FILIPPINO LIPPI - Femme

"D’après Lippi - Femme", 2011, acrylique sur toile, 35 x 27 cm.

« La huitième journée du Décaméron s'achève : la neuvième commence, en laquelle [...] chacun devise comme il lui plaît et de ce qui lui agrée le plus. »

« La septième journée du Décaméron s'achève : la huitième commence, en laquelle [...] on devise des tours que jouent sans cesse la femme à l'homme, l'homme à la femme, et de ceux que les hommes l'un à l'autre se jouent. » Boccace, Décaméron.

Pothos.

Cette peinture intitulée "D’après Lippi - Femme", est peint d’après "Portrait d’une jeune femme" de Filippino Lippi (1457-1504), dont je ne connais ni le lieu d’exposition ni la taille et le medium.

Filippino Lippi est le fils du moine et peintre Fra Filippo Lippi (1406-1469) et d'une nonne carmélite Lucrezia Buti qui lui servait de modèle. Son père fut le maître de Botticelli (1444-1510) qui entre dans son atelier en 1465 ; ce dernier forma le fils de Filippo, le jeune Filippino Lippi.

« Où serait le beau privé de l'être? Où serait l'être privé de la beauté? » (Plotin, Ennéades). L'un ne s'affirme qu'à proportion de l'autre. Car ne nous y trompons pas : le beau est bien l'être porté à sa plénitude, non pas un attribut qui lui soit ajouté. L'un fait aspirer à l'au­tre : « l'être est l'objet d'un désir passionné (pothos) parce qu'il est identique au beau» et le beau lui-même est « source d'erôs, erasmion, parce qu'il est l'être ». Les Grecs en ont produit cette pensée forte que rien ne vient abraser: « être » n'est rien d'autre qu'être beau; et être beau, c'est tout simplement être. Exceptionnellement, dans « l'être beau », l'être par prédication et l'être absolu (l'« être » d'exis­tence) se confondent; et les Grecs d'en tirer cette jubilation divine : en élevant au beau, je fais être et « touche » enfin (verbe platonicien : aptein) à de l'imputrescible. Ou bien, vérification a contrario : à l'être mensonger correspond une beauté factice (1).

Jean-Bernard Pouchous.

Bibliographie (:

-1- François Jullien, Cette étrange idée du beau – Chantiers II, éd. Le Livre de poche, coll. biblio essais, 2010.