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JAN VAN EYCK - Margaret


08-01-2- "D'après Jan Van Eyck, Margaret", 2010, acrylique sur toile, 35 x 27 cm.

« La main arrache le toucher à sa passivité réceptive, elle l’orga­nise pour l’expérience et pour l’action. Elle apprend à l’homme à posséder l’étendue, le poids, la densité, le nombre. Créant un univers inédit, elle y laisse partout son empreinte. Elle se mesure avec la matière qu’elle métamorphose, avec la forme qu’elle transfigure. Éducatrice de l’homme, elle le multiplie dans l’espace et dans le temps. » Henri Focillon (1).


08-01-2- Eloge de la main.

Cette peinture intitulée "D'après Jan Van Eyck, Margaret", a été peinte d’après "Portrait de Margaret Van Eyck" (1439), huile sur bois, (34 x 41 cm.), de Jan van Eyck (1390/1441), exposée au Groeningemuseum, Bruges, Belgique.

Le peintre Jan van Eyck, d'abord enlumineur, a vécu au service du duc de Bour­gogne de 1425 à sa mort, et travaille à Lille, Bruges et Bruxelles. Célèbre pour son réalisme minutieux comme les amateurs le connaissent par ses tableaux les plus connus intitulés "Les Epoux Arnofini" (1434) (2), huile sur panneau de bois (82 x 59,5 cm.), visible à la National Gallery de Londres et "La Vierge du chancelier Rolin" (1434), huile sur panneau de bois (66 x 62 cm.), exposée au Musée du Louvre. Le "Portrait de Margaret Van Eyck" est moins connu, mais tout aussi réaliste et fait avec la même minutie, van Eyck, y applique sa technique virtuose, notamment le rendu de la lumière et la minutie extraordinaire des détails. Premier utilisateur de la peinture à l'huile, sa technique reste énigmatique : il joue de la transparence des couches successives pour obtenir une facture lisse incomparable.

Les frères Eyck sont à l’origine d’un prototype, le polyptyque de "L'Agneau mystique" (1432), cathédrale Saint-Bavon de Gand) qui présente les premiers nus monumentaux (Adam et Eve) de la peinture des écoles du Nord. Il s’agit d’un ensemble de panneaux peints ou sculptés, liés entre eux, comprenant souvent des volets pouvant se replier sur une partie centrale, appelé polyptyque. Le polyptyque de "L'Agneau mystique", sans compter les cadres, mesure 3,75 × 2,60 m (en position fermée) et 3,75 × 5,20 m (ouvert) et est constitué de dix panneaux de bois de chêne.

Galien (129-201), démontre que le cerveau est envisagé comme régisseur de l'activité physique et mentale de l'être humain (3). Or, au même moment, les fondements théoriques de la physiognomonie apparaissent dans les Physiognomoniques du Pseudo-Aristote (Physiognomonica [IIe. siècle après J.-C.]. L'ouvrage a été diffusé sous le nom d'Aristote (traduit au XIIIe. siècle par Bartolommeo da Messin).

Si la litérature attribu à Aristote l’énnonciation de quelques-uns des grands principes de la physiognomo­nie, par exemple dans l’Histoire des animaux, l'Éthique à Nicomaque ou dans La Politique, l'autorité qu'on lui attribue dans ce domaine est due en grande partie aux Physiognomoniques rédigés par un ou plusieurs de ses disciples, sans doute au IIIe. siècle av. J.-C., au sein de l'école péripatéticienne. La physio­gnomonie y est définie comme la science qui s'intéresse aux manifestations physiques des dispositions de l'âme et aux caractères acquis venant modifier les signes conjecturés d'après la physionomie (4). On y lit que quelques physiognomonistes ont cherché à établir les particularités physi­ques et intellectuelles de certains peuples - les Égyptiens, les Thraces, les Scythes - et que lorsqu'ils constataient chez d'autres hommes ces mêmes particularités, ils en déduisaient des caractéristiques intellectuelles correspondantes. Il y est expliqué l'existence de types physionomiques récurrents par l'emprise des passions ou en fonction de l'influence du climat. Mais c'est surtout la comparaison de l'homme avec les animaux qui doit constituer pour lui les fondements d'une véritable science physiognomo­nique. Si l'on rencontre chez un homme des qualités corporelles qui permettent de le rapprocher d'un animal d'une espèce bien définie, on pourra en déduire des qualités intellectuelles correspondant à celle de l'animal en question : de gros nez, comme ceux des bœufs, annonceront la paresse ; des poils épais sur la poitrine et le corps, comme chez les oiseaux (sic !), signifieront la loquacité ; des renflements sur les côtés, comme les batraciens, la volubilité ; ceux chez qui la lèvre supérieure s'avance au-dessus de la lèvre inférieure, comme les ânes, la stupidité, etc. Précisons que la physiognomonie est aussi, dès cette époque, présentée comme un moyen pratiquement infaillible de recruter des employés, d'acheter des esclaves ou de choisir ses amis.

Jean-Bernard Pouchous - 2011.

Bibliographie :

08-01-2-1-Henri Focillon, Vie des formes - Éloge de la main, éd. Alcan, 1939.

08-01-2-2-Till-Holger Borchert, Jan Van Eyck, éd. Taschen France, 2008.

08-01-2-3- J.-P. Changeux, L'homme neuronal, éd. Fayard, 1983.

08-01-2-4- Laurent Baridon & Martial Guédron, Corps et Arts - Physionomies et physiologies dans les arts visuels, Coll. Histoire des Sciences Humaines, éd. L'Harmattan, 2011.

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