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11-LYS DE LIEVRE


"Lys de lièvre", 2006, acrylique sur toile, 80 x 40 cm.

« Si on est capable de rire de soi, on est assuré de rire longtemps! » Mark Twain (1835-1910) (1).


Chaud lapin.

L’image du Lièvre qui a inspiré ce tableau intitulé "Lys de lièvre", vient d’un vieux magazine français de pèche, chasse, cérémonie et petites annonces bien connues. Ce lièvre nous fixe droit dans les yeux, il tient bien le regard. Quand je l’ai peint j’aimais à penser qu’il vivait en Australie parce que ce pays a une drôle d’histoire avec les lapins mais aussi une préexistence géographique fantasmatiquo-religieuso-scientiste. En effet il paraît qu’au II e. siècle des savants avaient émis l’hypothèse d’un continent inconnu au sud (la Terra Australis Incognita) qui permettrait à la Terre alors considérée comme plate de ne pas basculer autour de son axe en faisant office de contrepoids face aux continents de l’hémisphère nord. Surprenant n’est-ce-pas ?

« Détaler comme un lapin ».

Ce lièvre, j’aime à croire qu’il s’agit d’une "hase", dresse ses longues oreilles derrière un bouquet de lys pour localiser le vagissement d’un “bouquin”, un mâle prêt à un bouquinage ultra rapide. Car lapin et lièvre ont une réputation d’éjaculateur plus que précoce, puisque que le coït se fait en une seconde, mais question fréquence il est imbattable, quant à la femelle c’est un pléonasme de dire d’elle qu’elle est prolifique. Ne confondons pas Lièvre est lapin, car si l’on a facilement domestiquer le lapin, pour le lièvre c’est presque impossible, il est un animal totalement sauvage, seul les chasseur peuvent lui faire la peau. Contrairement aux lapins vivant en liberté, les lièvres n’habitent pas dans un terrier souterrain, mais dans une sorte de nid à même le sol appelé gîte. Les levreaux, très vite, subviennent à leurs propres besoins et ont un développement beaucoup plus précoce que les petits lapins. Ces derniers naissent aveugles et nus alors que les levreaux sont poilus et voient dès leur naissance. Le lapin a une particularité étonnante, il est "caecotrophe", c’est-à-dire qu’il mange ses propres crottes molles dès leur sortie de l’anus. Les lièvres sont fins, légers et possèdent de longues pattes postérieures, très musclées qui lui permettent de se propulser en bonds rapides lorsque c’est nécessaire. Le lièvre d’Europe peut ainsi se déplacer à la vitesse max de 73 km/h. et bondir jusqu’à 2 mètres de haut.

Les lys ont été récupérés d’une nature morte que j’avais imposée à des étudiants en infographie, lors d’un cours d’étude documentaire. Montées sur de grandes tiges serrées de feuilles verts crus, la tenue de ces fleurs m’impressionne toujours avec leurs trois pétales identiques autour d’un pistil or. On imagine, la flagrance de cette fleur, qui monte lentement au nez comme venue du début des temps mais dont l’effet disparaît d’un coup rappelant par sa valeur symbolique l’ancien régime aujourd’hui devenu bien désuet et suranné. Lapine et lys érigés en chef d’oeuvre de suffisance (sans jeu de mot). Avec cette peinture je m’identifie par nature à ce bouquetin sauvage et plus du tout comme le lapin débridé de la pensée. Le lapin c’est tout un monde. Les lapins sont déjà présents dans nos chansons enfantines. Par exemple dans la comptine "Au clair de la lune" où il y a « trois petits lapins qui mangeaient des prunes comme trois petits coquins...». Le lapin blanc dans "Alice au pays des merveilles" (2), inventé par Charles Lutwidge Dodgson (1832-1898), plus connu sous le nom de Lewis Carroll en 1865, ou encore "Pierre Lapin" (The Tale of Peter Rabbit, 1902), ou "Jeannot Lapin" (The Tale of Benjamin Bunny - 1904) et le "Méchant Petit lapin", (The Story of A Fierce Bad Rabbit - 1906) de Helen Beatrix Potter (1866-1943) (3), ont ainsi accompagné plusieurs générations d’enfants depuis leur création.

