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CRITIQUE - INTRO.

« Does the Flap of a Butterfly's Wings in Brazil Set off a Tornado in Texas? »

« Le battement d'ailes d'un papillon au Brésil peut-il provoquer une tornade au Texas ? »

Edward Lorenz (1917-2008), météorologue - 1972, conférence à l'American Association for the Advancement of Science intitulée "Predictability" (Prédictibilité).


La critique

Jean-Bernard Pouchous pratique l'art de juger les œuvres de l'esprit c'est-à-dire "LA CRITIQUE" en tant que pratique de discernement comme d’autre ferait du crawl ou du conformisme, car il possède cette disposition si particulière qui est de pouvoir examiner attentivement une donnée avant d'en établir la validité. Mais ce n’est pas uniquement l’exercice d’une remise en question des opinions et de leurs modes de communication ou de la façon dont est représenté le réel ou tous dogmes et théories, fussent-ils scientifiques… C’est une pratique artistique, une forme d’esprit, une poïétique, l'étude de l'art de la vie en tant que création humaine, ou dit de façon plus prude : « La cause qui, quelle que soit la chose considérée, fait passer celle-ci du non-être à l'être » Platon, Le Banquet.

Lorenz avec son idée de « l’effet papillon », ne prend pas en compte les variations du courant d’air provoquées par le battement d’aile d’un papillon, il rappelle simplement qu’il existe au moins une différence entre le déterminé et le déterminable. Malgré qu’il soit prouvé qu’un effet minime soit absorbé et oublié sans incidence pour la totalité, sa métaphore a provoquée une tornade à travers le monde en tant que critique prouvant ainsi que la théorie du chaos n'apporte pas plus d'informations supplémentaires sur ces phénomènes temporels que celles qui se trouvaient déjà dans les proverbes d’usage courant.

Les érudits grecs anciens pratiquaient la parrhésie, du grec pan (tout) et rhema (ce qui est dit) , il s’agit d’une adjonction qui consiste à dire ce qu'on a de plus intime en cherchant ses mots ; en tant qu’auto-critique ou critique de l’autre, elle est proche de la licence et du franc parler. Au livre III du "De ira" de Sénèque, la parrhésie peut aller jusqu’à insulter sous prétexte de franchise, car il faut savoir que le mot licence signifie autorisation, liberté, celle qu’un auteur peut prendre avec les règles et l’usage.

"Aye-aye", 2010, acrylique sur toile, 22x16cm.

« Trouver le rapport entre les impressions de l’enfance et la destinée de l’artiste d’un côté et ses œuvres comme réactions à ces stimulations d’autre part, appartient à l’objet le plus attirant de l’examen analytique » Freud (1).


La peinture intitulée "Tarsier" représente l’étrangeté animale dans la main du "critiquateur" du visionnaire.

André Breton datait de 1925 l'entrée du surréalisme en "période raisonnante". Arès avoir proclamé le développement infini de l'automatisme, il allait s'attacher aux réalités politiques et sociales. Enrichissement ou appauvrissement ? (2).

En ces temps où de grandes expositions, à Londres et bientôt à Paris, célèbrent le surréalisme, il vaut la peine de s’attarder sur le curieux atlas du monde qu’en 1929 les disciples de Breton avaient publié dans la revue Variétés. La méthode de projection utilisée n’obéissait pas à des paramètres géographiques : chaque pays s’y voyait représenté en fonction de l’importance que le surréalisme lui accordait dans la genèse de ses idées. Deux “corrections” sont frappantes : les Etats-Unis ont disparu, engloutis sous une frontière qui coud directement le Mexique au Canada. Et un petit pays y couvre un espace démesuré : l’Afghanistan...

Coïncidence ? Non. L’idéologie surréaliste n’avait cessé de souhaiter la mort d’une Amérique à ses yeux matérialiste et stérile et le triomphe d’un Orient dépositaire des valeurs de l’esprit.

Extra-lucide comme elle se plaisait à croire qu’elle l’était, l’intelligentsia française est ainsi allée très tôt et très loin dans la préfiguration de ce qui s’est passé le 11 septembre. Les textes sont là pour souligner, entre 1924 et 1930, cette imagination destructrice. Aragon en 1925 : « Nous ruinerons cette civilisation qui vous est chère... Monde occidental tu es condamné à mort. Nous sommes les défaitistes de l’Europe... Voyez comme cette terre est sèche et bonne pour tous les incendies. » Ne manque pas même à la péroraison sa dimension oraculaire, ou plutôt “pythique” comme aurait dit Breton, si féru d’occultisme : “Que les trafiquants de drogue se jettent sur nos pays terrifiés. Que l’Amérique au loin croule de ses buildings blancs...” (La Révolution surréaliste, n° 4, 1925 (3).

Le rêve d’Aragon s’est réalisé. Nous y sommes. L’outrance n’était pas seulement verbale. Si l’acte surréaliste le plus simple, comme on sait, c’était descendre dans la rue et tirer sur le premier venu, cette folie meurtrière n’aurait pas dédaigné, si les appuis politiques lui avaient été fournis, de s’en prendre à un Occident tout entier voué à l’exécration. Le gentil Robert Desnos lui-même voyait dans l’Asie “la citadelle de tous les espoirs”, il appelait de ses vœux les barbares capables seuls de marcher sur les traces des “archanges d’Attila”.

La lutte se terminera par la victoire d’un Orient en qui les surréalistes voient “le grand réservoir des forces sauvages”, la patrie éternelle des grands destructeurs, des ennemis éternels de l’art, de la culture, ces petites manifestations ridicules des Occidentaux.

Au nom d’un “mysticisme” confus et d’une “fureur” sans frein - pour reprendre les termes qui reviennent dans leurs écrits - c’est bien à une attaque en règle contre la logique, contre la raison, contre les Lumières que se livrent, au milieu des années 1920, derniers héritiers du romantisme noir, les jeunes surréalistes. Ce qu’ils veulent, c’est la destruction radicale de tout ce qui a donné à l’Occident sa suprématie (4).

Bien sûr, pareils appels au meurtre furent des lieux communs de toutes les avant-gardes!

Jean-Bernard Pouchous, 2014.

Bibliographie :

-1-Freud, trad. Kofman, L’enfance de l’art : Une interprétation de l'esthétique freudienne, éd. Galilée, 1985.

-2-André Wielwahr, S'affranchir Des Contradictions - André Breton De 1925 À 1930, éd. L'Harmattan, 1998.

-3-André Breton, La révolution surréaliste (1924-1929), éd. Jean-Michel Place, collection Complète, 1997.

-4-Jean Clair, Le surréalisme et la démoralisation de l’Occident, éd. Le Monde, collection 40138, 2001.

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