MASACCIO - Sant'Anna Metterza
07-01-2- "D'après Masaccio - Sant'Anna Metterza", 2011, acrylique sur toile, 35 x 27 cm.
« Au milieu du chemin de notre vie
je me retrouvai dans une forêt obscure,
dont la route droite était perdue. » Dante Alighieri (1265-1321), Divine Comédie.
07-01-2- Les Offices.
La peinture intitulée "Sant'Anna Metterza", est peint d’après " La Madonna col Bambino e sant'Anna, dit Sant'Anna Metterza " (1424-25), un tempera sur panneau (175 x 103 cm.), de Masaccio (1401/1428), exposée à la Galerie des Offices de Florence, Italie.
J’ai représenté ici, le portrait de Marie, la mère. La Vierge et l'Enfant avec Saint Anne a été initialement commandée pour l'église Sant'Ambrogio de Florence c'est une « Sainte Anne trinitaire ». Sainte Anne est la mère de la Vierge Marie dans la tradition catholique et donc la grand-mère du Christ. Sainte Anne domine sa fille Marie, placée elle-même au-dessus de son fils Jésus. L'ensemble des personnages saints est placé sur un trône complété d'un tissu en dais en fond entouré d'anges, le tout dans une composition en mandorle.
« Ce qui serait folie de Dieu est plus sage que la sagesse des hommes, et ce qui serait faiblesse des hommes est plus fort que la force des hommes » Première épître aux Corinthiens, 1, 25 (1).
Cette « vérité que l'homme abrite dans son esprit » a t-elle à voir avec la chose telle qu'elle est, avec l'essence de la chose ? Pourquoi pas si l'on considère que la vérité des choses est elle-même cachée, réservée, ou disons simplement « plus subtile qu'il n'y paraît » ? C'est bien ce que prétend Bergson. Pour lui l'artiste se définit comme un « voyant », un être qui s'exerce à percevoir la réalité mieux que les autres. En effet nous ne percevons ordinairement les choses que « dans le feu de l'action », nous n'en percevons qu'un aspect réducteur parce que seul un aspect nous intéresse quand il faut agir. L'artiste, an contraire, prend le temps d'observer, il s'est affranchi de la nécessité de percevoir alors il voit à loisirs ce que les autres ne voient pas ; de la sorte, il ne montre pas seulement ce que lui voit, mais ce que la chose est réellement ; cette thèse a l'avantage de concilier le réalisme avec l'idéalisme hégelien.
Mais, comment croire encore en l'homme sans se mentir à soi-même après un tel XXe. siècle où l'être humain est devenu complétement fou ? (totalitarismes, guerres mondiales, génocides, etc.) Le nihilisme typique de la modernité hyper-critique vis-à-vis d'elle-même et parfaitement désabusée, est parfaitement incarné dans la prose d’Emil Cioran (1911-1995) adulé pour ses aphorismes désabusés et qui se veulent définitifs tel que : « Le seul service que nous pouvons demander aux autres, c'est de ne pas deviner à quel point nous sommes lamentables » (2). Deux extrêmes s’affontent passionnément : « l'homme est un loup pour l'homme » de Hobbes (1588-1679) et « l'homme est un Dieu pour l'homme » de Caecilius Statius (Fabula incognito, début du IIe. siècle avant J.-C.) ?
Une partie de la résolution de cette contradiction se trouve peut-être aussi chez un des grands princes de l'humanisme de la Renaissance, Jean Pic de la Mirandole (1463-1494). « D'après lui en effet la grandeur de l'homme est d'être « le milieu » de l'univers, à égale distance du rien et du tout: « Qu'est-ce qu'un homme, dans l'infini? [...] Un néant à l'égard de l'infini, un tout à l'égard du néant, un milieu entre rien et tout. » Mais l'humanisme de Pic de la Mirandole l'emporte sur celui de Pascal. Pour celui-ci en effet, l'homme n'est ni « rien » ni « tout », alors que pour Pic l'être humain est « rien » et « tout ». C'est à lui de choisir: là où il se tournera sera sa destinée, il deviendra le « rien » ou le « tout » qu'il a choisi de contempler et de viser… » Abdennour Bidar (3).
« Je ne t'ai donné ni visage, ni place qui te soit propre, ni aucun don qui te soit particulier, ô Adam, afin que ton visage, ta place, et tes dons, tu les veuilles, les conquières et les possèdes par toi-même. Nature enferme d'autres espèces en des lois par moi établies. Mais toi, que ne limite aucune borne, par ton propre arbitre, entre les mains duquel je t'ai placé, tu te définis toi-même. Je t'ai placé au milieu du monde, afin que tu pusses mieux contempler ce que contient le monde. Je ne t'ai fait ni céleste ni terrestre, mortel ou immortel, afin que de toi-même, librement, à la façon d'un bon peintre ou d'un sculpteur habile, tu achèves ta propre forme. » Oratio de hominis dignitate, Pic de La Mirandole (4).
Jean-Bernard Pouchous - 2011.
Bibliographie :
07-01-2-1- La Bible de Jérusalem, éd. Pocket, 2005.
07-01-2-2- Emil Cioran, Cahiers 1957-1972, éd. Gallimard, 1997.
07-01-2-3- Abdennour Bidar, Histoire de l’humanisme en Occident, coll. Le temps des idées, éd. Armand Colin, 2014
07-01-2-4- M. Yourcenar, L'Œuvre au Noir éd. Gallimard, coll. Folio, 1976.