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ROOSTER


"Livre unique re-matérialisé de l’impersonnel vers l’existence d’une action vécue. The college influence on student character", 1973, encre et acrylique sur papier, 250 p., livre de 21,5 x 14,5 x 2 cm.

« Le cupide tue la poule aux œufs d’or. » Ésope (VII-VI e. s. av. J.-C.) (1).


USA.

Dans ma vie d’artiste j’ai fais bien d’autre expérimentation originale. Notamment celle-ci qui illustre bien le dicton qui dit que l’on ne fait jamais d’omelette sans casser d’ œufs.

Par exemple, une fois je me suis appliqué à l’étude de "The college influence on student character" d’ Edward D. Eddy Jr. (2), un recueil d’étude scientifique d’outre-atlantique très sérieux sur l’influence du collège universitaire sur le caractère des étudiants américains.

Je m’explique : au début de l’hiver 1972, j’avais rejoint, tout feu tout flamme, aux USA, mon amoureuse de l’époque. Elle était américaine et préparait son "bachelor’s degree of Arts" ou "baccalauréat ès arts" en français. Dans les pays de tradition universitaire anglo-saxonne le terme "Arts" a un sens beaucoup plus large qu’en France. Le campus était caché dans une forêt de l’état du Vermont et les étudiants y vivaient en autarcie à la mode autogestionnaire "écolo., baba-cool, post-soixante-huitarde, peace and love". Voilà l’ovarienne en face de l’omelette! Après quelques temps j’appris que la demoiselle préférait les messages non verbaux de son professeur de psychologie aux miens. Ma première réaction face à la confusion que j’avais portée au sens à attribuer aux mots massage et message, fut d’en accuser ma méconnaissance de la langue anglaise. Je décidais d’étudier la question en empruntant un livre de psychologie à la bibliothèque de l’établissement pour comprendre cette étrange pratique de la psychologie. Ce livre, en plus de m’offrir la possibilité de perfectionner mon anglais, avait une autre qualité, celle de pouvoir me permettre de sublimer par l’étude ce cocufiage imprévu. Je quittais donc la savante indifférente, le livre sous le bras et poursuivit mon voyage en bus sur Greyhound lines, plus au nord, vers les Chutes du Niagara et le Canada. Chaque jour j’attaquais une ou plusieurs pages avec une plume et de l’encre de chine ou avec toutes les matières colorées à portée de main. Méthodologiquement, j’en dématérialisais les caractères d’imprimerie pour mieux sublimer tout ce vécu émotionnel indigérable. L’étude fut terminée avec plus de 200 pages d’intervention artistiques. En conclusion j’y apposais une espèce d’épitaphe: « Livre unique re-matérialisé de l’impersonnel vers l’existence d’une action vécue ». Je signais et datais au 1er. juin 1973 cette performance, avant de passer à d’autres travaux intellectuels. C’est au cours de cette aventure désenchantée dans le nord des Amériques que j’ai assisté à une performance qui me fascina longtemps. Elle se déroulait chez une artiste de rencontre et suivait le questionnement suivant: « Quelle est une façon simple de distinguer un œuf frais d’un œuf dur sans casser leur coquille ? » Tout simplement en plaçant ces deux oeufs sur une table et en les faisant tourner comme des toupies. Avec un peu de pratique, l’oeuf dur risque de se dresser et de se mettre à tourner sur l’un de ses sommets… ce que l’ œuf cru est incapable de faire ! En effet, mis en rotation à la vitesse d’environ 10 tours par seconde, un œuf dur cuit à la coque se dresse à la verticale. Ce "happening" a eu lieu à Toronto au Canada!

Beaucoup plus tard, en 2002, je fus heureux d’apprendre que ce phénomène contre-intuitif, fut expliqué par deux mathématiciens. Keith Moffatt de l’université de Cambridge (Angleterre) et Yutaka Shimomura de l’université Keio (Japon), dans un article paru dans le magazine Nature, en firent la brillante démonstration. Comme quoi on a beaucoup à apprendre de la dynamique de l’ œuf !

C’est là aussi, que je fréquentais des hyspano-canadiens qui m’initièrent malgré que je ne parlais pas un mot de cette langue, au grand écrivain et poète, ami de Luis Buñuel (1900-1983) et de Salvador Dali (1904-1989), Fédérico Garcia Lorca (1898-1936) (3).

Romancero Gitano. Romance de la Luna, Luna :

La luna vino a la fragua

Con su polisón de nardos.

El niño la mira, mira.

El niño la está mirando.

En el aire conmovido

mueve la luna sus brazos

y enseña, lúbrica y pura,

sus senos de duro estaño.

-Huye luna, luna, luna.

Si vinieran los gitanos

harían con tu corazón

collares y anillos blancos.

- Niño, déjame que baile.

Cuando vengan los gitanos,

te encontrarán sobre el yunque

con los ojillos cerrados.

-Huye luna, luna, luna,

que ya siento sus caballos.

-Niño, déjame, no pises

mi blancor almidonado.

el jinete se acercaba

tocando el tambor del llano.

Dentro de la fragua el niño

tiene los ojos cerrados.

Por el olivar venían,

bronce y sueño, los gitanos.

Las cabezas levantadas

y los ojos entornados.

Cómo canta la zumaya,

ay, como canta en el árbol!

por el cielo va la luna

con un niño de la mano.

Dentro de la fragua lloran,

dando gritos, los gitanos.

El aire la vela, vela.

El aire la está velando

Jean-Bernard Pouchous - 2007.

Bibliographie :

-1- Ésope, Cech John, Les fables d’Ésope, Collection Albums, éd. Circonflexe, 2009.

-2- Edward D. Eddy Jr., The college influence on student character, éd. The American Council on Education, 1970.

-3- Federico Garcia Lorca, Complaintes gitanes, éd. Allia, 2003.

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