3-AVERTISSEUR
"Avertisseur", 2007, acrylique sur toile, 80 x 40 cm.
« Le coq est roi sur son fumier. » Sénèque (-4 à 65) (1).
Tout se transforme.
Cette peinture intitulée "Avertisseur", figure deux marionnettes sensées représenter une reine et un roi. Nos monarques apparaissent derrière un drapeau tricolore français. Il s’agit d’un pavillon de marine acheté à Marseille dans un magasin d’accastillage du vieux port. Nos deux personnages jouent la comédie derrière leur castelet bleu, blanc, rouge, cloués sur la porte du placard du couloir d’entrée de la maison. Dans ce meuble, J’ai également fixé quelques panneaux de signalisation et de pub. En général il s’agit d’objet de récupération provenant de divers chantiers de "déco" que j’ai réalisé à Paris. Celui-ci provient d’un immeuble Haussmannien du 18e. arrondissement. Probablement installé au 19 e. siècle à sa construction, il s’était décroché de la porte d’entrée de la cave lors des travaux des communs. Il indiquait le lieu où se trouvait une borne d’alarme des pompiers de Paris : « En cas d’incendie le plus proche AVERTISSEUR se trouve BOUL. DE MAGENTA, etc… »
Sachez-le, dans nos villes la majeure partie des incendies a des origines humaines (imprudence, malveillance, erreur de manipulation technique…), alors que la cause naturelle la plus fréquente reste la foudre.
« Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme.» Célèbre maxime d’Anaxagore de Clazomènes (-500 à -428), reprise plus tard par Antoine Laurent de Lavoisier (1743-1794).
Ce philosophe présocratique, Anaxagore de Clazomènes (2) eut le démocrate Périclès (-495 à -429) (3) et le tragique grec Euripide (-495 à -429) (4), comme élèves et peut-être que Socrate (- V e. s.), l’aurait connu. Il a entre autre soulevé le problème de la "quadrature du cercle" toujours non résolu. Le problème consiste à construire un carré de même aire qu’un cercle donné à l’aide d’une règle et d’un compas. Aujourd’hui encore, de nombreux "quadrateurs" amateurs continuent à envoyer leurs "démonstrations" aux académies scientifiques.
Suite à un procès pour impiété (v. - 454), il fut condamné à mort par ses ennemis qui le voyaient comme un athée par suite de sa théorie cosmique: là où le regard théologique voyait des dieux dans les astres, lui ne les considérait que comme des masses incandescentes. Il considérait entre autres que la lune (formée de terre) reflétait la lumière du soleil (qui est une pierre chaude).
Le chimiste et philosophe Antoine Laurent de Lavoisier (1743-1794) (5) est connu pour avoir identifié et baptisé l’oxygène (1778) et du coup démis la théorie "phlogistique". Cette théorie devenue obsolète, affirmait que tous les matériaux inflammables contenaient du "phlogiston", une substance incolore, inodore, impondérable qui aurait été dégagée en brûlant. On l’associait au feu. La perte de masse résultant d’une combustion était attribuée au départ du “phlogistique”, la masse qui partait était de la chaleur.
Lavoisier fut guillotiné « Il ne leur a fallu qu'un moment pour faire tomber cette tête et cent années, peut-être, ne suffiront pas pour en reproduire une semblable. » dit le mathématicien Joseph-Louis Lagrange (1736-1813).
La domestication du feu par l’être humain le distingue des autres espèces animales. Elle est attestée à partir d’environ 150.000 ans av. notre ère. Le feu inextinguible des Grecs, brûlait sans cesse à Athènes et à Delphes pour entretenir le culte de Vulcain, dieu du feu et des forgerons. Il réside sous l’Etna où il forge les traits de foudre pour Jupiter, son père. Zeus grâce à cette arme merveilleuse ne lançait-il pas des éclairs pour foudroyer ses ennemis dont il ne restait alors que cendres et fumées.
Le feu qu’entretenaient jadis, à Rome les prêtresses de Vesta, rappelle quelle vénéraient le même dieu appelé Héphaïstos. Engendrer sans le roi des dieux, Héra sœur et femme de Zeus lui donna le jour, elle le trouve si laid qu'elle le jette en bas de l'Olympe.
Jean-Bernard Pouchous.
Bibliographie :
-1- Sénèque, Cyrile Morana, De la tranquillité de l’âme, éd. Mille et une nuit, La petite coll., 2003.
-2- Claude Mossé, Périclès : L'inventeur de la démocratie, éd. Payot, coll. Biographie, 2005.
-3- Euripide, Marie Delcourt, Tragédies complètes, éd. Gallimard, coll. Folio, 1989.
-4- Anaxagore de Clazomènes, Jean Zafiropulo, éd. Belles Lettres, coll. Etudes Ancien Grec, 1977.
-5- Antoine Laurent de Lavoisier, Jean-Pierre Poirier, éd. Pygmalion, coll. Biographies, 1997.