PEINTURE MURALE - Stains
Peinture murale à Stains, 1999, 110 m2.
« L’un des préjudices d’avoir refusé de prendre part à la vie politique est que vous finissiez par être gouverné par vos subordonnés. » Platon (1).
Bleu, blanc, rouge.
Le pédiatre et psychanalyste britannique Donald Winnicott (1896-1971) suggère la nécessité de "l’invention de soi" (2).
Jean-Bernard Pouchous est le peintre muraliste de la fiction picturale intitulée "Compas de chinois". Voilà une nouvelle toile de fond qui "montre le bout de son nez" et remonte à la surface. Elle peut se révéler être l’univers réel, à l’époque contemporaine et ancienne tout à la fois par analogie et métaphore avec ce que nous allons évoquer maintenant. Nous sommes à Stains dans le neuf trois (93-Seine Saint-Denis), Cette peinture murale de 110 m2 a été réalisée par les stagiaires peintres en finition bâtiment de l’association Excalibur (Montreuil), et moi-même. Le support était le mur aveugle d’un des immeubles d’une petite cité ouvrière privée en cours de restauration. L’image fait face à l’école primaire publique municipale. Nous voyons un personnage en cirée jaune portant un parapluie car le jour de la prise de vue il faisait un temps à ne pas "mettre le nez dehors" ; il traverse la cour de récréation pour donner l’échelle du site. La peinture représente un avion de ligne mythique des années 40-50, le Douglas DC-3 avion monoplan à ailes fixes équipé de deux moteurs en étoile (3). Comme le lion du cirque Médrano, il traverse un cercle de feu, notre star volante surgit d’un fond rouge (arrière plan) en faisant voler en éclats les pièces d’un puzzle géant (premier plan) représentant un ciel bleu.
Le thème de cette réalisation avait été étudié en atelier de conception collective dans une dynamique de groupe approprié. On pourrait résumer l’idée première à l’arrière-plan de l’œuvre par la phrase "bas les masques". L’intention était de briser l’image des reflets miroitants des lumières du beau ciel bleu d’un éternel été et de montrer l’autre côté du miroir; passer d’un côté du mur à l’autre, du rouge au bleu. Message réaliste d’espoir pour des stagiaires peintres qui venaient souvent des "ex pays de l’est", du proche orient et du tiers monde (4). Selon eux, aussi incroyable que cela puisse paraître, cet engin américain volait toujours sur certaines lignes dans un certain quart monde, et volera encore bien longtemps, c’est fort ! Dans une œuvre de fiction, la toile de fond (background), est généralement le contexte, l’arrière-plan de l’œuvre (ici le rouge). C’est sur cette toile de fond que nous "tombons nez à nez" avec le personnage en pleine action (représenté en noir et blanc). Dans la réalité, il s’agit d’une carte postale représentant le mur peint de Stains glissée sous la nappe provençale de la peinture intitulée “Compas de Chinois”. L’avion vient de chez les rouges et arrive chez les bleus-blancs, il vient du monde communiste vers le monde de la démocratie occidentale néolibérale de la fin du XX e. siècle (5). Monde fictionnel fait de républiques laïques et de monarchies constitutionnelles. C’était après la chute du mur (1989) (6) et avant la destruction des "Twin-Towers, World Trade Center" (2001) (7). L’inauguration avait été présidée par Marie George Buffet alors ministre et future candidate communiste aux élections présidentielle et un public majoritairement constitué de gens originaires de pays musulmans, des ex colonies françaises (8) et soviétiques (9).
Jean-Bernard Pouchous - 2009.
Bibliographie :
.-1- Platon, la République, éd. Flammarion, coll. Garnier Philosophie, 2002.
-2- Donald Woods Winnicott, L’enfant et le monde extérieur, éd. Payot, coll. Science de l’homme, 1989.
-3- Yves Tariel, Histoire du Douglas DC-3, éd. lavauzelle, 1991.
-4- Jean Labbens, Sociologie de la pauvreté, Le tiers monde et le quart monde, éd. Gallimard, coll. Idées, 1978.
-5-Jacques Marseille, Frank Grosse, Jeanneney Kaspi, Ory Winock, La démocratie occidentale, XX e. siècle, éd. Adhe, 2000.
-6- M. Meyer, Les secrets de la Chute du mur, éd. Du Rocher, 2009.
-7- Jim Dwyer, Kevin Flynn, trad. Jacques Bonnet, 102 minutes: Le récit du combat pour la survie dans les Twin-Towers le 11 septembre 2001, éd. Privé, 2005.
-8- Gilles Manceron, Marianne et les colonies, Une introduction à l’histoire coloniale de la France, éd. la Découverte, 2005.
-9- Martin Malia, Le Siècle soviétique, éd. Fayard, 2003.
