg dans un corps qui semble se mouvoir et pivoter dans l'espace, offrant au regard du fidèle une intense présence charnelle.

Selon la légende, Marie-Madeleine ancien compagnon du Christ ressuscité se serait retirée dans la grotte de la Sainte-Baume vêtue de ses seuls cheveux. Elle était chaque jour enlevée au ciel par des anges pour entendre les chœurs célestes.

À l'époque préchrétienne la Sainte-Baume est La Montagne sacrée des marseillais : haut lieu de culte des fécondités, et notamment de l’Artémis d’Éphèse. Marcus Lucanus (39-65), un poète romain, mentionne dans ses écrits un certain « bois sacré » près de Marseille...

Vers 415, saint Jean Cassien (360-435), fonde un premier prieuré à son retour d’Égypte et dès le Ve siècle, la présence de moines de l’Abbaye Saint-Victor de Marseille est attestée. La grotte de Sainte-Marie Madeleine devient un lieu de pèlerinage chrétien réputé. En 816, le pape Étienne IV (816/817), puis, en 878, le pape Jean VIII (872/882), s'y rendent. Comme le 22 juillet 1254, saint Louis (1214-1270) visite la Sainte-Baume à son retour de Croisade.

« Le roy s'en vint par la contree de Provence jusques a une cité que en appele Ays en Provence, la ou l'en disoit que le cors a la Magdeleinne gisoit ; et fumes en une voute de roche moult haut, la ou l'n disoit que la Magdeleinne avoit esté en hermitage XVII ans. » (Le roi s'en vint par le comté de Provence jusqu'à une cité que l'on appelle Aix-en-Provence, où l'on disait que reposait le corps de la Madeleine ; et nous fûmes dans une grotte de rocher, très haut, où l'on disait que la Madeleine avait été en ermitage dix-sept ans.) Jean de Joinville (1224-1317) (3).

À la suite de la Loi de séparation des Églises et de l'État (1905) la grotte devient propriété de la commune du Plan d’Aups en 1910.

Hôtellerie de la Sainte-Baume (Var, Provence-Alpes-Côte d'Azur), cette maison d'accueil religieuse est ouverte aux randonneurs, aux pèlerins qui désirent monter à la grotte de Sainte Marie Madeleine, lieu de pèlerinage attesté dès le V e. siècle (à 45 mn. de l'hôtellerie). L'accueil du sanctuaire, l'animation spirituelle et l'hôtellerie pour les pèlerins sont aujourd'hui assurés par les Bénédictines.

Jean-Bernard Pouchous - 2011.

Bibliographie :

-1- Maurice Clavel, Qui est aliéné?, éd. Flammarion, coll. Champs Sciences, 2002.

-2- Sophie Guillot de Suduiraut Gregor Erhart, Sainte Marie-Madeleine, éd. RMN, coll. Solo, 1997.

-3- Joinville, Vie de saint Louis, éd. Classiques Garnier, 1995.

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