ICONODULE - PREAMBULE
171 portraits, acrylique sur toile, 175 x 918 cm.
« Tu ne te feras point d’image taillée, ni de représentation quelconque des choses qui sont en haut dans les cieux, qui sont en bas sur la terre, et qui sont dans les eaux plus bas que la terre. Tu ne te prosterneras point devant elles, et tu ne les serviras point; car moi, l’Eternel, ton Dieu, je suis un Dieu jaloux, qui punit l’iniquité des pères sur les enfants jusqu’à la troisième et la quatrième génération de ceux qui me haïssent, et qui fait miséricorde jusqu’à mille générations à ceux qui m’aiment et qui gardent mes commandements. » Exode 20 :4-6.
Iconodule - Préambule
Ce petit extrait de l’Exode pourrait bien expliquer pourquoi les orientaux soient devenus iconoclaste et les occidentaux iconodule.
Pour l'empire romain d'orient, l’empire byzantin, chrétien orthodoxe, l’image devient icône qui à l’instar du miroir d’or, réfléchie la réalité tandis que pour l’occident Rome malgré elle, avec la renaissance invente la perspective qui va amener une véritable ouverture sur le monde.
L'iconodulie ou iconodoulie (du grec eikôn image et douleia service), est un courant de pensée qui est en faveur des images religieuses ou icônes et de leur vénération, en opposition au courant iconoclaste (1).
L'empereur byzantin Léon III l'Isaurien (680-741) publie en 726, son premier édit contre la vénération des images et leur exposition dans les lieux publics et Jean Mansour ou Jean de Damas dit Jean Damascène (676-749) réussit à argumenter en faveur de l'iconodoulie en avançant le fait que l'interdiction des icônes équivaut à nier l'Incarnation, la présence de Dieu dans le monde terrestre.
La controverse iconoclaste s’installa dans les esprits et en 814, Léon V dit l'Arménien (775-820), prétendant se faire le porteur de la vox populi, ordonne au patriarche de Constantinople Nicéphore Ier de Constantinople (758-828) (2) de faire enlever les icônes des églises, ce que le patriarche refusa. Les iconodoules arriveront à mettre fin à la prohibition des images religieuses en 843 (3). L’iconodoule le plus renommé est Théodore Studite ou Théodore le Studite (759-826).
L’iconoclasme est, au sens strict, la destruction délibérée de symboles ou représentations religieuses (appartenant à sa propre culture), généralement pour des motifs religieux ou politiques. Ce courant de pensée rejette l’adoration vouée aux représentations du divin, dans les icônes en particulier.
L’iconoclaste s’oppose toujours à l’iconodule.
« Tout portrait qu'on peint avec âme est un portrait non du modèle, mais de l'artiste. » Oscar Wilde (1854-1900).
« La vérité est une sorte d'erreur, faute de laquelle une certaine espèce d'êtres vivants ne pourraient vivre. Ce qui décide en dernier ressort, c'est sa valeur pour la vie. » Nietzsche, Volonté de puissance.
Figurez-vous !
Depuis quelques années Jean-Bernard Pouchous peint de petits formats proche du 5F., qui représentent différents personnages connus ou inconnus ou des animaux.
Cet intérêt pour ce type de figure est motivé par sa passion de l’image mais aussi par un réel besoin de travailler à sa manière d’après les maîtres ; ceux qui ont le plus influencé son art dans le domaine de la représentation de la figure, du visage, du regard… ces œuvres sont illustrées par différents texte inspirés par ces figures mais aussi par tout ce qui lui est venu à l’esprit suite à des lectures aussi diverses que variées.
« En tant qu'être humain, je me sens plus concerné par la représentation de l'humain. J'ai fait beaucoup de portraits d'amis. Il faut que je les connaisse bien que j'ai pu longtemps les observer. » Francis Bacon (1909-1992).
Les différents sujets qui ont inspiré la réalisation de ces peintures sont classés historiquement selon la date de naissance du maître ou de ce qui est sensé être représenté, en suivant une chronologie d’aujourd’hui XXI e. siècles, aux : XX, XIX, XVIII, XVII, XVI, XV et XIV e. siècles puis à l’Antiquité
Entre le début du christianisme et celui de la renaissance aucun portrait n’est traité, pourtant les époques pré-historiques, gallo-romaine, franque et carolingienne puis le Moyen-Âge ont produit beaucoup de représentation de visages ou de têtes. Mais ce recueil de portraits se veut l’expression d’un intérêt pour la figure de nos jours à l’antique, en insistant sur sa renaissance à partir du XIV e. siècle. Si il reste peu de peintures antiques, les portraits de la statuaire grecque et romaine sont très présents dans nos musées. Mais c’est à partir de la renaissance que l’art devient vraiment riche en représentations de personnages célèbres ou oubliés peints ou sculptés. Le retour aux valeurs artistiques préchrétiennes a nourrit l’émergence d’un nouveau réalisme chargé d’humanisme où l’individualité personnelle de l’artiste et de son modèle s’expose au regard. La peinture à l’huile, naît alors, puis vient l’âge d’or du pastel au 17 e. siècle. La photographie apparaît en noir & blanc au 19 e. siècle puis en couleur au siècle suivant. Il y a peu, les cires, plâtres, bronzes, marbres et bois polychrome faisaient places aux résines polymères synthétiques et autres plastiques et l’acrylique remplaçait la peinture à l’huile. Aujourd’hui toutes les images sont numériques et se côtoient virtuellement sur la toile, mais rien ne vaudra jamais la relation physique, sensuelle et sensible, avec un dessin, une peinture, une photo argentique, une sculpture en terre, en stuc, en tilleul ou en pierre…
Jean-Bernard Pouchous - 2015.
Bibliographie
1-Jérôme Alexandre, Les Iconodules - La question de l’image, éd. La Différence, coll. Mobile matière, 1992.
2-Nicephore, Discours contre les iconoclastes, éd. Klincksieck, 2000.
3-John Julius Norwich, Histoire de Byzance, éd. Perrin, coll. Tempus, 2002.