VAN DER WEYDEN - Jeune Femme
08-01-4- "D'après van der Weyden - Jeune femme", 2012, acrylique sur toile, 35 x 27 cm.
« Il semble bien que quelque chose de la physique d'Aristote ait été connu dès la fin du XII e. siècle. » Étienne Gilson.
08-01-4- Fin du moyen-âge.
La peinture intitulée "D'après van der Weyden - Jeune femme", est peinte d’après le "Portrait de jeune femme", plus particulièrement d’après le volet droit intitulé "Marie Madeleine"(1430), huile sur bois (47 x 32 cm.), de Rogier van der Weyden (1399/1464), exposée à la Gemäldegalerie de Berlin, Allemagne.
Si, ici, van der Weyden peint une belle jeune femme de son temps pour lui tout semble vanité, tout n'est que vanité... Son siècle est l’apogée des danses macabres, période de troubles, appelée aujourd'hui déclin ou automne du Moyen age. C’est une époque de misère pour toute l'Europe, qui a vu d'abord la Grande Famine de 1315-1316 mais surtout les ravages de la Peste noire, apparue en 1348, qui décima un tiers de la population par vagues successives. La France est particulièrement agitée de guerres civiles, le pouvoir se dégrade et la guerre de cent ans n'en finit plus. Les paysans subissent les pillages des soldats et de bandes de bandits et d’affamés, l'activité économique et la démographie chutent. Le monde renvoie une vision apocalyptique.
Bien évidemment tous ces événements se répercutent sur les mentalités de l'époque et dans le domaine artistique: les oeuvres parlent de souffrance, de la Mort. Car la Mort est partout à cette époque, présente aux yeux de chacun au détour d'un chemin. Elle devient un passage obligé, un compère avec qui l'on vit au quotidien mais qui fait peur. Ses représentations vont changer: les gisants deviennent des squelettes mangés par les vers; le sablier, symbole du temps qui passe, fait son apparition; la figure du Christ est décharnée. C'est ainsi qu'apparaissent les danses macabres, dessins entourés de légendes où des squelettes dansants amènent à la Mort des vivants.
L'Occident se représente la nature humaine comme mauvaise, méchante, violente, prostitué et beaucoup d’auteurs trouvent là l'origine d'à peu près tous nos systèmes politiques au-delà même de l'antagonisme majeur entre dictature et démocratie. Dans les deux cas, l'Occident aurait voulu « domestiquer » l'homme.
« Depuis plus de deux mille ans, ceux qu'on appelle les "Occidentaux" ont toujours été hantés par le spectre de leur nature: à moins de la soumettre à quelque gouvernement, la résurgence de cette nature humaine cupide et violente livrerait la société à l'anarchie. La théorie politique de l'animal sans foi ni loi a souvent pris deux partis opposés: ou bien la hiérarchie, ou bien l'égalité; ou bien l'autorité monarchique, ou bien l'équilibre républicain; ou bien un système de domination idéalement capable de mettre un frein à l'égoïsme naturel des hommes grâce à l'action d'un pouvoir extérieur, ou bien un système autorégulé où le partage égal clés pouvoirs et leur libre exercice parviendraient à concilier les intérêts particuliers avec l'intérêt commun. » Marshall Sahlins (1).
Cette pensée était déjà présente au XVIIe. Siècle, dans le dialogue de sourds entre l'anti-humaniste Alceste et l'humaniste Philinte, dans la pièce de Molière Le Misanthrope :
Alceste : «... je hais tous les hommes:
Les uns, parce qu'ils sont méchants et malfaisants,
Et les autres, pour être aux méchants complaisants,
Et n'avoir pas pour eux ces haines vigoureuses
Que doit donner le vice aux âmes vertueuses
[...]
Et parfois il me prend des mouvements soudains
De fuir dans un désert l'approche des humains. »
Philinte:
«Mon Dieu, des mœurs du temps mettons-nous moins en peine,
Et faisons un peu grâce à la nature humaine ;
Ne l'examinons point dans la grande rigueur,
Et voyons ses défauts avec quelque douceur
[...]
Je prends tout doucement les hommes comme ils sont,
J'accoutume mon âme à souffrir ce qu'ils font. » Molière (2).
Jean-Bernard Pouchous - 2012.
Bibliographie :
08-01-4-1- Marshall Sahlins, La nature humaine : une illusion occidentale (The Western Illusion of Human Nature), éd. de l'éclat, 2009.
08-01-4-2- Molière, Le Misanthrope, éd. 84-Librio, 2004.