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L'HYPERREALISME


"Love bug", 2007, acrylique sur toile, 146 x 97 cm.


Article publié dans : Dessin & Peintures N°46 - Dossier (extrait)

L’HYPERREALISME - Un style qui dérange ? - Par Andrée Maennel


On a tous en tête ces peintures tout droit venues des Etats-Unis, qui nous montrent des grosses voitures rutilantes, des boîtes de ketchup, des ménagères souriantes, l’american way of life dans ce qu’elle peut avoir de provocant, voire d’obscène. Là-bas, on appelle ça photorealism. Parce qu’on dirait des photos. Parce que c’est lisse. Parce que les détails sont bluffant de vérité. En France, ce mouvement semble ne pas avoir sa place. Et c’est un euphémisme. Le photoreliism, devenu hyperréalisme chez nous, n’est pas aimé des galeries, ni des critiques, ni de toutes les institutions qui décident de ce qui est art, et de ce qui ne l’est pas. Et pourtant… Derrière cette terminologie qui s’oppose d’emblée à l’abstrait, on découvre des artistes passionnés, très différents les uns des autres. Et qui ont des choses à dire à travers leur peinture. Dessins & Peintures a décidé de s’intéresser à ces artistes qui peignent à contrecourant. Histoire de voir ce qui se cache derrière la toile… Cinq peintres ont accepté de parler de leur travail et de livrer leurs états d’âme et quelques-uns de leurs secrets.


Hubert de Lartigue

« Une tentative jubilatoire de contrôle et de pssession de l’image ».


Jacques Bodin

« L’intérêt est de dépasser le côté descriptif en l’abordant de manière conceptuelle ».


Sylvie Herzog

« J’utilise l’hyperréalité pour monter ce les gens pourraient ne pas voir ».


Hervé Bernard

« Le fait de travailler avec des photos n’est intellectuellement pas satisfaisant pour le milieu des galeries ».


Jean-Bernard Pouchous

« En France, la relation à la réalité, c’est le déni ».

Peintre, plasticien, décorateur, cinéaste, Jean-Bernard Pouchous touche à toutes les formes d’expression artistique. Perpétuellement en recherche, il s’oppose dès ses études aux Beaux-Arts à l’hégémonie de l’art abstrait qui avait cours dans les années 1970. La photo l’a toujours intéressé, et il s’en sert sans complexe.

« Si on copiait une photo – comme tous les peintres l’ont fait – on était banni, montré du doigt comme un copiste sans imagination ! Moi, je me suis toujours intéressé à la photo. »

Dès les années 1970, il fait de l’hyperréalisme, qu’il préfère appeler de son nom d’origine, photoréalisme.

« C’était l’époque de la libération sexuelle, je voulais peindre des corps humains. À l’époque, il y avait un engouement pour l’Amérique. Leur relation au corps était plus libérée. »

La peinture de Jean-Bernard Pouchous est provocante, choquante.

Mais le photoréalisme n’est pas un but en soi. C’est un moyen de rendre la carnation de la peau, d’évoquer la sexualité de manière « épidermique ».

« Le photoréalisme demande du temps et du talent ; peu d’artistes s’y risquent. Il me faut plus d’un mois pour faire une peinture, à raison de 10 heures de travail par jour, alors que Soulage en fait 30

par mois ! »

Aux Etats-Unis, Jean-Bernard Pouchous découvre très jeune un art et des artistes qui allaient mélanger toutes les formes d’art depuis le XVIIe siècle jusqu’à la photo, sans rupture. A la même

époque, la photo est bannie en France. Une absurdité, sans doute, dans la mesure où tant de peintres s’en sont servi, y compris les surréalistes. « Dali ne peignait que d’après photo ! » Et de citer, en vrac, Picasso, mais aussi Titien, Fragonard, David ou Girodet qui tous travaillaient dans une optique photographique.

Pour Jean-Bernard Pouchous, il n’y a plus d’identité culturelle européenne, elle a été détruite, laminée par les guerres du siècle passé.

Retour sur le rapport à la réalité, le photoréalisme des Américains qui raconte la vie de tous les jours.

« C’est un vrai réalisme. Les Américains aiment la réalité. Les Anglais aussi, quand on pense aux préraphaélites qui n’ont pas du tout été appréciés en France. Ils se sont intéressés au Moyen Age, mais avec des techniques modernes, dont la photo ! »

Il poursuit : « Notre relation à la réalité, c’est le déni ; aujourd’hui, plus personne ne va imposer de dessiner une pomme, ou une femme nue ! Pourtant, on assiste à une explosion du corps dès la Renaissance. Après Giotto, les peintres ont recherché la réalité. Certains disent que la réalité n’est pas photographique. Or la photographie a été inventée par les peintres! Ce que la photo a permis d’objectiviser a été préparé depuis longtemps. »

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