Plus tard ce furent "Pan-Pan" (Thumper) le compagnon de "Bambi" (1942) dans le film d’animation de Walter Elias Disney (1901-1966), dit Walt Disney, qui fit rêver des foules de bambins (4).

« Eh, what’s up, doc? » c’est-à-dire en français « Euh, quoi de neuf docteur ? », dit "Bugs Bunny", lapin vedette de la série de dessins animés noir et blanc "Looney Tunes" (1934-1943) (5). Il fut baptisé comme son créateur Ben Hardaway (1897-1957), dont le surnom était "Bugs" et devint le personnage que nous connaissons aujourd’hui grâce à Frederick Bean (1908-1980), plus connu sous le nom de Tex Avery (6) dans "A Wild Hare" (1940) un court-métrage de la série en couleur “Merrie Melodies” (Warner Bros, 1931/1969).

"Bugs Bunny est un lapin gris aux postures humaines qui passe son temps à grignoter des carottes (7), à creuser la terre et à se jouer de ses ennemis qui sont essentiellement "Elmer Fudd" le chasseur, "Daffy Duck" (8) et "Vil Coyote" (9). C’est ce lapin qui, coincé un jour dans un cul de sac, a dessiner une porte dans un mur avant de l’ouvrir pour s’enfuir. Son génie tient du fait qu’il arrive toujours à embrouiller son adversaire et à lui échapper même si pour cela il doit déjouer les lois de la nature... Le canari "Titi" est son ami.

"Roger Rabbit" est un autre personnage de film d’animation apparu plus récemment dans l’univers Disney. Lapin blanc anthropomorphe, il exerce en tant que "toon" la profession d’acteur pour "Maroon Cartoons" à Hollywood dans les années 1940. Il bégaye souvent, est anxieux, gaffeur et porte une salopette rouge et un nœud papillon.

"Qui veut la peau de Roger Rabbit" (Who Framed Roger Rabbit) (10), est le 35e long-métrage d’animation des studios Disney (11), sorti en 1988, il mêle animation et prises de vue réelles. Hollywood, 1947. "Roger Rabbit", un lapin acteur et héros de dessins animés des "Maroon Cartoons", est accusé du meurtre du producteur Marvin Acme, directeur des Studios ACME (12). Il se serait vengé d’une infidélité de sa pétulante épouse, "Jessica Rabbit" une "toon humaine", vamp pulpeuse et provocante, femme fatale (genre films noirs) et chanteuse dans une revue de "toon" pour humain... Le "lapin-garou" (were-rabbit en anglais) a récemment fait son apparition sur les écrans avec "Le Mystère du Lapin Garou" (2005) (13), une nouvelle aventure de "Wallace & Gromit", les créatures de Nick Park (1958-…) (14).

« Ça ne vaut pas un pet de lapin ».

Ronald Wilson Reagan (1911-2004) (15), quarantième président des Etats-Unis d’Amérique (1981-1989), leader incontesté de l’ultra-libéralisme, possédait un "Jackalope" empaillé dans son ranch et aimait à dire qu’il avait lui-même chassé l’animal.

Le "Jackalope" est un animal imaginaire du folklore américain, mélange entre un lièvre (jackrabbit) et une antilope (antelope) Il est habituellement représenté comme un lièvre avec des bois. On l’appelle aussi parfois "lapin cornu" (horny bunny). La légende le dit très farouche et difficile à observer, d’ailleurs on n’a jamais pu capturer de spécimen vivant.

« C’est un chaud lapin ! »

La mascotte de "Playboy" pause en lapine, vêtue d’une petite queue de lapin plantée entre les fesses, d’un nœud papillon de smoking autour du cou et d’un bonnet aux longues oreilles sur la tête, à la manière langoureuse de "Jessica Rabbit". Les "Playmates de Playboy", "Playmate du mois" (playmate of the month) accapare à chaque mois les pages centrales (centerfold) du magazine (16). La playmate est entièrement nue et une fiche personnelle présentant ses mensurations de rêve et d’autres détails plus intimes... Le célèbre "logo de Playboy", qui représente un profil stylisé de lapin portant un nœud papillon de smoking, a été dessiné par l’artiste Art Paul dès le deuxième numéro du magazine. Le lapin est caché dans le graphisme de l’image de couverture et les lecteurs peuvent jouer à le retrouver. Hugh Marston Hefner (1926-…), le fondateur en 1953 et propriétaire de "Playboy", a dit qu’il avait choisi le lapin comme mascotte pour sa "connotation sexuelle humoristique" (17).

