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ROGIER VAN DER WEYDEN - Marie-Madeleine


08-01-3- "D'après van der Weyden - Marie-Madeleine", 2010, acrylique sur toile, 35 x 27 cm.

« Alors Madeleine, prenant une livre d'un parfum de nard pur, de grand prix, oignit les pieds de Jésus et les essuya avec ses cheveux. » (Jean 12- 3).


08-01-3- Les Ateliers flamands.

Rogier van der Weyden, ou Roger de la Pasture, est un peintre flamand (1). Formé au sein de l'atelier du peintre Robert Campin (1378-1444), il s'installe à Bruxelles en 1435 où son atelier sert le duché de Bourgogne.Le "Triptyque de la famille Braque" est un autel portatif à usage privé, commandé par Jean de Braque évêque de Tournai et par son épouse Catherine de Brabant, comme nous l'apprennent les armes figurant au revers des volets. Par son iconographie, ce triptyque est une ingénieuse variation sur un thème introduit dans le Nord par le Maître de Flémalle. En ajoutant le personnage de saint Jean Evangéliste, Rogier transforme la scène de l'intercession de la Vierge auprès du Christ en une triade hiératique. Ces trois figures en buste, qui se détachent sur un paysage matinal et qui, légèrement espacées, gardent entre elles le contact sans empiéter les unes sur les autres, remplissent le large panneau central. Le volet gauche est occupé par saint Jean-Baptiste, qui montre un livre et désigne le Christ de l'index ; le volet droit, par Marie-Madeleine qui porte précieusement son vase d'onguent. Les expressions de la Vierge et de Marie-Madeleine sont plus nobles et plus tristes que jamais. Il s’y manifeste un intérêt sensible pour la beauté physique et les mouvements du cœur, comme une réhumanisation du style et du sentiment de compassion.

Marie Madeleine est représentée de trois quarts dans un paysage enve­loppé d'une lumière douce et claire. Son regard, confiant, est tourné vers la gauche, vers le panneau central du triptyque. Tous les personnages communiquent par des phylactères, leurs paroles, tirées des Evangiles font toutes référence au sacrifice du Christ. Le paysage panoramique représenté en continu sur les trois panneaux, contribue à unifier la scène (2). Ces figures représentés à mi-corps au tout premier plan se détachant sur un même paysage très profond influença profondément l'art du portrait.

Si l'objet de la représentation de visage était bien de montrer de la surface visible de l’homme ce qu'elle embrasse d'invisible, elle ne pouvait que se trouver intimement liée à des préoccupations d'ordre esthétique. L'étymologie même du mot « caractère » (du grec kharaktêr, celui qui grave, signe gravé) éclaire d'un jour utile ce qui peut rapprocher la démarche du portraitiste, qui entend donner à lire le caractère des individus, de celle du Connaisseur ou de l'historien de la vie des formes. De nombreux historiens de l'art ont d'ailleurs proposé des interprétations « physiognomoniques » en déduisant des œuvres des situations psychologiques ou historiques dans lesquelles elles auraient été élaborées. Notamment Ernst Hans Gombrich (1909-2003) qui a engagé la polémique contre ce type d'approche dans « La percep­tion physionomique » (Méditation sur un cheval de bois et autres essais sur la théorie de l'art) et Aby Moritz Warburg (1866-1929), qui a défini son champ de recherches comme une « psychologie de l'expression humaine », a par exemple interprété les repré­sentations des grands mythes de l'Antiquité par les artistes de la Renaissance comme des « témoignages d'états d'âme devenus images » dans lesquels « les générations suivantes cherchaient les traces permanentes des émotions les plus profondes de l'être humain » (3). De fait, l'histoire de la physiognomonie montre qu'elle a toujours tissé des liens intimes avec les arts plastiques. Les physiognomonistes n'ont-ils pas en commun avec les peintres ou les sculpteurs d'introduire fixité et permanence là où il n'y a que vie et mouvement ?

« L'étonnement est à l'origine de la connaissance : celui qui cesse de s'étonner pourrait bien cesser de savoir » E.H. Gombrich.


Rogier van der Weyden, "Triptyque de la famille Braque", volet droit : "Marie Madeleine", 1450-1452, huile sur bois, Musée du Louvre.

Jean-Bernard Pouchous - 2010.

Bibliographie :

08-01-3-1-Musee M Leuven, Rogier Van Der Weyden 1400-1464 - Maitre des Passions, éd. Snoeck Gent, coll. Catalogue, 2009.

08-01-3-2-Histoire des arts avec le Louvre, éd. Hatier, 2010.

08-01-3- 3- C. Ginzburg, Mythes, emblèmes, traces. Morphologie et histoire, éd. Flamma­rion, 1989.

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