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JAN VAN EYCK - L'Homme à l'Oeillet

XIVe - XVe siècle : la naissance du portrait.

08-01- Iconodule - XIV e. siècle.

En peinture, la représentation de personnes identifiables apparaît tardivement. Au XIVe siècle, les peintres italiens, comme Giotto di Bondone, commencent à individualiser leurs personnages. Progressivement, les commanditaires des œuvres religieuses apparaissent dans les compositions. Mais ce n’est qu’au début du XV e. siècle que le portrait s’érige en genre autonome. Il se développe principalement à Florence et en Flandres. En Italie, les personnalités sont le plus souvent peintes en buste. Le fond évolue rapidement : d’abord neutre ou décoratif, dans la tradition gothique, il représente ensuite un intérieur ou encore un paysage. De leur côté, les primitifs flamands peignent leurs sujets avec un grand réalisme. A la suite de Jan Van Eyck, ils les placent dans leur cadre domestique.


08-01-1- "D'après Van Eyck - L'homme à l’Oeillet", 2010, acrylique sur toile, 35 x 27 cm.

« Ce que l'on appelle la découverte de la peinture à l'huile, c'est d'abord la transposition de la «qualité précieuse» dans une autre matière, plus riche que l'or, plus profonde et surtout plus variée. » Henri Faucillon (1881-1943) (1).


08-01-1- Les Ateliers flamands.

Cette peinture intitulée "D'après Van Eyck - L'homme à l’Oeillet", a été peinte d’après "L'Homme à l'œillet" (1435), huile sur bois (40 x 31 cm.), de Jan van Eyck (1390/1441), exposée à la Gemäldegalerie de Berlin.

Jan Van Eyck et son frère Hubert van Eyck (1366-1426) (2), sont des peintres du XV e. siècle flamand, ils seraient les fondateurs de l'École de Bruges et les inventeurs du procédé de la peinture à l'huile qui remplaça la peinture "a tempera". Tout est mystère dans la vie des frères Van Eyck, aussi bien que dans l'histoire de leur invention. On ignore la date de leur naissance et jusqu'à leur nom de famille ; on sait seulement qu'ils étaient originaires d'Eyck-sur-Meuse, près de Maastricht. Cette technique à l’huile existait avant eux, mais ils sont parvenus à déployer, avec une science et un génie rarement égalés, la capacité unique à reproduire le réel. Leur apport au développement de la peinture aurait consisté surtout dans la mise au point d'huiles ou de vernis siccatifs permettant de réduire le temps de séchage du médium. Les innovations des frères Van Eyck, ont irradié partout en Europe, jusqu'en Italie où les Vénitiens ont eu tôt fait d'abandonner la fresque, peu adaptée au climat humide de leur ville, au profit de la peinture à l'huile en prenant pour exemple l'art méticuleux des flamands.

Poète, graveur, pédagogue hors-pair, l’historien de l’art français Henri Faucillon était un grand spécialiste des frères Van Eyck. Ancien Directeur du Musée des beaux-Arts de Lyon, il avait pourtant choisi de s’exiler aux Etats-Unis. Figure incontournable d'une histoire de l'art engagée au nom de laquelle il prononça depuis les États-Unis un appel aux Français libres. Son engagement politique ne doit pas nous faire oublier qu’il fut un commentateur sagace de l'art de son temps, examinant avec pénétration ses contemporains tout en étant la figure tutélaire de l'histoire de l'art.

« Ce que l'on appelle la découverte de la peinture à l'huile, c'est d'abord la transposition de la « qualité précieuse » dans une autre matière, plus riche que l'or, plus profonde et surtout plus variée. L'or renvoie la lumière, crée autour des figures et en elles un rayonnement abstrait, d'une pureté monotone: les efforts faits par les peintres pour lui donner de la variété, pour le faire vibrer avec une sorte de fausse diversité, en sont précisément la preuve. La couleur des Van Eyck accueille la lumière, l'absorbe sans l'éteindre à travers son cristal et la renvoie vive et chaleureuse. Voilà le grand changement. Il est possible que Margaritone d'Arezzo ait connu le procédé; il est certain que les comptes de Jean le Bon mentionnent la peinture à l'huile. Mais l'emploi systématique d'un médium qui donne à la matière d'un art la transparence et l'éclat, vertus désormais acquises pour toujours à la peinture, c'est aux ateliers flamands, c'est aux Van Eyck qu'il est dû. Il entraînait d'autres conséquences qu'une nouvelle beauté de la matière et la lumière. Il créait autour de formes un milieu fluide que la vue parcourt et pénètre sans rencontrer d'obstacles, et l'horizon même n'est pas une barrière, il est la suggestion indéfinie d'un au-delà d'où semblent venir à nous les figures, pour s'accroître en grandeur, en consistance et en éclat. Il est, en quelque manière, un moyen d'«imiter» l'espace et d'en faire sentir la pureté de cristal, même dans les corps qui y résident. Enfin, dans le maniement du pinceau, il donnait une puissance jusqu'alors inconnue à l'analyse, en permettant à la touche de glisser sans faire couler le ton, et de conserver une constante fermeté dans une matière qui, au cours de l'exécution, ne perdait rien de sa ductile fraîcheur. Ainsi se développe à nos yeux un triple privilège, beauté du ton, transparence du milieu, fermeté de l'analyse. Il crée la peinture moderne. » Henri Faucillon (1881-1943).

Jean-Bernard Pouchous - 2010.

Bibliographie :

08-01-1-1-Henri Faucillon, Art d'occident, tome 2, Le moyen âge gothique, éd. Librairie Armand Collin, 1965.

08-01-1-2-Albert Châtelet, Hubert et Jan Van Eyck, éd. Faton, 2011.

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