« Poser un lapin ! » À l’origine cette expression voulait dire ne pas rétribuer les faveurs d’une dame.

"Le Lièvre", est une aquarelle avec gouache sur papier (1502), exposée à L’Albertina Museum de Vienne en Autriche, dessinée et peinte par Albrecht Dürer (1471-1528) (18), peintre, graveur et mathématicien allemand. Cette oeuvre est pour l’Allemagne, un peu ce qu’est "la Joconde" à la France, c’est à dire le symbole pictural national.

"La vierge au lapin" (1530) est un tableau de Titien (1490-1576), exposé au Musée du Louvre, qui représente plusieurs personnages dont l’immaculé mère du Christ qui retient au sol, avec sa main gauche, un petit lapin blanc. Cet animal est censé représenter la blancheur de la pureté de la sainte mère. Aujourd’hui comme hier, si plusieurs lapins sont représentés dans une peinture, c’est signe de dépravation. Or, en étudiant ce tableau, des spécialistes ont découvert que Titien en avait recouvert plusieurs. Soit il s’agit de remords ou d’une recherche d’emplacement par tâtonnements successifs, soit la thématique de l’oeuvre a évoluée.

Une autre oeuvre est rempli de représentations intrigantes de lapin, c’est la "Dame à la licorne", une série de six tapisseries datant de la fin du XV e. siècle qui est exposée au musée national du Moyen-Age (Thermes et hôtel de Cluny), à Paris (19). Ces Six tentures traditionnellement identifiées comme l’illustration des cinq sens plus une où il est écrit "A mon seul désir" représenteraient six des Vertus allégoriques courtoises du "Roman de la Rose" de Guillaume de Lorris (1200-1238) (20), soit respectivement : Oiseuse (la Vue), Richesse (le Toucher), Franchise (le Goût), Liesse (l’Ouïe), Beauté (l’Odorat), Largesse (A mon seul désir), selon Marie-Elisabeth Bruel dans « La tapisserie de la Dame à la Licorne, une représentation des vertus allégoriques du Roman de la Rose de Guillaume de Lorris » dans la Gazette des Beaux-Arts, décembre 2000, p. 215-232.)

Chasser le lièvre avec un "lévrier Whippet" et le lapin de garenne avec un "fox-terrier" ou avec un furet ou encore si vous êtes braconnier, piéger le par la pose de collets. Si vous avez un élevage de lapin domestique, allez au clapier. Le coup du lapin, permet de tuer la bête. Une autre méthode consiste à tirer brusquement la tête d’une main, le corps de l’autre. La colonne vertébrale étant brisée la mort est immédiate. Arracher ensuite une oeil pour faire sortir le sang ; suspendre le lapin par les pattes de derrière, un bol contenant une cuillerée de vinaigre (pour empêcher le sang de cailler) en dessous de la tête. Laisser suspendu pendant 10 minutes. Puis dépouiller. Faire avec un couteau pointu une incision entre les cuisses et l’anus, allant de la patte droite à la patte gauche. Dégager les cuisses, rabattre la peau et tirer jusqu’à ce que le corps soit complètement dégagé. Sortir les pattes de devant en s’aidant de la pointe du couteau; tirer jusqu’aux oreilles et dégager le museau en coupant. Placer le lapin sur le dos; faire une incision de haut en bas; écarter les deux pattes de derrière en donnant un coup de couteau dans le bas du râble. Enlever les entrailles, garder le cœur, le foie et les rognons. On peut utiliser le râble entier et couper seulement la partie antérieure. On peut également le découper entièrement. Couper alors chaque épaule en deux, chaque cuisse en trois. Séparer le thorax du râble. Couper le thorax en deux dans le sens de la longueur, puis en deux dans le sens da la largeur. Couper le râble en morceaux de 2 à 3 cm. de large, perpendiculairement à la colonne vertébrale.

