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LE PERIGIN - Portrait


"D’après Le Pérugin - Portrait", 2011, acrylique sur toile, 35 x 27 cm.

« En Occident, tous les chemins mènent à l'homme. Depuis ses deux aurores antique et biblique, la civilisation occidentale n'a jamais cessé de placer l'être humain au centre de son questionnement spi­rituel, intellectuel, politique, moral, artistique. Qui est l'homme? De quoi est-il capable? L'humanisation de l'homme est-elle achevée ou toujours en cours? L'Occident est la civilisation de Narcisse, c'est-à-dire de l'homme qui ne se lasse pas de ques­tionner son reflet dans l'eau et qui ne pose ses éternelles questions au grand univers que pour méditer encore et toujours en miroir sur lui-même. » Abdennour Bidar, Histoire de l’humanisme en Occident (1).


Désenchantement du monde.

Cette peinture intitulée "D’après Le Pérugin - Portrait", est peinte d’après "Portrait de Lorenzo di Credi" (1488), huile sur bois transféré sur toile (40 x 30,5 cm.), du Pérugin (1448/1523), exposée à la National Gallery of Art de Washington, USA.

Ce portrait fait transparaître une certaine intensité expressive, avec une forte individuation physionomiste, en faisant ressortir certaine traits particuliers de son modèle comme le visage effilé, le nez aquilin, les sourcils larges, la bouche charnue, le menton allongé, les cheveux longs et châtains. Cette peinture est typique de la manière du Pérugin dans l'art du portrait, capable de rendre une grande intensité physiognomonique et psychologique.

Lorenzo di Credi (1459-1537) et Léonard de Vinci (1452-1519) ayant fréquenté l'atelier de Verrocchio (1435-1488), se sont mutuellement inspirés du maître, laissant paraître parfois des similitudes stylistiques. L'attribution de l'"Annonciation" du Musée du Louvre continue d'être discutée entre les deux peintres. Il s'agirait de l'élément central de la prédelle du Retable de la Vierge avec Saint Jean et Saint Donat, commandé à Verrocchio pour le Duomo de Pistoia vers 1475-1478. Le panneau principal (in situ) et un élément de la prédelle "Le Miracle de Saint Donat", sont unanimement attribués à Lorenzo di Credi. Un autre panneau "La naissance de saint Jean-Baptiste", est attribué à Pérugin qui travaillait en même temps qu'eux chez Verrocchio.

Selon Giorgio Vasari (1511-1574), Il se rendit plusieurs fois à Venise pour voir Verrochio qui y séjourna de 1479 à 1488, et à sa mort il s'y rendit à nouveau pour ramener sa dépouille à Florence. Ce serait lors d'un de ces voyages qu'il aurait apporté l'"Adoration de l'Enfant" de la Fondation Querini-Stampalia de Venise (2).

Les humanistes prônent que l’Homme est en possession de capacités intellectuelles potentiellement illimitées, ils considèrent la quête du savoir et la maîtrise des diverses disciplines comme nécessaires au bon usage de ces facultés. Bientôt ils réclameront la vulgarisation de tous les savoirs, même religieux : la parole divine doit être accessible à toute personne, quelles que soient ses origines ou sa langue. L’individu, correctement instruit, reste libre et pleinement responsable de ses actes dans la croyance de son choix. Les notions de liberté, de "libre arbitre", de tolérance, d’indépendance, d’ouverture d’esprit et de curiosité deviennent des qualités essentielles à l'être humain. L’humanisme affirme la dignité et la valeur de tous les individus, fondée sur la capacité de déterminer le bien et le mal par le recours à des qualités humaines universelles, en particulier la rationalité. En mettant l'accent sur la capacité d'autodétermination, l'humanisme rejette la validité des justifications transcendantes, comme une dépendance à l'égard de la croyance sans raison, du surnaturel, ou de textes présentés comme d'origine divine. L’humanisme deviendra une philosophie et avec Montaigne devient un des éléments les plus constants de la pensée française.

En 1985, Marcel Gauchet (1946-…), nous dit que le christianisme est une religion qui contiendrait potentiellement en elle la dynamique de sécularisation, un façon de faire passer des biens d’Église dans le domaine public qui provoquerait un certain "désenchantement du monde". Ce qui ne signifie pas la fin des croyances privées personnelles, mais que désormais la religion ne structure plus la société, elle n'en est plus le principe d'organisation ou de légitimité.

« La fuite dans la psychose, par exem­ple, entre exaltation et dépression, entre certitude paranoïaque d'être le seul et le centre et le travail schizophrénique d'effacement de soi comme soi. Mais il est aussi des réponses collectives, et il y a gros à parier qu'il y en aura toujours davantage. Sous forme ainsi de techniques du rapport à soi, dont la pratique psychanalytique, avec sa remarquable oscillation-hésitation interne entre restauration subjec­tive et destitution subjective (Lacan), offre l'illustra­tion la plus typique, guère concevable en dehors d'un moment précis de culture. Sous forme encore de modes, dont la succession seule est parlante : vingt ans de haine déclarée du sujet et de culte de sa disparition, pour assister à son retour débridé et à sa réhabilitation narcissique. Entre l'amour de soi jusqu'à l'éviction du reste et la volonté d'abolition de soi dans ses expressions les plus variées, entre l'absolu de l'être et l'être-rien, peut-être n'aurons-nous plus jamais fini de balancer. Voilà en tout cas la douleur lancinante, journalière que nul opium sacral ne nous permettra plus d'oublier : l'inexpiable contradiction du désir inhérente au fait même d'être sujet » Marcel Gauchet.

Jean-Bernard Pouchous - 2014.

Bibliographie :

-1- Abdennour Bidar, Histoire de l’humanisme en Occident, coll. Le temps des idées, éd. Armand Colin, 2014

-2- Giovanna Nepi Sciré, La Peinture dans les Musées de Venise, éd. Place des Victoires,‎ 2008.

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