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SCRIBE ACCROUPI

09-01- Iconodule - Antique

« L'Europe ancienne n'avait pas de dieux. La Grande Déesse était consi­dérée comme immortelle, immuable et toute-puissante; et le concept de la filiation par le père n'avait pas pénétré dans la pensée religieuse. Elle avait des amants mais uniquement pour son plaisir et non pas pour avoir des enfants avec un père. Les hommes, dans le système matriarcal, craignaient et ado­raient la mère suprême et ils lui obéissaient. L'âtre dans la caverne ou dans la hutte était le plus ancien centre dans la société et le premier mystère était celui de la mère. Ainsi la première victime du sacrifice public grec était toujours offerte à Hestia de l'Atre. La statue aniconique blanche de la déesse, son sym­bole le plus répandu peut-être, qui figure à Delphes sous la forme de l'Omphalos ou « nombril », représentait probablement à l'origine le petit tas de cendres blanches, bien serré, qui recouvrait le charbon de bois allumé, ce qui est le meilleur moyen de garder du feu sans fumée. Par la suite, il fut identifié dans les représentations peintes avec le monticule sous lequel on cachait la poupée en blé de la moisson, que l'on déterrait, verdoyante, au printemps, et avec le monticule en coquillages marins ou en quartz ou en marbre blanc sous lequel étaient enterrés les rois morts. Les symboles célestes de la déesse n'étaient pas seulement la lune mais aussi, si l'on en juge par Héméra en Grèce et Grainne en Irlande, le soleil. Cependant dans la mythologie grecque primitive le soleil passe après la lune - qui inspire une grande peur superstitieuse, car son intensité ne diminue pas à mesure que l'année décroît et on lui attribue le pouvoir de fournir de l'eau aux cultures ou de les en priver. Les trois phases de la lune - nouvelle, pleine et vieille - rappelaient les trois âges du matriarcat : celui de la jeune fille, de la nymphe (la femme nubile) et de la vieille femme (…) Dès le moment où il fut officiellement reconnu que c'est à la suite d'un coït que la femme donne naissance à un enfant (…) les conceptions religieuses de l'homme firent peu à peu des progrès et on cessa d'attribuer aux vents et aux fleuves le pouvoir de féconder les femmes. Il semble que la Nymphe, dans la tribu, choisissait tous les ans, dans son entourage de jeunes hommes, un amant, c'est-à-dire un roi destiné à être sacrifié à la fin de l'année : il était pour elle un symbole de fertilité plutôt que l'instrument de son plaisir sexuel. Son sang servait à faire fructifier les arbres et les moissons ainsi qu'à féconder les troupeaux; on découpait son corps et les nymphes qui étaient les compagnes de la reine mangeaient sa chair crue - c'étaient des prêtresses portant des masques de chiennes, de juments ou de truies. Néanmoins il n'existe aucune preuve, même à l'époque où c'étaient les femmes qui constituaient l'autorité suprême en matière religieuse, qu'un homme n'eût pas le droit d'avoir des champs et d'y faire ce qu'il voulait sans qu'une femme vînt contrôler ses activités, bien qu'il soit possible qu'ils aient adopté beaucoup de traits du « sexe faible » jusqu'alors considérés comme spécifiquement masculins. On pouvait leur confier la chasse, la pêche, la cueil­lette des aliments, la garde des troupeaux et la défense du territoire de la tribu contre des ennemis, tant qu'ils ne transgressaient pas les lois du matriarcat. On choisissait des chefs mâles pour des clans totémiques et on leur octroyait certains pouvoirs, surtout en période de guerre ou d'émigration. Les règles pour choisir celui qui serait le commandant en chef étaient différentes, semble-t-il, selon les matriarchies : en général on choisissait l'oncle maternel de la reine, ou son frère ou le fils de sa tante maternelle. » Robert Graves, Les Mythes Grecs (0).

A-01-1- "Scribe Accroupi", 2010, acrylique sur toile, 35 x 27 cm.

« Au sein de l'océan primordial apparut la terre émergée. Sur celle-ci, les Huit vinrent à l'existence. Ils firent apparaître un lotus d'où sortit Rê, assimilé à Shou. Puis il vint un bouton de lotus d'où émergea une naine, auxiliaire féminin nécessaire, que Rê vit et désira. De leur union naquit Thot qui créa le monde par le Verbe. » Texte d'Edfou.


A-01-1- Le Seigneur du temps.

La peinture intitulée "Scribe Accroupi", a été peinte d’après la statue "Le Scribe Accroupi" (v. 2.600-2.350 av. J.-C.) une sculpture en calcaire peint (h. 53,7 ; l.44 ; pr. 35 cm.), conservée au département des antiquités égyptienne du Louvre, Paris, France.

"Le Scribe Accroupi" a les yeux en cristal de roche, il nous regarde fixement, assis en train d’écrire sur un rouleau de papyrus (1). Il a été réalisé durant les IV e. et V e. dynasties et fut découvert à Saqqarah en 1850, il était placé dans la chapelle de culte d’une tombe, la statue participait aux cérémonies et recevait les offrandes pour le défunt.

C’est ce personnage que j’ai représenté dans la peinture intitulée "D'après Le Scribe Accroupi". Son visage est très réaliste, les pommettes sont saillantes avec les joues creuses, les yeux sont très développés et détaillés son regard est vif, lui donnant une présence attentive, très concentré.

Presque tout ce que nous connaissons de l’Égypte ancienne a été légué par les scribes, tant sur la vie et les réalisations de Pharaon, la construction des grands monuments, la vie du peuple ou les évènements politiques et militaires.

Le scribe maîtrise les différentes formes de caractères écrits : écriture hiéroglyphique, à base de symboles, écriture hiératique, à forme cursive et logographique, écriture démotique, de type logo-syllabique et ancêtre du copte (le hiéroglyphique, le démotique et le grec ancien sont les trois langues de la fameuse pierre de rosette).

Pharaon imitateur de Thot, le dieu créateur du monde par le Verbe

Le savoir et la connaissance, ainsi que le service de l’État, sont vénérés à un tel point que pharaon est considéré lui-même comme le premier des scribes, donc le premier des fonctionnaires de son État ; il se fait représenter en pagne, dans la modeste tenue règlementaire des scribes. D’essence divine, le souverain ne fait que se conformer au dieu Thot, créateur des langues et de l’écriture, scribe et vizir des dieux.

Représenté par un ibis au plumage blanc et noir ou un babouin, Thot capte la lumière de la lune, dont il régit les cycles, ce qui le fait surnommer « le seigneur du temps ».

Jean-Bernard Pouchous - 2010.

Bibliographie :

A-01-0- Robert Graves, trad. Mounir Hafez, Les Mythes Grecs, éd. fayard, 1984.

A-01-1-1- Christiane Ziegler, Le Scribe "accroupi", éd. RMN, coll. Solo, 2002.

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