On peut alors cuisiner le Lapin rôti, sauté, en gibelotte, façon Marengo, fricassé, au kari ou faire un pain, une terrine ou un civet de lapin, c’est ce que je préfère. Plus gros que le lapin, de chair très estimée, nourrissante et assez digestible, le lièvre est bon surtout dans l’arrière automne. Le lièvre gris est plus apprécié que le roux, dont la viande est plus fade. On reconnaît l’âge du lièvre à ses ongles flexibles chez le jeune, à sa moustache qui blanchit chez le vieux, à ses dents qui jaunissent et allongent avec l’âge. Le lièvre peut subir les mêmes préparations culinaires que le lapin.

Terrine de lièvre:

Préparation: 40 min. - Cuisson : 2H. 30.

1 lièvre. Sel.

250 gr. lard gras. Poivre en grains.

300 gr. foie de veau. 7 à 8 gr. genièvre.

125 gr. crème. 2 feuilles de laurier.

1 oeuf. 1 brin thym.

Dépouiller, vider, désosser complètement le lièvre. Diviser la chair en filet. Hacher le foie de veau, la moitié di lard, mélanger avec la crème, l’oeuf, sel, poivre, genièvre. Foncer une terrine avec quelques bardes de lard. Étendre au fond une couche de farce, puis une couche de filets de lièvre et ainsi de suite jusqu’à ce que la terrine soit pleine. Garnir le dessus du pâté avec des bardes de lard, thym, laurier. Couvrir. Poser la terrine dans un plat à four rempli d’eau et mettre à four moyen pendant 2H. 30. Ce pâté se garde 5 à 6 jours au frais.

A déguster entre amis, c’est génial!

« Appelez la peau lisse ! »

Jean-Bernard Pouchous - 2009.

Bibliographie :

-1- Mark Twain, traduction Patrick Boman, Irrévérence et liberté: Aphoismes, éd. Arléa, coll. littérature générale, 2006.

-2- Lewis Carroll, Elen Riot, Alice au pays des merveilles, éd. J’ai lu, coll. Librio, 2004.

-3- Helen Beatrix Potter, The Story of A Fierce Bad Rabbit, éd. Franklin Watts Inc, 1975.

-4- Walt Disney, Bambi, éd. Dargaud, coll. Walt Disney, 2002.

-5- Jerry Beck, trad. Nick Mevlaender, Looney Tunes: L’encyclopédie, éd. Semic, coll. Semic de luxe, 2003.

-6- Robert Benayoun, Le mystère Tex Avery, éd. Points, 2008.

-7- Panini, Bugs Bunny, Tome 1: Touche pas à mes carottes! , éd. Panini Comics, 2008.

-8- Panini, Bugs Bunny, Tome 2: La saison du canard, éd. Panini Comics, 2009.

-9- Panini, Bugs Bunny, Tome 3: Quoi de neuf Cow-boy, éd. Panini Comics, 2009.

-10- Justine Korman, Qui veut la peau de Roger Rabbit, éd. Georges Naef, coll. Edito - G. Naef, 1992.

-11- Robert Tieman, L’Univers de Disney, éd. Naïve, 2008.

-12- Charles Carney, Warner Bros, Scott Grass trad. Thomas Bauduret, Le catalogue ACME: La qualité est notre rêve n° 1, éd. Panini Books, coll. KIDS, 2009

-13- Wallace & Gromit: Le mystère du lapin-garou : L’Histoire du film, éd. Le Ballon, 2005.

-14- Nick Park, Monde de Wallace & Gromit, éd. Milan, 2009.

-15- Ronald Reagan, The official Ronald Wilson Reagan quote book, éd. Chain-Pinkham Books, 1980.

-16- Gretchen Edgren, Hugh-M HefnerLe livre des Playmates : six Décennies de Charme, éd. Taschen, 2005.

-17- Gary Cole, Hugh Marston Hefner, Playboy: Célébrités, éd. EPA, 2007.

-18- John Berger, Albrecht Dürer, éd. Taschen Deutschland,

-19- Elizabeth Delahaye, La dame à la Licorne, éd. RMN, 2007.

-20- Jean de Meun, André Mary, Roman de la Rose, éd. Gallimard, coll. Folio, 1984.

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