ATTIS
A-01-5- "Attis", 2010, acrylique sur toile, 35 x 24 cm.
« Cette coiffure est la couronne civique de l'homme libre et du Français régénéré » (12 juillet 1791) Charles, marquis de Villette (1736-1793) :
A-01-5- Phrygien.
La peinture intitulée " Attis ", a été peinte d’après la tête sculptée en marbre de " Attis portant le bonnet phrygien " (II e. s. ap. J.-C.), exposée au Cabinet des médailles de la Bibliothèque Nationale de France à Paris.
« J'aurais dû garder Atys, le compléter, le parfaire, toujours. Je l'aurais laissé derrière moi comme un vrai testament. » François Mauriac (1).
Le buste d’ "Attis portant le bonnet phrygien", est un marbre de Paros (IIe siècle de notre ère), probablement pendant le règne d'Hadrien : le portrait ressemble à ceux d'Antinoüs. Attis ou Atys, divinité d'origine phrygienne, est parèdre et tout à la fois le fils et l'amant de la déesse Cybèle. Il peut être comparé à Adonis, parèdre d'Aphrodite-Astarté, ou encore Tammuz, parèdre d’Ishtar. Son culte à mystères s’est répandu en Grèce, puis dans tout l’Empire romain. La statuaire antique représente Attis en berger phrygien, avec le bonnet, le bâton du pâtre, la syrinx (flûte) et le tympanon (cithares), son costume collant laissant le ventre à découvert. Il porte un pantalon typiquement perse (anaxyrides), fendu tout du long sur le devant de chaque jambe, attaché seulement par intervalles, de manière à laisser son sexe découvert.
Dans la version phrygienne du mythe d’Attis, Zeus donne naissance à l’hermaphrodite Agdistis en se masturbant sur Cybèle - ou, selon la version, en répandant son sperme sur le sol pendant son sommeil. Effrayés par sa force, les dieux l'émasculent ; du sang d'Agditis naît l'amandier. Nana, fille du dieu-fleuve Sanganios, cueille un fruit de l'arbre et le tient contre son sein, il disparaît et elle tombe enceinte. Elle donne naissance à un garçon, qui fut élevé par des chèvres sauvages. Attis devient un jeune homme d'une beauté telle que Cybèle-Agditis s'en éprend. Cependant, il est destiné à la fille du roi de Pessinos, mais perd sa virginité dans les bras d'une naïade, Sagaritis. Furieuse, Cybèle frappe de folie Attis, qui s'enfuit sur le mont Didyme, où il s’émascule. Cette légende offre de nombreuses variantes qui visent à expliquer notamment que les prêtres de Cybèle, les Galles, sont des eunuques, ils pratiquaient des rituels d'auto-castration, tous les 24 mars, à l'occasion des sanguinaria.
Du sang d’Attis naît le pin, toujours vert. Dans la version lydienne, Attis est un eunuque de la Grande Mère, fils du roi phrygien Kalaos, qui importe en Lydie le culte de Cybèle. Zeus, jaloux, envoie un sanglier qui tue Attis. Cérès, déesse de la Terre, ne pouvant soumettre à son brûlant désir le jeune berger Atys, amoureux d'une mortelle, tente de l'enraciner en elle en le métamorphosant en pin.
Depuis la Révolution, le bonnet phrygien coiffe Marianne, figure allégorique de la république française. Il est adopté en France au début de l'été 1790 comme symbole de la liberté et du civisme. Le bonnet phrygien devient symbole de la Révolution française après les Etats-Unis, où, il a été porté comme symbole de liberté pendant la guerre d'indépendance Il est toujours présent sur le drapeau de l’État de New-York. Le bonnet phrygien tire également sa symbolique de liberté de sa parenté romaine avec le pileus (chapeau en latin). Le pileus coiffait les esclaves affranchis de l'empire romain, représentant leur liberté. Coiffure symbole d'origine orientale, porté par Pâris (originaire de Phrygie et fils de Priam, roi mythique de Troie), mais aussi plus avant par Mithra ou Mithras, divinité des anciens Perses, qui était représentée sous la forme d'un jeune homme ainsi coiffé, il portait alors, une tunique verte et un manteau flottant sur l'épaule gauche ; il était armé d'un glaive qu'il plongeait dans le cou d'un taureau.
« L'Histoire justifie ce que l'on veut. Elle n'enseigne rigoureusement rien, car elle contient tout, et donne des exemples de-tout » Paul Valéry (2).
Jean-Bernard Pouchous - 2010.
Bibliographie :
A-01-5-1- François Mauriac, Le Sang d'Atys, éd. Elytis, 2009.
A-01-5-2- Paul Valéry, Regards sur le monde actuel, éd. Gallimard, 1988.